Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Dufy (Raoul) (suite)

Il travaille à Deauville (1935), reçoit en 1936 la commande d’une vaste composition (600 m2) pour le pavillon de l’électricité à l’Exposition internationale de 1937 (la Fée Électricité) ; autres commandes : deux décorations pour la singerie du Jardin des Plantes, à Paris, et, pour le théâtre du palais de Chaillot, la Seine, de Paris à son embouchure. Il transpose à sa manière, en hommage à Renoir, le Moulin de la Galette (1939-1943), établit les décors pour les Fiancés du Havre de Salacrou (Comédie-Française, 1944) et l’Invitation au château d’Anouilh (New York, 1951). En 1952, il s’installe à Forcalquier, obtient le grand prix de peinture à la Biennale de Venise et vient passer quelques mois à Paris, dans l’atelier de l’impasse Guelma dont il était locataire depuis 1911. Il meurt sans avoir pu visiter la grande exposition récapitulative de son œuvre organisée au musée de Genève. Dufy est représenté dans les grandes collections publiques du monde et, largement, au musée des Beaux-Arts de la ville de Paris (donation Girardin).

M. G.

 M. Beer de Turique, Raoul Dufy (Floury, 1930). / M. Gauthier, Raoul Dufy (les Gémeaux, 1949). / P. Courthion, Raoul Dufy (P. Cailler, Genève, 1951). / R. Cogniat, Dufy décorateur (P. Cailler, Genève, 1957). / Dessins de Raoul Dufy (Mermod, Lausanne, 1959). / M. Laffaille et B. Dorival, Raoul Dufy. Catalogue raisonné de l’œuvre peint (Motte, Genève, 1972-73 ; 2 vol.).

Duguit (Léon)

Juriste français (Libourne 1859 - Bordeaux 1928).


Après avoir fait ses études de droit à Bordeaux (docteur en 1881, agrégé en 1883), il enseigna d’abord à Caen avant de revenir, en 1886, à la faculté de droit de Bordeaux, dont il devint le doyen en 1919. « Anarchiste de la chaire », comme le qualifie Maurice Hauriou*, il tenta une action politique (aux élections municipales de Bordeaux en 1908, où il fut élu, ainsi qu’à des élections législatives de la Gironde, dont il se retira au second tour) et voyagea beaucoup. Son œuvre écrite est souvent issue de ses cours : l’État, le droit objectif et la loi positive (1901), Traité de droit constitutionnel en 5 volumes (1911-1925), les Transformations générales du droit privé (1912), les Transformations générales du droit public (1913), le Pragmatisme juridique (1924), Leçons de droit public général (1926) et les Doctrines juridiques objectivistes (1927).

Le côté le plus original de Duguit est sa méthode : « N’affirmer comme vrai que ce que l’on constate par l’observation directe et bannir du domaine juridique tous les concepts a priori. » Il fait appel pour cela à la sociologie et à l’économie. Enfin, il raisonne surtout par opposition : « Notre but n’est point de dire ce qu’est l’État, ce qu’est le Droit, mais plutôt de dire ce qu’ils ne sont pas » afin de « briser les cadres étroits et artificiels dans lesquels s’enferme depuis des siècles la pensée juridique ». Ces méthodes positivistes conduisent nécessairement à objectiviser le droit tout entier.

• Le droit. Dans le mécanisme social, le droit n’est plus transcendant et immuable mais relatif et évolutif. Il n’existe pas en dehors de la société dont il est le fruit ; la loi ne crée pas le droit, mais, au contraire, elle constate le droit et permet sa réalisation technique. Quant aux « droits de l’homme », ce ne sont que des situations juridiques, des fonctions économiques ou sociales (ainsi de la propriété).

• La société. À l’origine de tout ordonnancement social serait la conscience de l’homme, exclusivement individuelle mais à contenu exclusivement social ; la règle sociale se transforme en règle économique ou morale, puis en règle juridique (sentiments de socialité et de justice).

• L’État. Ce dernier trouve normalement sa place dans ce processus : ce n’est plus une personnalité morale, mais un simple fait, entre autres, de la différenciation évolutive entre gouvernants et gouvernés. La théorie d’un pouvoir décentralisé reposant sur les syndicats et les services publics et fondé sur l’économie mène à celle de la responsabilité du service public et des collectivités publiques.

M.-A. L.

Duisburg

V. de l’Allemagne occidentale, dans la Ruhr, sur le Rhin ; 458 000 hab.


Colosse industriel, complexe portuaire, métropole du fer et du charbon, ville universitaire, porte de la Rhénanie, autant d’appellations exactes qui montrent le caractère complet de Duisburg. Du kilomètre 760 au kilomètre 790, la rive droite du Rhin s’appelle Duisburg. Le soir, les milliers de lumières, témoins des activités industrielles de cette grande cité, se reflètent dans les eaux du Rhin, offrant un spectacle féerique où s’allient l’efficacité industrielle et la beauté artistique. Porte de la Rhénanie et de la Ruhr, Duisburg est situé à l’extrémité ouest du Hellweg, cette voie de passage qui court au pied du Massif schisteux rhénan et mène vers les Börden à l’est. Bien qu’appartenant à la Hanse, la ville ne joue qu’un rôle secondaire au Moyen Âge, éclipsée par Cologne. Ce fut l’exploitation du charbon de la Ruhr qui suscita un développement rapide. De 5 230 habitants en 1819, la population passe à 61 000 en 1871 et à 269 000 en 1905. La progression continue tout au long de la première moitié du xxe s. : 421 000 en 1925 et 501 000 en 1961. La crise houillère, mais aussi les opérations de rénovation urbaine entreprises au centre de la cité ont entraîné une diminution de la population.

La situation de la ville au confluent du Rhin et de la Ruhr a donné naissance au plus grand complexe portuaire fluvial de l’Europe continentale. Entre 30 et 40 Mt de marchandises, essentiellement du charbon, du minerai et des produits sidérurgiques, passent par le port de Ruhrort-Duisburg ; 23 bassins assurent ce trafic. Dans un rayon de 50 km autour de la ville vivent 8 millions d’habitants donnant à la ville des fonctions centrales développées et permettant au port d’avoir un important rôle dans la redistribution des marchandises.

Ville jeune, Duisburg est aussi une ville dynamique. Elle doit tout à l’industrie et, de ce fait, est obligée de faire face aux problèmes de la reconversion des houillères, qui la touche de très près. L’industrie occupe plus de 100 000 salariés, dont 49 000 dans la sidérurgie. Ce chiffre paraît faible en comparaison des 251 000 actifs, mais il faut souligner que bien des activités du secteur tertiaire, banque, transport, administration, découlent du travail industriel. Duisburg est le centre de la sidérurgie allemande. À ce titre, d’importants konzerns ont leur siège dans la cité, dont August-Thyssen-Hütte AG. Le siège social de Duisburg-Hamborn commande à 106 000 salariés.