(Islip, Oxfordshire, v. 1003 - Westminster 1066), roi des Anglo-Saxons (1042-1066), fils cadet d’Aethelraed II et d’Emma de Normandie, sœur du duc Robert le Diable, lui-même père de Guillaume le Bâtard (le futur Conquérant).
Associé au trône par le dernier des rois anglo-danois, l’épileptique Knud Hardeknud (ou Hardicanute) [juin 1040 - juin 1042], l’héritier légitime des rois anglo-saxons, Édouard, lui succède au terme d’un exil de vingt-cinq ans en Normandie. Pieux et chaste « au point de vivre vierge à côté de sa femme », pacifique au point de refuser de recourir à la violence pour combattre les ambitions et les crimes de l’aristocratie, ce « confesseur » de la foi « vénéré comme un saint », était, selon Charles Petit-Dutaillis, « un roi complètement seul » !
Profitant de cette faiblesse du monarque et de celle de son royaume, son cousin germain, le duc de Normandie, Guillaume le Bâtard, colonise littéralement la Cour, l’Église et même la terre anglo-saxonne. Des administrateurs normands accaparent les offices royaux, des clercs normands se font attribuer des sièges épiscopaux, tel l’ancien abbé de Jumièges, Robert de Champart, qui devient archevêque de Canterbury ; enfin, des nobles normands s’approprient le sol et y édifient des châteaux forts. Une sorte de résistance nationale s’esquisse alors, animée par de puissants ealdormen et plus particulièrement par celui du Wessex, Godwin, qui contrôle avec ses deux fils la moitié du royaume anglo-saxon et, par l’intermédiaire de partis plus éloignés, l’autre moitié. Aspirant sans doute à en devenir totalement maître, celui-ci refuse en 1051 de sanctionner les habitants de Douvres, qui ont refusé de recevoir le beau-frère d’Édouard le Confesseur, le comte Eustache de Boulogne. Contraint de s’enfuir avec ses fils, il revient en Angleterre en 1052, chasse les Normands et reprend le pouvoir, espérant sans doute empêcher qu’Édouard le Confesseur ne puisse assurer à Guillaume le Bâtard la succession promise au cours d’une mystérieuse entrevue que les historiens situent généralement en 1051. À la mort de Godwin, en 1053, son fils Harold prend en charge le royaume d’Angleterre et confie le siège de Canterbury à l’évêque Stigand. Mais Édouard le Confesseur meurt sans enfant le 5 janvier 1066, et Harold se fait couronner roi.
P. T.
➙ Angleterre / Guillaume le Conquérant.
H. R. Luard (sous la dir. de), Lives of Edward the Confessor (Londres, 1858). / G. M. Trevelyan, History of England (Londres, 1926 ; nouv. éd., 1952 ; trad. fr. Histoire de l’Angleterre des origines à nos jours, Payot, 1955). / F. M. Stenton, Anglo-Saxon England, c. 550-1087 (Oxford, 1943 ; 2e éd., 1947). / F. Barlow, The Feudal Kingdom of England, 1042-1216 (Londres, 1955 ; 2e éd., 1961) ; The English Church, 1000-1066 (Londres, 1963).