Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Empire colonial néerlandais (suite)

La situation économique du Surinam s’améliora sensiblement avec l’exploitation de la bauxite à partir de 1922, tandis que l’ouverture du canal de Panama et l’installation de raffineries de pétrole (vénézuélien) à Curaçao (1915), puis à Aruba (1924) redonnaient vie aux Antilles néerlandaises. L’extraction de la bauxite est restée depuis la principale activité économique de Surinam, représentant 90 p. 100 de ses exportations. La production croissante d’alumine réduit la part de minerai brut dans cette exportation. Associé au Marché commun, le Surinam exporte même de l’aluminium vers l’Europe depuis 1967. Aux Antilles, l’apogée socio-économique dû au raffinage du pétrole appartient au passé. Après la Seconde Guerre mondiale, l’automatisation a provoqué un chômage technologique, non résorbé par l’essor du tourisme, et un début d’industrialisation. Le pétrole représente toujours 98 p. 100 des exportations antillaises. Cette situation provoqua en mai 1969 des émeutes, entraînant l’intervention de militaires néerlandais à Curaçao pour le maintien de l’ordre. Malgré les liens politiques existants, la présence économique des États-Unis supplante celle des Pays-Bas.


En métropole

Le goût d’aventure et de découverte que suppose l’expansion néerlandaise a été, durant deux siècles, entièrement mis au service de l’activité commerciale. Ce type d’expansion est à l’image des Provinces-Unies, où la bourgeoisie commerçante détenait le pouvoir. Les prédicants n’avaient pas voix au chapitre en matière politique, et le zèle missionnaire de quelques exaltés resta sans effet. De même, le parti orangiste ne réussit pas à incliner la politique coloniale vers la réalisation de grands desseins, répondant à des préoccupations de prestige ou de puissance : l’échec de l’expérience brésilienne l’atteste. Mais l’allure commerciale de l’expansion ne doit pas faire illusion ; le fait fondamental demeure la prise en charge par l’État de l’expansion coloniale ; 1602 marque le début du mercantilisme colonial. L’expérience coloniale portugaise ou anglaise démontre d’ailleurs qu’avant le xixe s. le rapport de forces rendait toute autre forme de colonisation aléatoire en Asie.

Les résultats de l’activité coloniale néerlandaise ne prêtent guère au doute ; la vente en Europe des épices et des textiles durant le xviie s., puis celle du café et du thé au xviiie s. permettaient la réalisation de gains substantiels. Mais ces produits n’atteignaient finalement qu’un cercle restreint de consommateurs aisés, de même que les profits se limitaient à un petit nombre de marchands. Il ne faut pas exagérer l’importance du commerce colonial dans l’ensemble de l’économie des Provinces-Unies : à aucun moment la valeur des produits coloniaux importés annuellement par la Compagnie des Indes orientales n’a atteint 15 p. 100 du chiffre d’affaires réalisé par la marine marchande hollandaise. Au xixe s., par contre, le cultuurstelsel a rapporté à la métropole des centaines de millions de florins, permettant de liquider la dette publique et d’équilibrer le budget. À partir de 1870, les bénéfices allaient essentiellement aux sociétés capitalistes.

Si les mobiles de l’expansion hollandaise sont aisément compréhensibles, donner une explication satisfaisante de cette expansion et de son évolution, en les situant par rapport à l’ensemble des activités des Provinces-Unies, puis des Pays-Bas, reste une gageure. L’Empire néerlandais ne constituait d’ailleurs qu’un fragment de la vague d’expansion européenne à travers le monde. Les facteurs responsables de la réussite, puis du déclin d’un phénomène d’une telle ampleur restent controversés.

P. J.

➙ Colonisation / Pays-Bas et au nom des États qui ont fait partie de l’Empire colonial néerlandais.

 Encyclopaedie van Nederlandsch West-Indië (La Haye, 1914-1917 ; 4 vol.). / Encyclopaedie voor Nederlandsch Indië (La Haye, 1917-1939 ; 8 vol.). / J. Bruhat, Histoire de l’Indonésie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1958 ; 2e éd., 1968). / W. P. Coolhaas, A Critical Survey of Studies on Dutch Colonial History (La Haye, 1960). / B. H. M. Vlekke, Nusantara : a History of Indonesia (Chicago, 1960). / C. R. Boxer, The Dutch Sea-Borne Empire, 1600-1800 (Londres, 1965).

Empire colonial portugais

Ensemble des pays et des territoires colonisés par le Portugal.


Longtemps arrêté par la double barrière de l’Atlantique, malgré la découverte de quelques archipels, et de l’islām, solidement implanté au sud du détroit de Gibraltar, le Portugal se lance à partir du xve s. dans une ambitieuse politique d’expansion. Noblesse et grande bourgeoisie trouvent là un intérêt commun. La conquête de nouvelles terres ou la perspective de fructueux pillages attirent les uns ; l’espoir d’un commerce avantageux pousse les autres.


L’amorce

La prise de Ceuta en 1415 est le point de départ. Progressivement se constitue un empire à la fois territorial, avec les îles de l’Atlantique et le Maroc, et commercial, avec les postes de troc sur la côte africaine. Le protectorat portugais s’étend, à un moment, sur la majeure partie du Maroc atlantique, mais, pour la métropole, cette possession coûte plus cher qu’elle ne rapporte. Il n’en est pas de même des établissements de l’Afrique noire depuis que Gil Eanes, en doublant le cap Bojador en 1434, a ouvert à ses compatriotes les routes du Sud. Avec la création d’Arguin, l’occupation des îles du Cap-Vert, l’approche de la Sierra Leone, les Portugais entrent en contact direct avec les zones de l’or et des esclaves. Les côtes de Guinée révèlent de telles perspectives que, en 1482, est créée une solide forteresse à São Jorge da Mina. Le troc pratiqué sur ces rivages engendre de prodigieux bénéfices ; certaines années, jusqu’à 7 quintaux d’or africain parviendront à Lisbonne, faisant du roi Manuel Ier il Re di l’oro au dire des Vénitiens. Ce commerce africain — or, ivoire, esclaves et aussi certaines épices, comme le malaguette — sera si avantageux que les Portugais s’en réserveront le monopole en éliminant les concurrents castillans, puis en obtenant confirmation par une bulle pontificale.