Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Dominicaine (république) (suite)

Les aménagements agricoles

De vastes travaux d’hydraulique agricole ont été entrepris sous Trujillo et se poursuivent actuellement. Ils consistent en l’irrigation de régions sèches ou insuffisamment arrosées pour permettre des cultures continues (basse vallée du río Yaque del Norte, autour de Valverde, de Santiago, de La Vega, de Cotuí dans le Cibao, autour de Baní au sud, dans la plaine d’Azua, dans la vallée de San Juan, autour de Barahona et de Neiba). Au total, il y a 80 000 ha irrigués sur un projet portant sur 140 000 ha. D’autre part, des zones trop humides ont été drainées et assainies (basse vallée du río Yuna).


Les productions agricoles

On peut distinguer trois grands types de productions : les cultures de plantation, commercialisables sur le marché mondial ; les cultures vivrières, pour la consommation locale ; l’élevage.

Les cultures commerciales. La canne à sucre. Elle occupe une place primordiale, et les exportations de sucre et de produits dérivés représentent encore la moitié des exportations (71 p. 100 en 1940).

La production de sucre brut a évolué de la manière suivante :

Les superficies plantées s’étendent sur près de 200 000 ha et se localisent essentiellement dans les plaines du sud du pays : grande plaine littorale méridionale de La Romana à San Cristóbal, qui forme un véritable « Sugar Belt » ; plaine côtière au sud-ouest de Barahona.

L’organisation de la production est remarquablement concentrée. Les grandes sociétés intègrent la terre, qu’elles cultivent le plus souvent directement, l’usine et le port sucrier. La Corporación Azucarera de la República Dominica (société d’État) possède onze des seize usines en activité, dont quatre des cinq plus grosses, parmi lesquelles celle de Río Haina, à laquelle est associé un port sucrier et qui est entourée par 40 000 ha de canne.

La majeure partie du sucre dominicain est acheté par les États-Unis dans le cadre de contrats.

Le cacao. Avec 30 000 t de cacao par an, l’État est le seul producteur notable de la Caraïbe (7 p. 100 des exportations du pays). Les trois quarts des cacaoyers se trouvent dans La Vega Real, le reste dans la région de Samaná et dans la Cordillère septentrionale. Il y a de grandes plantations de 15 à 30 ha, mais aussi de très nombreux petits planteurs (de 2,5 à 8 ha). Les États-Unis sont le principal client.

Le café. La république Dominicaine a supplanté Haïti, avec une production annuelle de 45 000 t d’excellent café (environ 10 p. 100 des exportations). Le café est une culture de pentes et de montagnes et de petits paysans, qui l’associent à des plantes vivrières. Les flancs nord, sud et est de la Cordillère centrale, les sierras de Ocoa et de Bahoruco, les environs de San Juan sont les principales zones caféières. Les États-Unis sont encore le principal client.

Le tabac. C’est une vieille production d’origine amérindienne. La production (35 000 t), qui se localise dans le Cibao occidental et autour de Santiago, est aux mains de moyens et petits planteurs. Elle n’est, malheureusement, pas de bonne qualité.

Le bananier. On le cultive partout, mais seules quelques régions se sont spécialisées dans l’exportation (la basse vallée du río Yaque del Norte, la région de Puerto Plata, celle de La Vega et autour d’Azua).

L’essor de la riziculture inondée. Le développement de la riziculture date de 1925 et résulte des besoins des plantations de canne, où les ouvriers sont de gros consommateurs de riz. Il est lié aux progrès du contrôle des eaux. La production est passée de 41 000 t en 1951 à 177 000 t en 1973. Les rizières s’étendent dans la basse vallée du río Yaque del Norte, la basse vallée du Yuna, autour de La Vega et d’El Seibo. La production satisfait les besoins du pays.

Les autres cultures vivrières. Elles présentent une gamme très variée ; toutefois, le maïs (40 000 t), le manioc et plus récemment l’arachide (70 000 t) occupent une place importante. On les rencontre presque partout (sauf dans les zones sucrières) dans de petites exploitations.

Le renouveau de l’élevage. L’élevage est une vieille tradition de l’époque coloniale. Il s’est modernisé après 1945 ; la race bovine a été améliorée, et des abattoirs modernes ont été installés (Saint-Domingue). L’élevage bovin pour la viande domine à l’est, au sud-est et dans la vallée de San Juan ; l’élevage pour le lait, déficitaire, se localise surtout dans le Cibao, de même que l’élevage des porcs grâce au maïs. Les régions sèches ont de gros troupeaux de chèvres. La république Dominicaine exporte de la viande de boucherie.


Le développement industriel et les problèmes économiques

Bien que fragmentaire, le développement industriel n’est pas négligeable. Les industries extractives produisent de la bauxite (1 411 000 t près de Pedernales, par l’Alcoa [Aluminium Company of America]), du gypse et du sel (dans la dépression du lac Enriquillo) ; des gisements de nickel devraient être exploités prochainement (près de Bonao). Il existe quelques grosses industries : cimenteries, près de Saint-Domingue, et des usines d’engrais. Mais près des trois quarts des industries transforment des produits ou des matières premières agricoles locales pour la consommation intérieure (alimentation, textiles, cuirs, etc.) et sont constituées par de petites entreprises localisées à Santiago ou dans la capitale. L’économie reste donc dépendante de l’importation des pays industrialisés de produits fabriqués de haute valeur, les appareils mécaniques en particulier. Or, la croissance démographique rend impérieuse la création d’emplois nouveaux ; ceux-ci ne peuvent être tous trouvés à la campagne, même si de nouvelles terres sont mises en culture. Industrialiser le pays est donc devenu une nécessité vitale. Malheureusement, l’instabilité politique de ces dernières années n’y est pas favorable. Des projets prometteurs sont en cours de réalisation (raffinerie de pétrole, barrages, recherche minière, zones industrielles, tourisme), mais seront-ils suffisants pour faire face aux besoins ?

J.-C. G.

➙ Antilles / Haïti / Saint-Domingue.