Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Allemagne (suite)

• 1190-1197 : Henri VI le Cruel poursuit la politique de son père Frédéric Ier en Italie, en Sicile notamment, qu’il cherche à unir à l’Empire, et aussi en Allemagne, où il doit lutter de nouveau contre Henri le Lion, qui, rentré d’exil, fomente une nouvelle révolte groupant les Welfs et la féodalité rhéno-westphalienne. À la diète de Mayence (1196), il essaie de faire admettre l’hérédité impériale ; il ne peut que faire élire son fils Frédéric II roi des Romains.

• 1197-1220 : Frédéric II*, qui est aussi roi de Sicile, s’intéresse davantage à cette île qu’à l’Allemagne, où cependant, avec l’appui du pape, il doit lutter contre ses compétiteurs au trône impérial. Il réussit à éliminer Otton de Brunswick (1214), se fait de nouveau élire roi des Romains (1216) et couronner empereur germanique (1220).

• 1220-1250 : le règne de Frédéric II est une longue lutte contre la papauté, cependant que le mariage de l’empereur avec Isabelle d’Angleterre marque la réconciliation des Hohenstaufen avec les derniers Welfs. Le concile de Lyon (1245) dépose Frédéric II, qui meurt cinq ans plus tard, laissant l’Allemagne et l’Italie en proie à l’anarchie.


Période d’anarchie : le grand interrègne (1250-1273)

• La mort de Frédéric II a non seulement consacré l’effondrement des Hohenstaufen, la faillite de l’idéal de monarchie universelle, mais aussi la rupture définitive des liens entre l’Allemagne et l’Italie.

• Durant le « grand interrègne », l’Allemagne n’est plus qu’une mosaïque d’États. Dans l’anarchie générale, une seule puissance durable : la Hanse*, qui fait la richesse des villes marchandes de la mer du Nord et de la Baltique (Lübeck, Brême, Hambourg), et aussi de celles du Rhin (Francfort, Strasbourg).

• D’autre part se constituent quelques ensembles territoriaux, notamment ceux des maisons de Luxembourg, de Brandebourg et de Habsbourg, promises à un grand avenir.


Les Habsbourg* jusqu’aux traités de Westphalie : 1273-1648


La restauration du pouvoir impérial (1273-1437)

• 1273 : Rodolphe de Habsbourg (1273-1291) est élu roi des Romains grâce à l’intervention du pape Grégoire X et des princes allemands. Abandonnant l’aventureuse politique italienne des Hohenstaufen, il renonce à ses droits sur la Sicile pour se consacrer à l’Allemagne. En même temps, il fait de sa maison l’une des premières puissances territoriales d’Allemagne en annexant l’Autriche, la Carinthie, la Carniole et la Styrie. Cependant il ne réussit pas à faire élire son fils Albert roi des Romains.

• 1292 : Adolphe de Nassau (1292-1298) est élu empereur germanique sous l’influence de Venceslas II de Bohême. Il représente la réaction du particularisme allemand contre l’ambition habsbourgeoise.

• 1298 : le fils aîné de Rodolphe de Habsbourg, Albert Ier (1298-1308), enlève l’Empire à Adolphe de Nassau, tué à la bataille de Göllheim. Il périt au cours d’une intervention en Suisse.

• 1308 : Henri VII de Luxembourg (1308-1313) rétablit l’ordre en Allemagne et se fait couronner à Rome (1312). À sa mort, Frédéric de Habsbourg, fils d’Albert Ier, entre en compétition pour l’Empire avec Louis de Bavière, qui le bat.

• 1314 : Louis de Bavière († 1347) devient roi des Romains ; excommunié par le pape Jean XXII, il se fait couronner empereur à Rome par Sciarra Colonna (1328) et y installe un antipape, Nicolas V. Son règne inaugure une véritable politique d’indépendance de l’Empire par rapport à la papauté (déclaration de Rhense et édits de Francfort, 1338).

• 1346 : Charles IV de Luxembourg (1346-1378), roi de Bohême, est élu roi des Romains ; il est sacré empereur germanique en 1355. Il affranchit définitivement l’Allemagne de la tutelle pontificale en codifiant un système électoral par la Bulle d’or (1356). Celle-ci règle minutieusement, en dehors de tout couronnement romain et de toute sanction pontificale, la procédure des élections impériales au profit d’un collège de sept électeurs — archevêques de Mayence, de Cologne, de Trèves, roi de Bohême, comte palatin, duc de Saxe, margrave de Brandebourg —, dont deux seulement (comte palatin du Rhin et duc de Saxe) sont autorisés à gouverner l’Empire en cas de vacance du pouvoir.
L’empereur est la puissance suprême ; mais son autorité dépend de l’importance de ses biens.

• 1378 : la mort de Charles IV marque le terme d’une évolution commencée en 1250, au cours de laquelle le Saint Empire s’est dégagé du mythe de la monarchie universelle, tout en restant un corps inorganisé. Le fils et successeur de Charles IV, Venceslas IV de Bohême (1378-1419), ne peut imposer son arbitrage entre les ligues urbaines et seigneuriales ; son cadet, Sigismond de Luxembourg, roi de Hongrie, vicaire général de l’Empire, est élu roi des Romains en 1411.

• 1433 : Sigismond († 1437) est couronné empereur à Rome.

• Tandis que la souveraineté géographique de l’empereur se réduit constamment (Italie, Suisse, Bourgogne, Prusse orientale, Bohême), l’empereur voit son pouvoir diminuer en Allemagne même. La diète d’Empire comprend trois collèges : électeurs, princes, villes qui délibèrent séparément, les décisions étant soumises à une assemblée générale ; votées, elles sont présentées à l’empereur, qui les ratifie par un édit. En fait, ces décisions sont souvent contestées si l’unanimité n’est pas réalisée, le principe du vote majoritaire n’ayant pu être imposé.


Les Habsbourg maîtres de l’Empire

• 1437 : le duc d’Autriche, Albert de Habsbourg, époux d’Élisabeth, fille de Sigismond, est reconnu par celui-ci, mourant, roi de Bohême et de Hongrie ; il est élu roi des Romains en 1438 ; Albert II meurt dès 1439.

• Présenté au concile de Bâle v. 1439, un plan de réorganisation politique anonyme dit Reformatio Sigismundi tente de restaurer l’autorité impériale ; seuls quelques articles concernant les tribunaux sont mis à exécution.