Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

élevage (suite)

La transformation en cours a eu des effets profonds sur la structure des circuits de commercialisation. Jusqu’à ces vingt dernières années, la dispersion de la production imposait une structure complexe de marchés concrets, d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur. De plus en plus, la concentration aboutit à un raccourcissement du circuit. Dans certains cas, la production cesse d’être indépendante : elle est intégrée par les distributeurs, pour lesquels travaillent les éleveurs.

Il n’est pas douteux que les transformations de ces vingt dernières années ont permis d’augmenter l’efficacité de la transformation des calories végétales en calories animales. Mais, dans les cas les meilleurs, la déperdition entraînée par l’élevage demeure énorme, les sept huitièmes sans doute. Dans ces conditions, les progrès de l’élevage sont surtout sensibles dans les régions qui ne sont pas trop peuplées, les pays industrialisés dans l’ensemble. Les pays du tiers monde, qui souffrent le plus cruellement des carences de protides, sont ceux qui sont le moins bien placés pour une intensification de l’élevage.


Mesure et localisation de la production

Comment évaluer la puissance de l’élevage ? Les difficultés sont grandes. Les statistiques nous renseignent sur les effectifs : mais que valent-elles pour des élevages comme ceux des volailles, des porcs et, dans une certaine mesure, des ovins, où la durée de vie est faible ? Et comment comparer des troupeaux de régions traditionnelles et de régions développées ? Ici, la vache ne fournit que quelques centaines de litres de lait par an, alors que, là, elle en donne fréquemment plus de huit mille ! D’ailleurs, les progrès de la production, en Europe occidentale, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ont été infiniment plus grands que ne le laissent supposer les simples variations de l’effectif.

Pour l’élevage ovin, les pays de l’hémisphère Sud dominent le marché de la laine, cependant que la production de viande demeure importante ou croît dans quelques pays, la France ou la Grande-Bretagne. L’élevage bovin, pour la viande, est dominé à la fois par les grandes nations ou régions industrialisées (États-Unis, U. R. S. S., Europe occidentale) et par quelques pays de l’hémisphère Sud (Argentine en particulier). Pour les produits laitiers, la part de l’Europe occidentale est proportionnellement plus forte, celle de l’hémisphère Sud, plus faible. L’élevage de la volaille, celui des porcs sont importants dans les nations industrielles, en U. R. S. S., en Allemagne, aux États-Unis. Ils tiennent aussi une place importante dans une partie du monde sous-développé.

P. C.

 P. Veyret, Géographie de l’élevage (Gallimard, 1952). / M. Wolkowitsch, l’Élevage dans le monde (A. Colin, 1966). / A. Frémont, l’Élevage en Normandie, étude géographique (Ozanne, Caen, 1968 ; 2 vol.).


Les problèmes techniques de l’élevage

La domestication* des espèces animales est un phénomène très ancien puisqu’elle remonte à la fin du Paléolithique ou au début du Néolithique. Il est cependant surprenant de constater qu’elle n’a porté, malgré son ancienneté, que sur un très petit nombre d’espèces puisque, à l’exception des vers à soie et des abeilles, elle ne concerne que quelques espèces de poissons, d’oiseaux et de mammifères.

Il ne semble pas possible de définir de façon simple l’animal domestique : plusieurs critères sont nécessaires, et aucun d’entre eux n’est systématiquement applicable. On peut cependant avancer que :
— la domestication implique une certaine familiarité de contact entre l’homme et l’animal ;
— l’homme exerce un contrôle plus ou moins grand sur la reproduction et la croissance des animaux ;
— l’homme utilise les produits (viande, lait, œufs, laine, poils...) ou les services (traction, bât, selle...) de ces animaux ;
— les animaux vivent à proximité de l’homme.

Toutefois, les processus de domestication sont généralement très longs, car ils supposent la sélection d’individus correspondant aux caractéristiques recherchées par l’homme. On peut ainsi penser que des animaux tels ceux qui sont utilisés dans les laboratoires, en pisciculture ou pour la production de fourrures subissent actuellement des processus de domestication, bien que certains d’entre eux aient un comportement encore très proche de celui de l’animal sauvage enfermé dans une cage de ménagerie.

Si l’élevage des animaux ne s’adresse pas uniquement aux espèces domestiques, le domaine de la zootechnie implique, lui, la notion de production à titre onéreux de biens destinés à satisfaire les besoins des consommateurs. Une comparaison s’adressant à des espèces habituellement sauvages permet de préciser cette notion : la production nouvelle, mais en pleine expansion, de la caille du Japon, avec ses 300 œufs par an, constitue une production zootechnique où interviennent les notions de maîtrise des conditions générales de milieu, de qualité du produit (c’est-à-dire des animaux adultes destinés à la consommation), de prix de revient et de recherche de débouchés. Il en est de même de la production intensive en grands effectifs des faisans de repeuplement ou encore de l’élevage des animaux à fourrure. Au contraire, la protection des espèces sauvages, la création des conditions naturelles ou semi-naturelles favorables à leur multiplication — cette activité que les Anglo-Saxons désignent sous le terme de wild life management — ne sont pas de la zootechnie et s’opposent au nom anglo-saxon de celle-ci : animal management.

L’éleveur, en vue d’obtenir une efficacité suffisante de son activité, met en jeu des méthodes d’amélioration qui jouent à trois niveaux :
— au niveau de l’animal lui-même, en vue d’augmenter ses potentialités génétiques ; c’est le domaine de la sélection ;
— au niveau du milieu physique dans lequel l’animal évolue et produit ; c’est le domaine de l’alimentation, de l’hygiène et de l’habitat ;
— au niveau de l’ensemble économique dans lequel s’insère l’élevage ; interviennent alors tant la taille de l’élevage que les liaisons qu’il entretient avec des organismes d’amont (approvisionnement en reproducteurs, en aliments et en services...) ou d’aval (écoulement des produits...).