enquête par sondages (suite)
Analyse
• En premier lieu, on se préoccupe d’évaluer la fidélité des informations collectées (erreurs de perforation, de codage, etc.).
• L’analyse des résultats s’effectue à partir de la confection de tableaux croisés effectuée par des calculateurs électroniques. Les variables sont généralement présentées sous forme de tableaux. La forme la plus courante est le tableau croisé simple, comprenant deux variables.
L’intérêt des enquêtes par sondages
Les avantages pratiques des enquêtes par sondages sont évidents : celles-ci permettent d’obtenir à peu de frais et dans un délai très court une représentation des opinions et des comportements de grandes populations. Les résultats obtenus, aux yeux de tous, sont, dans l’ensemble, satisfaisants. Toutefois, certaines limites sont inhérentes à la méthode.
• Le préjugé individualiste. L’unité de référence de la plupart des enquêtes par sondages est l’individu. L’individu représenté dans l’échantillon est un être abstrait, isolé. La représentation de la société sous-jacente aux procédures d’échantillonnage est ainsi celle d’une collectivité où les individus, comme des atomes, sont juxtaposés les uns aux autres. Cette vision réductionniste de la société exclut tout élément contextuel et d’action collective.
• Le préjugé démocratique. Les personnes interrogées dans une enquête par sondages sont affublées d’un même poids : elles sont égales. Cette optique dissimule donc les inégalités des individus et des groupes sociaux, renforce la représentation égalitaire des sociétés se réclamant de l’idéologie libérale.
• Le caractère statique. La méthode enregistre d’ordinaire les réponses des individus à un point d’observation donné. Mais elle ne peut que difficilement dessiner une évolution et établir des prévisions.
• L’exclusion des extrêmes. L’enquête par sondages conduit à une sous-représentation des individus situés aux extrêmes de la hiérarchie sociale. Les membres de l’élite du pouvoir ont peu de chances, par suite des effectifs limités de leurs groupes sociaux, d’être représentés dans un échantillon. En toute hypothèse, ils savent rationaliser leurs réponses en fonction de la nature et des objectifs de l’enquête. En revanche, si les membres des couches les plus défavorisées de la population sont représentés, la probabilité de leur refus de réponse est plus élevée que parmi les classes moyennes, en raison des difficultés de compréhension des questions, peu adaptées à leur situation.
Enfin, l’enquête par sondages exclut les minorités déviantes par rapport à l’ordre social (hippies, extrémistes politiques, par exemple), bien qu’elles puissent être très actives sur la scène publique.
D. C. et J. P.
➙ Sondage.
J. Desabie, Théorie et pratique des sondages (Dunod, 1966). / E. Noelle, les Sondages d’opinion (Éd. de Minuit, 1966). / J. Antoine, l’Opinion. Techniques d’enquêtes par sondages (Dunod, 1969).