Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

eau (suite)

Selon les pays, les succès obtenus dans le domaine de l’eau sont inégaux : cela tient aux circonstances naturelles, mais plus encore aux conditions du droit et à la mentalité sociale générale. Les déséconomies créées par la mauvaise utilisation des eaux sont le type même des « déséconomies externes ». Faute d’un système qui permette de faire reposer sur les responsables d’une pollution les charges qui naissent de son élimination, les pouvoirs publics demeurent désarmés. L’Allemagne a sans doute fourni dans ce domaine une leçon utile à tous : les idées d’Otto von Gierke en matière de droit des communautés territoriales ont permis la création précoce d’organismes efficaces d’intervention.

Les problèmes les plus graves de sauvegarde des eaux ne se posent pourtant peut-être pas au niveau des eaux continentales : on commence à être alerté à leur sujet et à posséder une expérience non négligeable en matière de protection. Pour les eaux marines, le problème est bien plus difficile ; il suppose des progrès décisifs de la biologie des eaux marines. On constate, semble-t-il, une diminution générale de la vie animale dans les mers et les océans : quelles en sont les causes ? La surexploitation des ressources de la mer ? La pollution par les hydrocarbures rejetés en mer ? La pollution d’origine continentale ? Quand bien même on disposerait de réponses précises à ces questions, on n’aurait pas abordé le problème le plus délicat, qui est celui de l’autorité, dans un domaine soumis aux règles trop souples du droit international.

L’eau est ainsi devenue en une centaine d’années une des ressources auxquelles on attache le plus d’attention dans les pays économiquement avancés. Grâce à l’équipement des chutes, on y a vu un substitut possible de la houille, sur laquelle reposait l’industrialisation du monde. On y voit maintenant un bien dont la pureté demande des sacrifices de plus en plus lourds, alors même que l’apparition d’une civilisation de loisirs multiplie les utilisations récréatives des surfaces d’eau.

P. C.


Évacuation des eaux pluviales et usées


Collecte et évacuation des eaux pluviales ou eaux météoriques

Les eaux de pluie qui s’abattent sur le toit des immeubles sont recueillies par des gouttières ou des chéneaux, d’où elles sont reprises par des descentes.

• Les gouttières, généralement de forme semi-circulaire, sont en zinc ; on les désigne sous le nom de gouttière pendante. Elles sont posées sur des crochets à pente, en fer galvanisé (pour éviter la corrosion par contact de deux métaux différents) ; leur pente est au moins de 5 mm/m ; leur section dépend de la surface à égoutter et de l’estimation de la plus forte pluie, ainsi, bien entendu, que de leur pente. La rigidité nécessaire est assurée par un « ourlet » sur leur rive extérieure ; leurs crochets de soutien sont vissés aux chevrons du toit ; la longueur des éléments de gouttières soudés les uns aux autres (avec un recouvrement de 5 cm) ne dépasse pas 10 m.

• Les chéneaux, de section rectangulaire arrondie aux angles, sont soutenus par des « chanlattes » en bois ; ils sont placés sur l’arase des murs ou sur un entablement.

• Les descentes sont constituées par des tuyaux de zinc. En France, le nombre qui mesure leur section en centimètres carrés est égal au nombre qui mesure en mètres carrés, en plan, la surface de toiture à desservir ; elles sont soutenues par des bagues prenant appui sur des colliers scellés dans le mur ; on les livre traditionnellement en tronçons de 2 m, que l’on emboîte et soude ensuite. Toutefois, pour les grands immeubles modernes, on utilise à présent de longs tubes filés de 4 m en zinc. Si, au lieu d’une toiture, le bâtiment est couvert en terrasse, l’évacuation des eaux pluviales se fait par une « descente-moignon » avec platine en plomb. À la jonction entre le moignon de la gouttière et du chéneau se trouve généralement une cuvette réduisant le tourbillonnement de la chute d’eau qui, par ailleurs, se trouve rejetée par un trop-plein en cas d’engorgement du tuyau de descente ; les changements de direction sont assurés par des coudes, raccordant les gouttières et les chéneaux avec le sommet des tuyaux de descente. Arrivée au bas de la gouttière, l’eau de pluie est dirigée, au moyen d’une canalisation couverte, vers le caniveau situé en bordure du trottoir, qui la conduit à une bouche d’égout. Elle peut aussi être conduite directement à l’égout, notamment dans le système du tout-à-l’égout.


Évacuation des eaux usées des immeubles

Les eaux usées des constructions civiles sont de deux types distincts : les eaux ménagères et les eaux-vannes.

• Les eaux ménagères sont encore fréquemment, dans de nombreuses bourgades, envoyées au caniveau, où elles se mêlent avec les eaux pluviales. Mais cette pratique doit disparaître du fait de l’accroissement général de la consommation d’eau (éviers, machines à laver, lavabos, baignoires, etc.) et aussi en raison des matières véhiculées (détersifs notamment). Une amélioration consiste dans le raccord direct à l’égout d’une part de la descente d’eau de gouttière et, d’autre part, des effluents d’eaux usées qui viennent s’y mêler.

• Les eaux-vannes, évacuées par les chasses de W.-C., ne doivent pas être déversées dans des fossés ou dans des ruisseaux et des rivières à courant lent, pour des raisons d’hygiène. Elles ne doivent pas non plus être conduites dans des fosses perméables (ou « pertes »), car on contaminerait à coup sûr la nappe phréatique.

En ce qui concerne les bâtiments d’habitation, la solution consiste dans le passage des eaux-vannes en fosse septique avant tout rejet à l’extérieur ; on remplace ainsi avantageusement le séjour des eaux-vannes en « fosses étanches », qui le sont rarement, nécessitant des vidages périodiques fort désagréables. Par le passage en fosse septique, les eaux-vannes sont épurées et assainies par l’action désagrégeante et l’attaque biochimique des microbes anaérobies ; le stade final des transformations se résout en dégagement de méthane, d’hydrogène ainsi que de gaz carbonique, et l’effluent, à la sortie, est un liquide semi-clarifié, pratiquement sans odeur et sans nocivité.

Les canalisations d’évacuation des eaux usées et des eaux-vannes ne doivent jamais travailler en charge, pour éviter les refoulements de liquide. Suivant les cas, elles sont en fonte, en acier noir, en plomb, en zinc, en amiante-ciment ou en grès.