Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

dyspnée

Difficulté de la respiration. Le terme de dyspnée ne recouvre pas toutes les modifications du rythme ou de l’amplitude respiratoire, volontaires ou inconscientes. Il ne s’applique pas, notamment, à celles qui ne sont pas ressenties péniblement par les malades.


Les circonstances de survenue des états dyspnéiques sont variables. Ainsi, une dyspnée peut être provoquée par l’effort ; proportionnelle à cet effort, elle cesse avec lui. À l’inverse, elle peut être déclenchée par le décubitus (la position couchée). D’autres caractères des dyspnées aident également à les différencier entre elles : permanentes ou paroxystiques, elles peuvent porter sur les deux temps ou sur un seul temps de la respiration et l’on distingue les dyspnées inspiratoires des dyspnées expiratoires. De plus, il convient d’apprécier les modifications du rythme respiratoire, qui est normalement de 16 respirations par minute chez l’adulte et de 24 à 30 chez l’enfant. Selon les cas, on parle de polypnée (respiration rapide) ou de bradypnée (respiration lente). Enfin, il est important de préciser l’existence ou non de signes associés tels que le tirage, ou dépression des parties molles du thorax, le cornage, ou ronflement inspiratoire, et la cyanose*. Sur le plan clinique, il est possible de distinguer chez l’adulte trois types de dyspnées aiguës.

• Les polypnées superficielles. Elles se manifestent par une respiration rapide de faible amplitude, s’observent au cours d’insuffisances respiratoires aiguës restrictives et peuvent être le témoin d’œdème aigu pulmonaire, d’embolie pulmonaire, de pneumopathie aiguë massive ou encore de pneumothorax. De telles polypnées nécessitent un traitement d’urgence : diurétiques intraveineux et tonicardiaques en cas d’œdème aigu pulmonaire, anticoagulants en cas d’embolie pulmonaire, antibiothérapie en cas de pneumopathie aiguë et exsufflation en cas de pneumothorax. Il convient d’ajouter qu’un épanchement pleural peut s’ajouter à ces diverses affections et nécessiter une ponction évacuatrice.

• Les bradypnées expiratoires. Elles se manifestent par une expiration bruyante et prolongée, et témoignent d’insuffisances respiratoires obstructives. L’affection la plus classiquement en cause est l’asthme*, aisément reconnaissable dans sa forme typique, mais se dégradant souvent au fur et à mesure qu’il évolue et s’intriquant de poussées bronchitiques. À l’origine également de ce type de dyspnée figure une entité discutable pour certains auteurs, le pseudo-asthme cardiaque, équivalent de l’œdème aigu pulmonaire.

• Les bradypnées inspiratoires. Elles sont le reflet d’obstructions laryngées où l’inspiration prolongée, bruyante, s’accompagne souvent de tirage sus-sternal et sus-claviculaire. Particulièrement fréquentes et redoutables chez l’enfant, elles peuvent être le reflet de laryngites aiguës striduleuses (à début brutal, mais avec conservation de l’état général) ou ulcéreuses sous-glottiques (souvent alarmantes dans les suites d’une rougeole), éventuellement du croup (cette affection est devenue rare) et surtout de corps étrangers intralaryngés ou intratrachéaux. Le traitement de ces dyspnées comprend le plus souvent une corticothérapie, mais l’intubation, voire la trachéotomie avec aspiration d’éventuels corps étrangers peuvent être nécessaires.

En dehors de ces trois grands types de dyspnée aiguë existent les mêmes types accompagnant des affections respiratoires de moins grande urgence. Il en est ainsi des bradypnées inspiratoires survenant au cours de tumeurs laryngées et des bradypnées inspiratoires accompagnant les broncho-pneumopathies chroniques (bronchite chronique, dilatation des bronches, emphysème, silicose).

Devant tout état dyspnéique, il faut essayer de retrouver l’étiologie par des investigations appropriées, qui ne pourront souvent être faites qu’une fois la crise passée (radiographies thoraciques, examens de crachats éventuels, hémogrammes, prélèvements de gorge, laryngoscopies ou bronchoscopies, électrocardiogrammes, épreuves fonctionnelles respiratoires, avec, si besoin, dosage des gaz du sang). Outre les traitements particuliers que nous avons cités, le traitement général des dyspnées comporte le repos au lit en position demi-assise, l’oxygénothérapie, voire la respiration assistée par ventilation artificielle et toujours l’aspiration des mucosités ainsi que le réconfort psychologique.

M. R.

 H. Heckscher et R. Elliot, Rééducation fonctionnelle par la gymnastique dans les insuffisances respiratoires chroniques (Masson, 1959). / A. L. Banyai et E. Rayner-Levine, Dyspnea. Diagnosis and Treatment (Oxford, 1963).