Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

enseignement (suite)

À la différence d’un cours traditionnel, un cours programmé n’est jugé bon que lorsqu’il réussit parfaitement auprès des élèves. En un mot, lorsqu’il y a échec, ce n’est jamais l’élève qui est mis en cause, mais le cours. Ce dernier est adapté jusqu’à ce qu’il donne entièrement satisfaction. Cet aspect est sans doute l’un des plus originaux de l’enseignement programmé et rejoint une idée nouvelle en éducation, à savoir que c’est l’école qui doit s’adapter à l’enfant et non l’inverse.

Malheureusement, la rédaction d’un cours dans le respect total des procédures mentionnées plus haut demande beaucoup de temps et coûte très cher. Cela explique, d’une part, l’absence d’un fonds important de cours et, d’autre part, l’édition anticipée de programmes de faible qualité, parce que insuffisamment validés.


L’enseignement automatisé

C’est l’enseignement programmé qui a permis la réalisation expérimentale d’un vieux rêve : l’automatisation de l’acte pédagogique. Si les machines à enseigner électromécaniques sont progressivement tombées en désuétude, la relève a été prise par les ordinateurs. Les machines mises au point depuis 1954 demeurent néanmoins un intéressant sujet d’étude par le témoignage qu’elles apportent d’une recherche sur les fonctions pédagogiques et leur degré d’automatisation possible. L’acte pédagogique peut se décomposer de la manière suivante :
1o exposition d’une information ;
2o acte-réponse de l’élève ;
3o contrôle de validité de la réponse ;
4o sélection d’une nouvelle information tenant compte de la réponse de l’élève.

L’automatisation de ces temps ou, si l’on préfère, de ces fonctions est réalisable à des degrés divers, avec plus ou moins de bonheur selon les types de machines.


Les machines à enseigner

Les plus élémentaires servent à présenter les programmes linéaires. Dans la plupart des cas, un ruban de papier se déroule dans un boîtier muni de fenêtres. Sur l’une des fenêtres apparaît l’information à lire, et l’élève inscrit sa réponse dans une autre fenêtre ; en faisant avancer le ruban, il découvre la bonne réponse, cependant que la sienne devient ineffaçable et qu’apparaît l’information suivante. Ces dispositifs permettent l’automatisation des fonctions 1 et 2.

Pour présenter les programmes à choix multiples, on a recours à des dispositifs plus complexes, utilisant généralement le film fixe pour support de l’information. Une image apparaît sur l’écran : elle contient l’information, la question et le choix des réponses. L’élève actionne le bouton correspondant à la réponse choisie, et la machine sélectionne automatiquement l’information suivante adaptée à la réponse de l’élève. Les quatre fonctions ci-dessus sont alors automatisées. Mais l’élève ne peut réellement construire sa réponse : il choisit simplement dans une liste.

Certains appareils à choix multiples joignent des messages sonores à la présentation visuelle. Le déroulement de la bande magnétique est alors programmé comme le défilement des images.

Les plus perfectionnées des machines électromécaniques peuvent analyser une réponse composée par l’élève sur un clavier. En fait, elles mettent cette réponse en mémoire et la comparent à une liste de réponses possibles prévues par le rédacteur du cours, mais qui sont dissimulées à l’élève. Il s’agit en fait d’un choix multiple déguisé. Ce perfectionnement présente un grand intérêt pédagogique, puisque l’élève garde le sentiment de créer lui-même sa réponse. Néanmoins, beaucoup de réponses satisfaisantes quant à leur contenu sont souvent refusées par la machine pour des raisons de formulation, les dispositifs électromécaniques ne permettant pas une souplesse suffisante d’interprétation. Pour franchir ce seuil, il est nécessaire d’avoir recours à l’ordinateur.

Il faut encore signaler, dans la famille des machines à enseigner, les systèmes collectifs d’évaluation de réponses, qui permettent, dans une salle de classe, de visualiser instantanément sur un tableau lumineux les choix individuels des élèves. Ces systèmes nécessitent la présence constante du professeur, mais ils automatisent de manière satisfaisante la fonction de contrôle.


L’enseignement assisté par ordinateur

Les premières expériences d’utilisation d’un ordinateur en enseignement remontent aux années 50 et sont dues à deux chercheurs américains de Chicago : Gustav Rath et Nancy Anderson. Il s’agissait d’un cours d’initiation au calcul binaire. Depuis, l’enseignement assisté par ordinateur s’est considérablement développé et constitue un domaine privilégié de la recherche pédagogique.

Dans un premier temps, l’ordinateur a été utilisé pour présenter des cours programmés de type classique, à choix multiples essentiellement. Sa supériorité est évidente sur les machines électromécaniques : capacité de mémoire, rapidité de réponse, finesse d’analyse, possibilité d’archiver les choix des élèves pour établir les statistiques de validation.

Les travaux de Maurice Peuchot, entre autres, ont permis de faire accepter par la machine des réponses justes, mais mal formulées. Ce résultat a été obtenu par l’établissement de « squelettes segmentés » des mots, travail effectué par une équipe de linguistes, dont P. Levéry. Les squelettes segmentés se composent des lettres faute desquelles il est impossible d’écrire un mot (environ 40 p. 100 du nombre total des lettres composant le mot). Dans un premier temps, l’ordinateur vérifie que la réponse de l’élève comporte ces lettres ; si le résultat est positif, il accepte la réponse. Dans un second temps, la réponse de l’élève est comparée au mot entier. S’il n’y a pas concordance, la machine rappelle l’orthographe exacte du mot.

Mais l’ordinateur ouvre bien d’autres possibilités. Il permet, en particulier, de simuler des situations d’enseignement. L’utilisation la plus courante de cette possibilité est la simulation du diagnostic médical, extrêmement précieuse pour la formation des futurs praticiens.