Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

enseignement (suite)

• Le contenu. La langue que l’on parle n’est pas la même que celle que l’on écrit. Le contenu d’un enseignement orienté vers la pratique orale doit refléter la spécificité de la langue parlée. Il doit aussi être programmé en sorte que, dès le début de l’apprentissage, l’élève puisse s’exprimer de façon authentique. La définition d’un contenu adéquat repose sur la sélection et l’organisation des données d’un corpus représentatif de la langue parlée, en fonction de critères linguistiques et pédagogiques.

On note dans les méthodes actuelles une diminution très nette du nombre de structures grammaticales, et plus encore lexicales, enseignées. Des recherches linguistiques ont montré que le locuteur moyen n’utilise, pour s’exprimer dans la vie quotidienne, qu’une infime fraction des possibilités de sa langue. En limitant le contenu de langue enseigné dans les débuts de l’apprentissage, on contraint les élèves à réactiver constamment, pour s’exprimer, des connaissances restreintes, mais fondamentales et donc presque suffisantes.

Par ailleurs, les structures phonologiques et prosodiques, qui, autrefois, n’étaient pratiquement pas enseignées, sont tout de suite présentées et travaillées.

• La langue parlée et la langue écrite. En cherchant à revaloriser la langue parlée, on a nécessairement réduit la part de la langue écrite dans les programmes d’enseignement : elle reste pourtant importante à tous les niveaux. Le manuel reste dans la plupart des cas l’outil de base ; il sert aux élèves de référence, même si l’on s’efforce de leur faire entendre et utiliser oralement ce qu’ils liront ensuite. Or, l’apprentissage de la langue parlée et celui de la langue écrite pâtissent également de la présentation presque simultanée des deux systèmes.

Pour dissocier au moins temporairement les deux études, il faut pouvoir disposer de modèles enregistrés servant de référence au travail oral et de modèles rédigés pour le travail écrit. Certains manuels sont maintenant complétés par des enregistrements des textes de leçons, mais cela ne permet pas de distinguer d’emblée la langue parlée et la langue écrite comme deux formes spécifiques ayant leur contenu propre. La langue écrite est donc réduite à une transcription du contenu de langue enseigné oralement dans les premiers temps de l’apprentissage, l’accès direct à des textes écrits étant réservé à une étape ultérieure.

• La langue et la culture. L’enseignement des langues vivantes tel qu’il est actuellement conçu est indissociable d’une initiation à la civilisation étrangère. C’est à travers la langue que celle-ci est appréhendée sous ses aspects les plus caractéristiques. Idéalement, les élèves découvrent un autre monde en découvrant une autre langue.

En outre, dans l’enseignement du second degré, on fait toujours une place importante à la littérature, en particulier dans le second cycle.

Mais cet enseignement n’est plus clos sur lui-même ; la traduction n’est plus un exercice central ; les textes choisis servent surtout de tremplin pour des exercices d’expression orale et écrite permettant de compléter l’apprentissage de la langue. Par ce truchement, les élèves apprennent en particulier à manier une langue plus abstraite.

Ainsi comprise, l’étude des textes littéraires est un pas en avant vers la maîtrise de la langue vivante, dans le cadre d’une formation générale à vocation culturelle.


Les techniques modernes d’enseignement des langues vivantes

Ces techniques sont des auxiliaires, et aucune n’est, à proprement parler, indispensable, mais elles facilitent grandement la pratique pédagogique, en particulier les moyens sonores. En outre, il existe des méthodes dans lesquelles l’utilisation des moyens audiovisuels est étroitement liée à la démarche pédagogique : ce sont les méthodes audio-visuelles intégrées.


Les moyens sonores

• Le disque. C’est le moyen le moins onéreux et le plus simple. Très employé dans les méthodes destinées aux étudiants isolés, il ne présente pourtant pas une souplesse suffisante pour l’enseignement de la langue en classe, où il sert plutôt de témoin de la culture et de la civilisation étrangères (chansons, folklore, pièces de théâtre, etc.). Les disques spécialement conçus pour l’enseignement de la langue présentent maintenant des énoncés entrecoupés de « blancs sonores », qui permettent à l’élève de réagir (répétition de l’énoncé ou réponse à une question dans le blanc sonore) sans qu’aucune manipulation soit nécessaire. Les possibilités d’utilisation du disque s’en trouvent accrues, et la production massive de disques souples à un prix très bas devrait bientôt permettre à tous les élèves d’avoir chez eux un support de travail oral.

• Le magnétophone. Maintenant accessible au plus grand nombre et très employé dans les classes, il est l’auxiliaire indispensable à l’enseignement de la langue. Il permet l’écoute d’une bande magnétique préenregistrée, la pause, le retour en arrière à volonté. Il permet aussi l’enregistrement par le professeur de programmes infiniment variés (repiquage de disques et d’émissions de radio ou enregistrements directs). C’est donc un outil très souple. Il existe maintenant de nombreuses bandes (ou cassettes) préenregistrées. Elles sont de deux types.

Textes enregistrés. Il s’agit de sketches dialogués faits « sur mesure » pour l’enseignement de la langue à un niveau donné. Ils peuvent servir de documents de complément ou constituer la base d’un programme d’enseignement audio-oral. Ils sont parfois accompagnés d’un livret où l’on trouve le texte écrit des enregistrements ainsi que des conseils d’utilisation et des exercices.

Exercices structuraux. Ce sont toujours des exercices de complément, associés ou non à des textes de support enregistrés. Ils permettent un entraînement systématique à la pratique des structures syntaxiques, prosodiques et lexicales de la langue. Leur contenu et leur longueur sont très variés selon les niveaux qu’ils se proposent d’atteindre. Cependant, leur forme est unique : ils utilisent la technique de la bande « éclatée » : après le stimulus enregistré, l’élève répond dans le « blanc sonore », puis la forme correcte est donnée par la bande, le second « blanc sonore » permettant une répétition de la réponse correcte. Ces exercices sont très contraignants, puisque le temps de réponse laissé à l’élève est rigoureusement mesuré. Cela est inhérent à la conception même de ce type d’exercices, où l’on cherche à développer des mécanismes.