Dubrovnik (suite)
Le passé économique
Par sa situation géographique, Dubrovnik s’est trouvée tournée vers la mer et le commerce dès le xie s. Elle se donne, parmi les premières villes d’Europe, une organisation sanitaire dès la fin du xiiie s. : système de canalisations (1296), service médical (1301), établissement de la première pharmacie (1317). Au xve s., la ville a 5 500 habitants, et la république 28 000. La base économique est l’activité manufacturière : chantiers navals, fonderie de cloches et de canons, peausseries, savonneries, tissage, bijouterie, reliure. Aux xvie et xviie s., la république est à son apogée, ayant obtenu des Turcs la liberté de mouvement dans les Balkans. Elle devient un des principaux centres commerciaux de la Méditerranée, ce dont témoigne son réseau de 150 consulats. Un tremblement de terre qui détruit la ville en 1667 marque aussi le début de son déclin.
L’art
Dubrovnik se présente aujourd’hui comme un tout urbanistique et architectural. Elle a été reconstruite plusieurs fois, toujours d’une façon rationnelle et sur des plans définis à l’avance, à l’intérieur de murailles qui, dans leur tracé actuel, ont été élevées à partir des xiie-xiiie s. et constamment renforcées jusqu’au milieu du xviie s. Cette enceinte, percée de quatre portes, a 22 m de haut et 1 940 m de tour. La ville présente encore, malgré le séisme de 1667, des monuments de toutes les époques et de tous les styles, excepté le byzantin, qui n’y a jamais été représenté : chapelles préromanes ; couvents franciscain et dominicain romano-gothiques ; fontaines et palais gothico-renaissants ou renaissants, notamment le palais des Recteurs (actuellement musée) et le palais Sponza, qui abritait les douanes et qu’on appelle encore, de ce fait, Divona ; palais, cathédrale et église Saint-Blaise, enfin, d’époque baroque.
Dubrovnik est, dans son essence, une cité à la fois croate et européenne. Y ont travaillé des architectes et sculpteurs italiens — parmi lesquels Michelozzo, Onofrio della Cava, Salvi di Michiele —, croates — comme Georges le Dalmate, Nićifor Ranjina, Pripko Radončić —, albanais, tel Miho Brajkov de Bar. Églises et palais abritent des toiles de Titien, de Palma le Vieux, du Parmesan, de Vasari, du Pordenone, ainsi que des peintres croates de l’« école de Dubrovnik » : Nikola Božidarević († 1517), Dobrić Dobrićević (v. 1450-1528), Mihajlo Hamzić.
Les lettres
La langue de l’administration était l’italien, celles des lettres étant le latin et le croate. À Dubrovnik est née la littérature moderne croate avec les poètes trouvères des xve-xvie s., mais les noms les plus illustres, et toujours vivants, sont ceux de l’auteur de comédies Marin Držić (1508-1567), du poète lyrique Ivan Gundulić (v. 1589-1638) et du philosophe et mathématicien Rudjer Bošković (Boscovitch) [1711-1787].
A. Z.
➙ Croatie / Yougoslavie.
B. Krekić, Dubrovnik (Raguse) et le Levant au Moyen Âge (Mouton, 1961).