Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Écosse (suite)

L’Écosse préhistorique

Elle semble avoir d’abord été simplement fréquentée par des pêcheurs venus de l’Irlande voisine. Entre 2000 et 1500 av. J.-C., une population dolichocéphale que l’on retrouve un peu partout à l’extrême ouest de l’Europe vint s’établir sur la côte ouest du pays, se manifestant par d’énormes tombes collectives couvertes de mégalithes, alors qu’à partir de 1800 av. J.-C. une population brachycéphale originaire de l’Europe rhénane vient, à partir de l’Angleterre, s’installer sur la côte est. Cette dernière est appelée la « Beaker population ». Les premiers occupants de l’Écosse ne diffèrent donc en rien de ceux de la voisine Angleterre*.

L’âge du bronze semble avoir été prospère en Écosse, et ce pays riche en métaux ne va passer qu’assez tardivement à l’âge du fer, sous l’influence d’une nouvelle invasion. C’est en effet à partir de 300 av. J.-C. (avec intensification du mouvement au ier s. av. J.-C.) qu’arrivent des populations celtes, dont on a pu retrouver des habitations presque intactes et des fortifications, caractérisées par de doubles murailles et de puissantes tours très originales.


La tentative d’Agricola

L’Écosse reste pour les Romains une contrée très mal connue. Toutefois, à plusieurs reprises, les gouverneurs de la province de Bretagne essayèrent de s’en emparer.

Son prédécesseur, Quintus Petilius Cerealis, ayant reconnu l’existence du pays, le gouverneur Agricola mena une expédition jusqu’au Firth of Forth (80 apr. J.-C.). L’année suivante, il établit entre l’estuaire du Forth et celui de la Clyde toute une série de fortins, et, en 82, il continua cette ligne de fortifications sur l’ouest du pays. Plusieurs de ces fortins ont d’ailleurs été retrouvés. En 83-84, Agricola conduisit une grande expédition vers le nord : après avoir établi un camp permanent à Inchtuthil, entre Perth et Dunkeld, il semble, au moins d’après Tacite, avoir remporté une grande victoire au « Mons Graupius », non loin de Keith. Mais son rappel à Rome et la réduction de la garnison de la province de Bretagne par le départ de la Légion II Adiutrix obligèrent à l’abandon d’Inchtuthil : au bout d’une trentaine d’années, il ne restait plus rien des conquêtes d’Agricola.


Lollius Urbicus

Les Romains avaient fini par se replier sur une ligne que l’empereur Hadrien fit stabiliser par la construction d’une muraille de l’embouchure de la Tyne au golfe de Solway (v. 122-128). Mais le gouverneur Quintus Lollius Urbicus, sous le règne de l’empereur Antonin le Pieux, franchit le mur et alla en établir un nouveau, moins puissant il est vrai, sur le tracé des anciennes fortifications d’Agricola (v. 142). Mais le mur d’Antonin, dépourvu d’un bouclier plus septentrional comme Inchtuthil, fut franchi à de nombreuses reprises et dut être abandonné dès la fin du iie s. malgré quelques efforts, en particulier l’expédition de l’empereur Sévère (209-211).

De toute façon, l’influence romaine fut très faible sur les populations qui occupaient les régions allant de la Tweed au Firth of Forth et pratiquement nulle sur celles du Nord. C’est toutefois à partir de l’occupation romaine que l’on peut avoir quelques lueurs sur le peuplement de l’Écosse.


Les peuples de l’Écosse

On doit distinguer quatre groupes différents : les Pictes, les Scots, les Angles et les Bretons.


Les Pictes

Ce sont les descendants des populations qui occupaient l’Écosse à l’âge du fer. Ils semblent devoir leur nom aux Romains, qui auraient été frappés par les peintures dont ils devaient se couvrir. Ils ont d’abord été séparés en plusieurs groupes, mais, au viiie s., il exista un royaume picte unifié, dont les succès militaires aussi bien que les vestiges archéologiques (remarquables sculptures conservées au Musée national des Antiquités d’Écosse d’Édimbourg) attestent la vitalité.


Les Scots

Dès l’époque romaine, des populations originaires d’Irlande se trouvaient déjà en Écosse. Mais, au ve s., c’est une véritable colonisation qui eut lieu : les Irlandais du Dalriada s’établirent dans l’actuel comté d’Argyll. Au vie s., ce royaume scot connut une grande expansion, favorisée par le développement du christianisme, importé d’Irlande. Les Scots parlaient le gaélique, langue celtique.


Les Angles

Ce peuple germanique s’était installé, pour une part, à l’embouchure de l’Humber, en Angleterre. Au vie s., il vint s’établir au sud de l’Écosse, refoulant les Pictes vers le nord : mais, dès la fin du viie s., les rois pictes arrêtèrent leur avance.


Les Bretons

Les invasions germaniques repoussèrent en effet les peuples celtiques de Grande-Bretagne. Une fraction de ces Celtes se replie vers le nord-ouest : vite coupée des Celtes du pays de Galles, puis de ceux du Cumberland, elle forme un royaume indépendant au sud-ouest de l’Écosse, dans le Galloway. La langue était proche du gallois.


La marche vers l’unité

Malgré la diversité de ces quatre populations, l’unification de l’Écosse fut possible grâce à la christianisation et au rôle de Kenneth MacAlpin.

Dès le ve s., des prêtres (peut-être des Bretons) fréquentèrent l’Écosse. Des fouilles ont permis de retrouver les noms de quelques prêtres, et, à Whithorn, les restes d’une église contemporaine de saint Ninian, personnage qui, jusqu’alors, paraissait légendaire.

Il n’en reste pas moins qu’il fallut attendre la venue d’Irlande de saint Colomba (ou Columba), en 563, pour que le christianisme écossais sortît de l’ombre. Colomba fonda en 563 le monastère d’Iona et mourut en 597, après avoir essayé d’établir la paix entre les Scots et les Pictes. Iona essaima aussi bien en Angleterre (Lindisfarne) qu’en Écosse (Coldingham, Melrose) : certes, l’adoption des usages irlandais, en particulier en ce qui concernait la date de Pâques, posa des problèmes. Mais, à partir du viie s., l’influence irlandaise déclina et le clergé adopta des usages romains. Dès lors, les quatre peuples pratiquaient au moins la même religion.