Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

écologie (suite)

Les facteurs édaphiques

Les facteurs édaphiques sont de trois ordres : les facteurs hydriques (liés à l’eau), les facteurs physiques et les facteurs chimiques ; ils jouent un très grand rôle en écologie.


Les facteurs hydriques et ioniques

Il faut distinguer entre les stations aquatiques et les stations terrestres. Dans les premières, ce sont les facteurs hydriques et chimiques qui jouent le rôle le plus important, les facteurs physiques n’intervenant que lors de la mobilité de ces eaux (stations très battues ou calmes sur les côtes, eaux plus ou moins torrentielles, lacs avec ou sans écoulement). D’autres facteurs vont influer sur la qualité des eaux, et en particulier les phénomènes climatiques (température, apport d’eaux ayant solubilisé plus ou moins de gaz et de sels) et la topographie, qui conditionne la mobilité (il y a là influence complexe sur la turbidité, la solubilisation des gaz et la plus ou moins grande présence de micro-organismes). Les gaz dissous sont principalement l’oxygène, le gaz carbonique, l’hydrogène sulfuré et le méthane. L’oxygène dissous a comme source pour une part la solubilisation de l’oxygène de l’air, mais aussi et surtout l’activité photosynthétique du Phytoplancton. Cet oxygène est repris par les animaux, dont il commande la vie : la Truite, par exemple, qui a besoin d’eaux particulièrement oxygénées, se localise dans les eaux claires et turbulentes, alors que la Carpe peut se satisfaire d’eaux calmes moins aérées. Le gaz carbonique, très soluble dans l’eau, au contraire de l’oxygène, provient de celui qui est présent dans les eaux de pluie, de la dissolution des carbonates, de la respiration des organismes et enfin de la décomposition anaérobie de substances carbonées. Les variations de ce gaz dans les eaux sont provoquées par l’action biologique des végétaux aquatiques, et cela conditionne la vie de certains organismes animaux.

Les sels de beaucoup les plus fréquents dans les eaux sont les chlorures, les sulfates et les carbonates, auxquels il faut ajouter parfois les nitrates. L’importance du facteur salinité est considérable. En effet, de grands groupes systématiques sont totalement éliminés par ce facteur : les plantes supérieures (Phanérogames) sont presque totalement absentes des stations salées (sauf un petit nombre d’espèces halophiles comme les Salicornes, les Soudes, les Zostères), alors que les Algues brunes, rouges et quelques Algues vertes prospèrent en mer et sont pratiquement absentes des eaux douces. Chez les animaux, beaucoup de Cœlentérés, d’Échinodermes et même des Mollusques lamellibranches présents dans les océans sont absents dans les eaux douces. Des espèces peuvent, en revanche, vivre dans les deux milieux, comme certains Poissons migrateurs qui remontent les cours d’eau pour y reproduire (Saumon, Esturgeon, Alose) ; l’Anguille présente le phénomène inverse et va frayer en mer. Par endroits, la concentration en sel est nettement plus forte que la moyenne des mers (environ 35 g/l), puisque les eaux sursalées ont jusqu’à 230 g/l (mer Morte) ; la vie y est alors des plus réduites.

Deux phénomènes physico-chimiques caractérisent avec précision les eaux : ce sont l’acidité (mesures de pH) et le potentiel d’oxydoréduction (rH2). L’acidité, fréquemment mesurée dans les eaux libres ou les eaux interstitielles des sols, est évaluée en unité pH de 1 à 14 : la neutralité est obtenue pour un pH de 7, l’acidité ayant des valeurs inférieures et l’alcalinité se plaçant au-dessus. Cette acidité dépend du gaz carbonique et des sels dissous dans l’eau. Les eaux et les sols naturels ont un pH qui ne s’éloigne qu’assez peu de la neutralité : pH 8 pour les sols calcaires et pH 4 pour les sols acides comme les tourbières (3,5 dans les têtes de Sphaignes).

On distingue les espèces à large tolérance (euryioniques) et les espèces à spécificité étroite (sténoioniques) : les unes sont acidophiles tolérantes (la Fougère Aigle, le Châtaignier), d’autres neutrophiles (l’Ortie), d’autres enfin basiphiles, comme certaines Centaurées.

Le potentiel d’oxydoréduction indique le degré d’asphyxie des sols et joue un grand rôle dans la distribution des micro-organismes et des plantes de bords de marais et de tourbières.


Les facteurs physiques

Pour les stations terrestres, les facteurs physiques (texture et structure) sont très importants. La texture (ou granulométrie) correspond à la composition élémentaire, après destruction des agrégats, alors que la structure dépend de la manière dont ces éléments sont groupés. Suivant les pourcentages en sables (particule de 2 mm à 20 μ de diamètre), en limons (de 20 μ à 2 μ) et en colloïdes (inférieurs à 2 μ), on distingue diverses textures : argileuse, équilibrée, limoneuse et sableuse. La granulométrie commande partiellement la distribution des organismes souterrains ; ainsi, les Vers de terre sont surtout fréquents dans les sols limoneux ou argilo-sableux ; certains Vers marins (Arénicoles) vivent dans les sables vaseux ; des Coléoptères, Harpalus tardus par exemple, prospèrent dans les sables fins et les limons. De même, certaines plantes préfèrent les sols sableux (Carex arenaria, Agropyrum juncum, Erodium cicutarium), alors que d’autres espèces (Épine-Vinette, Lychnis floscuculi) vivent dans les sols lourds.

La structure joue, avec la texture, un rôle dans l’aération des sols, donc dans le bilan d’eau. Les sols fins retiennent avec plus de force l’eau que les sols sableux et, pour une même pluviosité, constituent des stations plus humides. Les sols ayant une bonne structure permettent la respiration des racines, car, ordinairement, celles-ci prennent leur oxygène dans les pores grossiers du sol. En période humide, si la structure est mauvaise, il y a asphyxie. Certaines espèces peuvent bien résister à cette asphyxie, les Peupliers et les Frênes moins bien, et l’Épicéa très mal.


Les facteurs chimiques

Extrêmement importants quant à la genèse des sols*, les facteurs chimiques ont également un rôle non négligeable en écologie : teneur en calcium, en sels, en matière organique...