Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

énergie (suite)

Le charbon

La machine à vapeur et la métallurgie au coke transforment profondément ces conditions au début du xixe s. Dès lors, la croissance de la production est rapide : elle atteint 250 Mt de houille en 1870, dépasse le milliard de tonnes au début du xxe s. À la veille de la Première Guerre mondiale, on dépasse déjà 1 200 Mt. La Première Guerre mondiale se traduit par un ralentissement de l’expansion, qu’explique aussi l’emploi croissant du pétrole. À la veille de la crise mondiale, en 1929, l’extraction n’excède pas 1 350 Mt. La croissance a repris depuis la Seconde Guerre mondiale : la production est de 1 500 Mt en 1955, de 2 300 Mt en 1975. Il faut ajouter le milliard de tonnes de charbon brun et de lignite, au pouvoir calorifique plus faible et dont l’équivalent en houille se situe entre 400 et 500 Mt.

La houille est relativement abondante à la surface de la Terre, mais la répartition des réserves est très inégale : cela a ralenti la diffusion de la civilisation industrielle jusque dans les premières décennies de ce siècle. Les évaluations que l’on donne des réserves sont assez variables : on distingue des réserves prouvées, des réserves probables, des réserves possibles. Pour la troisième catégorie, il ne s’agit guère que de conjectures. L’évolution des techniques, la mécanisation croissante ont eu pour conséquence de faire perdre tout intérêt à des gisements aux bancs trop minces, trop irréguliers ou trop profonds, que l’on incorporait naguère dans l’évaluation des ressources utilisables dans le futur. Les évaluations contemporaines sont donc moins optimistes que celles qui ont été avancées il y a une génération. On parle aujourd’hui de 4 000 ou de 4 500 milliards de tonnes, alors qu’on comptait sur 6 000 milliards et plus. Au rythme actuel, cela représenterait quelque 1 500 ans de production ; mais les besoins croîtront sans doute, et une partie des réserves est très difficilement accessible et ne peut être enlevée qu’à un coût que l’on considère aujourd’hui comme exorbitant.

Les charbons se sont formés pour la plus grande part dans des zones de lagunes et de marais peu profonds en bordure des chaînes en formation lors des orogenèses de la fin du Primaire ou du début du Secondaire : ils sont d’âge carbonifère en Europe, en Amérique, en Sibérie, en Chine, parfois aussi permien ou triasique. Les gisements plus récents ne recèlent guère que des charbons bruns ou des lignites.

Les réserves les plus importantes se trouvent donc à la périphérie des vieilles plates-formes, mais celles qui formaient la masse gondwanienne sont beaucoup plus pauvres que les autres. On estime que les réserves essentielles se trouvent en Amérique du Nord (31 p. 100, mais dont une bonne part est constituée par les gisements souvent médiocres du pied des Rocheuses aux États-Unis et au Canada), en U. R. S. S. (26 p. 100), en Chine (24 p. 100). L’Europe occidentale et centrale, où l’exploitation a commencé, est relativement mal pourvue, puisqu’elle ne contient que 10 p. 100 des réserves, dont les plus aisément accessibles ont déjà été en partie épuisées. L’Asie méridionale et orientale, Chine exclue, ne compte que pour 3 p. 100 ; l’Afrique, pour 1,7 p. 100 ; l’Australie et l’Amérique du Sud, pour 0,5 p. 100.

Au xixe s., les producteurs européens extrayaient la plus grande partie du charbon produit dans le monde. Aujourd’hui, la carte des grands fournisseurs se calque davantage sur celle des réserves les plus importantes. Trois pays, les États-Unis, l’U. R. S. S. et la Chine dominent la scène : ils fournissent les deux tiers des quantités mises sur le marché tous les ans. L’Europe n’est plus en tête de la production que dans un domaine, celui des lignites et des charbons bruns : les possibilités de mécanisation en font un combustible particulièrement intéressant, et, quoique les réserves ne soient pas aussi considérables que pour la houille, les progrès de l’extraction ont été rapides : l’Allemagne orientale fournit le tiers des livraisons mondiales. Si on ajoute à sa production celles de l’Allemagne occidentale et de la Tchécoslovaquie, on constate que l’Europe centrale compte pour plus de la moitié du total mondial.

Au niveau de la production de houille, les nations de l’Europe du Nord-Ouest ont toutes vu leur activité se réduire depuis une quinzaine d’années : le Royaume-Uni arrive à peine à la moitié de ce qu’il fournissait en 1913, année record. La régression est analogue en Belgique. Elle est moindre en Allemagne occidentale. En France, la production de 1975 n’excède guère 40 p. 100 de celle de la fin des années 50.

Les estimations fournies entre les deux guerres mondiales indiquaient, pour l’Angleterre et l’Allemagne tout au moins, des possibilités considérables : il semblait que l’on pouvait compter sur plusieurs centaines d’années de réserve. En fait, ce qui est exploitable dans les conditions économiques contemporaines est beaucoup plus faible. Les réserves sont en général souvent profondes et sont formées de couches qui se prêtent assez mal à l’emploi des méthodes mécaniques d’extraction. Dans ces conditions, l’énergie fournie par le charbon est assez onéreuse. L’accroissement de la consommation est de plus en plus assuré par les hydrocarbures. Aux États-Unis, la situation est un peu analogue ; il n’y a pas eu de chute de la production, à la manière de l’Europe de l’Ouest, mais la progression du secteur a presque cessé ; en U. R. S. S., elle s’est considérablement ralentie. Tous les progrès récents proviennent de producteurs neufs, de la Chine en particulier.


Le pétrole

Il a une histoire économique beaucoup plus courte que le charbon, histoire qui a commencé il y a un siècle, aux États-Unis. Au départ, il n’y avait pas d’autre utilisation du nouveau produit que l’éclairage. La situation a changé avec la mise au point du moteur à explosion et du moteur Diesel : le vrai départ de l’industrie pétrolière moderne se situe au tournant du siècle. Depuis, les besoins se sont multipliés : la production d’énergie mécanique par les moteurs à combustion interne n’en représente plus l’essentiel. Les produits pétroliers se sont substitués à la houille dans la plupart des emplois traditionnels de celle-ci : production d’énergie mécanique par turbine à vapeur, industries du feu, chauffage domestique. Le seul secteur dans lequel le charbon tient bon est celui de la sidérurgie, car rien ne se substitue encore au coke.