Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

écriture (suite)

L’écriture maya

Cette écriture n’a pas encore été déchiffrée et les hypothèses concernant sa structure et son fonctionnement ont varié. Les Indiens Mayas avaient une conception cyclique du temps, d’où la nécessité pour eux de noter les événements qu’ils considéraient comme récurrents. De même, leur numération était fondée sur les révolutions des astres. La plupart des textes mayas retrouvés sont donc probablement des chroniques historiques, des notations d’événements où les dates et les chiffres sont nombreux. La connaissance et l’usage de l’écriture étaient l’apanage des prêtres et des familles royales ; liée aux cultes religieux, l’écriture aurait été instaurée par un personnage nommé Itzamnā, identifié comme un dieu ; cette double limitation — dans l’usage et dans le nombre des utilisateurs — explique que la tradition ne s’en est pas conservée.

D’après l’hypothèse classique, l’écriture maya serait de type picto-idéographique, formée de signes analogues aux hiéroglyphes égyptiens ; chacun d’eux est égal en hauteur et en largeur ; ils sont disposés dans de grands carrés ou rectangles, parallèlement aux côtés ; mais on ne sait pas dans quel sens il faut les lire. On aurait relevé 350 signes de ce type. Abandonnant l’hypothèse hiéroglyphique, le chercheur soviétique Iouri Vassilevitch Knorozov (né en 1922) revient (1952) à l’hypothèse alphabétique du premier déchiffreur des Mayas, Diego de Landa (v. 1524-1579). Pour lui, l’écriture maya se composerait de « complexes graphiques », dont chacun à son tour comprendrait quelques graphèmes, liés en carrés ou en rond et faits de signes (têtes d’hommes, animaux, plantes, etc.). Actuellement, la discussion reste ouverte.


L’écriture de l’Égypte antique (du IVe millénaire au ve s. de notre ère)

Le travail de déchiffrement de Champollion* et de ses successeurs permet de distinguer trois types d’écriture : l’écriture hiéroglyphique proprement dite, la plus ancienne, découverte sur les monuments ; l’écriture cursive ou hiératique (les scribes, transportant sur le papier l’écriture des monuments, schématisent et allègent les signes, utilisent des ligatures en un tracé presque ininterrompu, de droite à gauche) ; l’écriture démotique, plus simplifiée que la hiératique ; utilisée par l’administration, elle devient d’un usage courant « populaire » (d’où le nom de démotique).

Le grand pas franchi par l’écriture hiéroglyphique égyptienne est l’emploi de signes phonétiques, ou phonogrammes, à côté de signes idéographiques, ou signes-mots.

Jusque vers 2500 av. J.-C., les hiéroglyphes égyptiens, inscrits sur les monuments, sont pictographiques ; les dessins, représentant des êtres animés ou des parties de ces êtres, des végétaux, des objets, etc., sont peu schématisés. Les signes pouvaient aussi représenter des actions ou des sentiments : le dessin d’un homme portant la main à la bouche signifiait manger ou avoir faim. On compte 700 à 800 dessins. Dans la hiératique et dans la démotique, les tracés se sont simplifiés au point que les objets ne peuvent plus se reconnaître.

Comme pour les Mayas, l’écriture était, pour les anciens Égyptiens, d’origine divine, inventée par le dieu Thot, l’ibis. L’écriture est donc d’abord un objet divinisé, le métier sacré d’une caste privilégiée de scribes. Puis elle se répand largement, d’abord à cause de son usage ornemental, ensuite grâce à la fabrication du papier avec le papyrus. On l’utilisa d’abord pour l’exercice de la religion et du gouvernement, puis pour la rédaction des traités scientifiques.

Les signes de ces trois types d’écriture, plus ou moins schématisés, sont figuratifs. Mais ils peuvent avoir des fonctions différentes.

Ou bien il s’agit de signes-mots à proprement parler, ou logogrammes, désignant en même temps le mot et le concept. Le sens propre d’un signe polysémique est précédé d’un petit trait distinctif vertical.

Ou bien il s’agit de signes-mots perdant leur sens propre et accompagnant d’autres signes-mots en qualité de déterminatifs : ils ne sont pas lus. Ils sont de deux sortes : les déterminatifs d’espèce qui précisent dans quelle catégorie sémantique se trouve le signe-mot accompagné ; les déterminatifs de genre, plus tardifs. Ils signalent à laquelle de ces catégories appartient le signe-mot qu’ils accompagnent : peuples, hommes, bêtes, oiseaux, etc.

Ou bien il s’agit de signes-mots faisant fonction de phonogrammes, qui permettent non seulement d’écrire le nom de l’objet qu’ils représentent, mais aussi les consonnes qui forment ce nom. Ils servent de « compléments phonétiques », destinés à lever l’ambiguïté de signes-mots polysémiques et polyphones. Les plus nombreux de ces phonogrammes sont biconsonantiques. Une trentaine de signes monoconsonantiques constituent un alphabet consonantique à l’intérieur du système égyptien.


L’écriture en Mésopotamie (Sumériens et Akkadiens du IVe millénaire au début de l’ère chrétienne)

Dès le IVe millénaire avant notre ère, des peuples de langue sémitique se sont concentrés dans la vallée du Tigre et de l’Euphrate ; parmi eux, le peuple sumérien a développé une civilisation avancée. Sa langue, qui jusqu’ici ne peut être rattachée à aucune autre, est restée langue vivante du IVe au IIe millénaire avant notre ère. Vers 2400 av. J.-C., les Sumériens perdent leur individualité au profit des Sémites Akkadiens, qui leur empruntent leur langue, comme langue sacrée, secrète, et utilisent la langue écrite sumérienne comme langue savante ; par la suite, les Akkadiens écrivent leur propre langue grâce à ce même système.

Pour les Akkadiens aussi, l’écriture est d’origine mythique ; elle est attribuée à Oannès, homme-poisson venu sur terre pour enseigner aux hommes les arts, les sciences et les techniques. L’écriture sumérienne a également une application religieuse ; les scribes devenaient de hauts dignitaires gouvernementaux, l’écriture jouant ainsi un rôle économique et social important.