Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Edmonton (suite)

La ville — située d’abord sur la rive nord de la Saskatchewan du Nord, où se trouvent encore le centre commercial et administratif, les installations ferroviaires, une partie des usines — s’étend maintenant des deux côtés de la rivière, malgré la profonde entaille de la vallée (50 à 60 m de versants en pente raide). Comme les autres villes de l’Ouest canadien, Edmonton est construite selon un plan en damier et dispose d’un vaste territoire municipal dont l’agglomération commence seulement à déborder.

P. B.

➙ Alberta.

Édouard le Confesseur (saint)

(Islip, Oxfordshire, v. 1003 - Westminster 1066), roi des Anglo-Saxons (1042-1066), fils cadet d’Aethelraed II et d’Emma de Normandie, sœur du duc Robert le Diable, lui-même père de Guillaume le Bâtard (le futur Conquérant).


Associé au trône par le dernier des rois anglo-danois, l’épileptique Knud Hardeknud (ou Hardicanute) [juin 1040 - juin 1042], l’héritier légitime des rois anglo-saxons, Édouard, lui succède au terme d’un exil de vingt-cinq ans en Normandie. Pieux et chaste « au point de vivre vierge à côté de sa femme », pacifique au point de refuser de recourir à la violence pour combattre les ambitions et les crimes de l’aristocratie, ce « confesseur » de la foi « vénéré comme un saint », était, selon Charles Petit-Dutaillis, « un roi complètement seul » !

Profitant de cette faiblesse du monarque et de celle de son royaume, son cousin germain, le duc de Normandie, Guillaume le Bâtard, colonise littéralement la Cour, l’Église et même la terre anglo-saxonne. Des administrateurs normands accaparent les offices royaux, des clercs normands se font attribuer des sièges épiscopaux, tel l’ancien abbé de Jumièges, Robert de Champart, qui devient archevêque de Canterbury ; enfin, des nobles normands s’approprient le sol et y édifient des châteaux forts. Une sorte de résistance nationale s’esquisse alors, animée par de puissants ealdormen et plus particulièrement par celui du Wessex, Godwin, qui contrôle avec ses deux fils la moitié du royaume anglo-saxon et, par l’intermédiaire de partis plus éloignés, l’autre moitié. Aspirant sans doute à en devenir totalement maître, celui-ci refuse en 1051 de sanctionner les habitants de Douvres, qui ont refusé de recevoir le beau-frère d’Édouard le Confesseur, le comte Eustache de Boulogne. Contraint de s’enfuir avec ses fils, il revient en Angleterre en 1052, chasse les Normands et reprend le pouvoir, espérant sans doute empêcher qu’Édouard le Confesseur ne puisse assurer à Guillaume le Bâtard la succession promise au cours d’une mystérieuse entrevue que les historiens situent généralement en 1051. À la mort de Godwin, en 1053, son fils Harold prend en charge le royaume d’Angleterre et confie le siège de Canterbury à l’évêque Stigand. Mais Édouard le Confesseur meurt sans enfant le 5 janvier 1066, et Harold se fait couronner roi.

P. T.

➙ Angleterre / Guillaume le Conquérant.

 H. R. Luard (sous la dir. de), Lives of Edward the Confessor (Londres, 1858). / G. M. Trevelyan, History of England (Londres, 1926 ; nouv. éd., 1952 ; trad. fr. Histoire de l’Angleterre des origines à nos jours, Payot, 1955). / F. M. Stenton, Anglo-Saxon England, c. 550-1087 (Oxford, 1943 ; 2e éd., 1947). / F. Barlow, The Feudal Kingdom of England, 1042-1216 (Londres, 1955 ; 2e éd., 1961) ; The English Church, 1000-1066 (Londres, 1963).

Édouard III

(Windsor 1312 - Sheen, Richmond, 1377), roi d’Angleterre (1327-1377), fils aîné d’Édouard II et d’Isabelle de France.


Proclamé roi en 1327 à l’issue d’une révolution de palais dirigée par sa mère, la reine Isabelle de France, et par Roger Mortimer, l’amant de celle-ci, Édouard III supporte mal la tutelle de ces derniers. Le souverain regroupe alors autour de sa personne ceux que mécontente l’obligation que lui a faite sa mère de prêter hommage à Amiens à Philippe VI de Valois pour la Guyenne en juin 1329. À l’issue d’une révolution de palais, Édouard III exile la reine mère, puis fait juger par un parlement et exécuter son amant le 29 novembre 1330. Édouard III tente alors, mais en vain, de restaurer le gouvernement de l’Hôtel, dont les trois organes essentiels sont le Conseil, le Sceau privé et la Garde-Robe. Cet essai de gouvernement personnel, qui correspond bien au tempérament autoritaire du souverain, échoue en grande partie pour des raisons financières.

Désireux, en effet, de faire valoir ses droits à la couronne de France [v. Cent* Ans (guerre de)], Édouard III s’établit dès 1338 aux Pays-Bas, où il emprunte largement aux banquiers toscans. Mais les crédits accordés par ces derniers se trouvant insuffisants, force est à Édouard III de recourir à la fiscalité pour faire face aux nécessités de la guerre. Il se heurte alors à l’opposition déterminée des services londoniens dirigés par l’archevêque de Canterbury, John de Stratford. Obligé de renoncer à lever des taxes sans consentement du Parlement, il ne peut rembourser ses créanciers, qui font faillite : les Peruzzi en 1343, les Bardi en 1346.

L’année même où il prend, sur le sol flamand, le titre de roi de France (1340), Édouard III se trouve donc obligé de partager le pouvoir avec ses barons et de rendre aux institutions traditionnelles de la monarchie toutes leurs prérogatives en matière financière (Échiquier), administrative (chancellerie), judiciaire (cour des plaids communs et Banc du roi) et politique (Conseil privé). Surtout, il doit accepter le principe du consentement préalable de l’impôt par le Parlement et même interdire les provisions apostoliques par le statut des « Provisors » de 1351. Dans cet organisme s’esquisse alors une séparation en deux chambres, celle des lords spirituels et temporels et celle des communes, au sein de laquelle chevaliers des comtés et bourgeois des villes, enrichies par le commerce des laines et peu à peu par celui des draps, jouent un rôle de plus en plus important. Ces derniers instituent un véritable travail forcé, votant notamment des pétitions aux dépens des ouvriers agricoles (Statut des travailleurs, de 1351) ; par contre, ils favorisent la propriété foncière, qui se développe particulièrement au profit de la paysannerie (yeomanry), laquelle rachète les terres abandonnées par une noblesse décimée à la fois par la guerre de Cent Ans et par la peste noire.