Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Düsseldorf (suite)

L’Altstadt (« vieille ville »), cernée jadis par l’enceinte fortifiée de la citadelle, ne couvre que 47 ha, mais abrite encore 26 000 personnes. Si les sièges des grandes affaires et des banques s’installent plus volontiers près de la « Kö » (Königsallee), le vieux centre reste néanmoins très actif. Restaurée après les importantes : destructions de la Seconde Guerre mondiale, la vieille ville attire de nombreux touristes. La Königsallee a été tracée à l’emplacement des fortifications détruites sur l’ordre de Napoléon. L’académie des beaux-arts, la Nouvelle Galerie des arts (Neue Kunsthalle), le Nouveau Théâtre (Neues Schauspielhaus), le théâtre modèle d’Immermann, auxquels il convient d’ajouter des théâtres et des galeries privées, donnent à la ville une renommée certaine dans le domaine culturel en Allemagne. Depuis 1966, Düsseldorf est ville universitaire.


Les fonctions

Sa puissance lui vient, toutefois, de l’installation dans ses murs de quelques grandes entreprises. La construction de la première ligne ferroviaire en Allemagne occidentale, de Düsseldorf à Erkrath, en 1838, entraîna l’installation de la sidérurgie et de la métallurgie. La situation à proximité de la concentration industrielle rhéno-westphalienne fut décisive pour la prospérité urbaine. L’industrie constitue le premier secteur d’activité de la ville. Sa diversité lui assure une solidité en cas de crise. La construction de machines arrive en tête avec 31 000 salariés. Aciéries, fonderies emploient à peu près autant de personnes que le secteur précédent. Les constructions métalliques sont bien représentées et spécialisées dans les équipements portuaires. Elles totalisent 17 000 salariés. La fabrication de tuyaux est une vieille tradition et fait de Düsseldorf un des grands centres mondiaux de cette branche. L’industrie chimique, orientée vers la production de détersifs, de cosmétiques, de vernis et de couleurs, réalise avec seulement 21 000 travailleurs le cinquième du chiffre d’affaires de toute l’industrie ; 7 000 personnes sont employées par les industries du verre, 6 000 dans l’électrotechnique, autant dans les industries alimentaires. Les industries graphiques sont encore importantes avec 5 000 travailleurs, alors qu’avec 2 000 personnes la confection fait plutôt figure de parent pauvre. Aux actifs du secteur industriel, il convient d’ajouter les 45 000 travailleurs artisanaux dont l’apport est non négligeable pour l’économie urbaine. L’emploi d’ouvriers étrangers est une nécessité grandissante (37 000 en 1970). Le bâtiment occupe plus de 21 000 personnes. L’industrie est caractérisée par la prédominance des établissements de grande taille.

Le secteur tertiaire fournit environ 160 000 emplois. Le commerce de gros joue un rôle régional, voire national ou international dans les domaines suivants : fonte, acier, tuyaux, machines, produits alimentaires, céréales, produits chimiques. Sur le plan du commerce de détail, la ville est équipée d’une série de grands magasins offrant un éventail de produits de haute qualité. Düsseldorf passe pour avoir les plus grandes et les plus célèbres bijouteries.

Les activités bancaires sont parmi les plus importantes de la ville. Plus de 20 000 personnes travaillent dans le secteur banques-assurances. C’est autour de la « Kö » que la concentration bancaire marque le plus le paysage urbain. La Dresdner Bank et la Commerzbank, les deuxième et troisième banques allemandes, ont leur siège social à Düsseldorf. Sur le plan bancaire, la ville rivalise avec Francfort ; elle dépasse largement toutes les autres villes de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. À côté de la « Kö », il faut mentionner la Berliner Allee, qui exprime l’urbanisme moderne. Le building de la caisse d’épargne et le building Mannesmann illustrent ce dernier. La caisse d’épargne joue un rôle économique de premier plan.

Le trafic portuaire (2,7 Mt) paraît faible. Il est néanmoins important pour les activités industrielles. Cependant, voies ferrées et autoroutes sont plus déterminantes de nos jours. Au départ de la gare centrale, on compte près de quatre cents trains par jour, dont trente-cinq assurent des relations avec l’étranger. L’aéroport figure au troisième rang des aéroports allemands et au douzième rang des aéroports européens (66 000 avions en 1969, transportant 2,9 millions de passagers, 29 000 t de fret et 5 200 t de courrier). Les travaux d’extension doivent permettre de recevoir 5,5 millions de passagers dès 1972.

Le rôle régional de Düsseldorf ne découle pas uniquement de la présence dans ses murs de la diète de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. L’installation de quelques grandes banques et quelques gigantesques konzerns (Mannesmann AG.) y contribue tout autant. Quotidiennement, la ville reçoit plus de 72 000 travailleurs venant de l’extérieur.

L’attraction de Düsseldorf sur les sociétés étrangères ne cesse de s’amplifier. La ville compte le plus grand nombre d’établissements japonais dans une ville européenne, soit quatre-vingts au total. De même, l’Inde a choisi Düsseldorf comme base de pénétration en Europe continental.

F. R.

Dutilleux (Henri)

Compositeur français (Angers 1916).


Premier grand prix de Rome en 1938, chef de chant à l’Opéra, il est, à la Libération, chargé de la direction du service de créations musicales à la R. T. F. (1945-1963), poste qu’il quittera ensuite pour se consacrer entièrement à la composition. Nommé en 1961 professeur à l’École normale de musique et en 1970 professeur associé pour la composition au Conservatoire de Paris, il a été en 1967 le premier titulaire du grand prix national de la Musique (Affaires culturelles).

Dans sa sonate pour piano (1947), Dutilleux manifeste son détachement vis-à-vis des canons établis. En 1951, sa première symphonie lui vaut une renommée internationale, qui sera confirmée à la suite de deux voyages aux États-Unis, le premier ayant lieu en 1959, à l’occasion de la création de la deuxième symphonie (le Double), commande de la Fondation Koussevitski et du Boston Symphony Orchestra, qui en assure l’exécution. Entre-temps, le ballet le Loup (1953), écrit à la demande de Roland Petit, est aussi très remarqué. En 1965, Dutilleux entreprend un second séjour aux États-Unis pour les Métaboles, commande du Cleveland Orchestra. Cette œuvre, en cinq parties (Incantatoire, Linéaire, Obsessionnel, Torpide et Flamboyant), consacre la maîtrise du compositeur dans tous les domaines, le maniement de l’orchestre et celui du langage étant déterminés par une conception très originale du principe de la variation appliqué à un thème principal. Le concerto pour violoncelle intitulé Tout un monde lointain est écrit en 1970 à la demande de M. L. Rostropovitch, le célèbre virtuose soviétique.