Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Dubček (Alexander)

Homme politique tchécoslovaque (Uhrovec, près de Topol’čany [Slovaquie], 1921).


Lorsqu’en janvier 1968 le comité central choisit Dubček pour succéder à Novotný à la tête du parti communiste tchécoslovaque, il n’a pas l’intention d’élire un réformiste. Il cherche un candidat de compromis entre les tendances qui ont renversé Novotný en une coalition disparate : nationalistes slovaques, intellectuels avides de libéralisation, économistes désireux de préserver les réformes, opportunistes qui espèrent éviter par un changement de personne un changement de régime.

Slovaque, Dubček doit apaiser le mécontentement de la Slovaquie ; ce fils de communiste, qui a longtemps vécu en U. R. S. S. avant de faire une carrière classique dans l’appareil du parti, doit trouver un accueil favorable à Moscou. C’est un homme honnête, profondément sincère mais parfois irrésolu.

Il se révèle à lui-même durant les mois du « printemps de Prague » lorsqu’il prend la tête d’un mouvement profond et spontané qui se préparait depuis 1964. La libération de la presse, de la radio permet d’ouvrir une libre discussion à tous les échelons du gouvernement et du parti. Rejetant les erreurs du stalinisme et du novotnysme, la nouvelle direction du parti cherche à définir un « socialisme à visage humain », adapté à la révolution technologique du xxe s., qui pourrait servir de modèle pour les sociétés industrielles avancées.

Ce mouvement de libéralisation qui se poursuit en Tchécoslovaquie avec plusieurs années de retard sur la Pologne et sur la Hongrie part de l’intérieur même du parti communiste, des cadres politiques proches du sommet de la hiérarchie. Il trouve un accueil enthousiaste dans la population, surtout parmi les jeunes. Dubček symbolise ce nouveau cours ; il sait inspirer confiance, garantir la réalité des changements. Mais il impose une direction prudente, n’approuve pas le général Vóclav Prchlik, qui envisage une réforme du pacte de Varsovie, ne donne pas son aval, en juin 1968, au « manifeste des deux mille mots ». Il ne consent pas à la création de partis d’opposition et s’oppose fermement à la renaissance du parti social-démocrate. Dans son souci de conciliation, il se refuse aux changements de personnel, limite l’épuration de la police et de certains éléments de l’armée.

Sa politique se heurte à l’U. R. S. S., dont il espère désarmer la méfiance. Ne maintient-il pas la politique étrangère tchécoslovaque dans la voie d’une stricte orthodoxie ? À Čierna nad Tisou, à Bratislava, il pense avoir apaisé ses interlocuteurs. Il peut compter sur l’appui plus ou moins affirmé des partis communistes occidentaux. Mais l’Union soviétique s’inquiète de la liberté d’expression qui rompt avec la tradition du secret, de la suppression du contrôle qu’elle exerçait sur la politique intérieure tchécoslovaque ; surtout, pour des raisons idéologiques, elle se refuse à admettre un autre modèle du socialisme, différent du modèle soviétique, dont le centre serait Prague et non Moscou.

D’où l’intervention militaire d’août 1968. Pour Dubček, ce fut d’abord un drame personnel : « Quelle tragédie ! Je ne m’attendais pas à cela. » Il est emprisonné par les Soviétiques au moment même où il réalise, dans les journées d’août, l’unanimité autour de sa personnalité. Il signe à Moscou un compromis. C’est un homme moralement et physiquement brisé qui revient à Prague le 27 août. L’équipe dirigeante Dubček-Smrkovský-Svoboda-Husák tente de se maintenir au pouvoir par une solidarité sans faille. Mais, désormais, Dubček est incapable d’appliquer la politique du printemps, sans pouvoir en concevoir une autre. Les mesures contre la presse, le limogeage progressif des réformistes brisent l’alliance dans le groupe dirigeant. Husák, avec l’aide des Soviétiques, s’impose en face de Dubček comme premier secrétaire du parti (17 avr.).

Après avril 1969, les nouveaux dirigeants l’ont d’abord critiqué en le présentant comme un homme faible et incapable, avant d’en faire en août 1969 l’homme d’une « politique à double face », l’un des chefs de la contre-révolution.

B. M.

La carrière de Dubček

1921

Naissance à Uhrovec (Slovaquie).

1925-1938

Émigration en U. R. S. S. (Frounze et Gorki).

1939

Adhère au parti communiste ; ouvrier à Dubnica (usines Skoda).

1949

1er secrétaire régional du parti à Trenčín.

1955-1958

Études à l’École supérieure politique de Moscou.

1958

Membre du comité central du parti communiste tchécoslovaque.

1960

Secrétaire du parti communiste tchécoslovaque.

1963

Premier secrétaire du parti communiste slovaque.

5 janv. 1968

Premier secrétaire du parti communiste tchécoslovaque.

17 avr. 1969

Remplacé par Gustáv Husák au poste de premier secrétaire ; devient président du parlement fédéral.

27 sept. 1969

Exclu du praesidium, démissionne de la présidence du parlement fédéral.

21 mars 1970

Suspendu pour enquête par le parti communiste.

juin 1970

Relevé du poste d’ambassadeur en Turquie, où il avait été nommé le 15 décembre 1969, il est exclu du parti.

Dublin

Capit. de la république d’Irlande (Eire) et, de loin, première ville et principal centre économique et culturel du pays.



Le site

Le nom de Dublin, adopté par la langue anglaise, a une étymologie celte (Dubh Linn, la lagune sombre), de même que le nom officiel, ressuscité en 1921, Baile Átha Cliath (la ville du gué aux claies) ; tous deux témoignent d’une origine ancienne et d’un site fluvial et maritime.

Dublin est située sur la côte orientale de l’Irlande, au fond d’une baie semi-circulaire où débouche un petit fleuve, la Liffey. Un massif primaire inhospitalier, les monts Wicklow, limite rapidement l’extension de la ville vers le sud. Au sud-est, une étroite plaine littorale se glisse entre les monts Wicklow et la mer. Un pointement de schistes et de quartzites cambriens constitue au nord-est l’ossature de la péninsule de Howth, rattachée à l’Irlande par un tombolo de sable. Vers le nord et vers l’ouest, l’agglomération ne rencontre aucun obstacle important ; la plaine centrale irlandaise s’avance en effet jusqu’à la mer, avec son soubassement de calcaire carbonifère tapissé d’une couche de moraine de fond abandonnée par le glacier quaternaire ; mais cette plaine marécageuse est difficile à drainer. Tout le quartier est de la ville a été gagné sur les tourbes et les argiles glaciaires de la baie.

Le cours ouest-est de la Liffey coupe l’agglomération de Dublin en deux parties égales et forme l’axe principal du plan urbain, typiquement radioconcentrique.

C. M.