Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

distillation du pétrole (suite)

Depuis 1970, on sait construire des toppings de 8 à 10 millions de tonnes de capacité annuelle, dont la tour principale a une hauteur de 50 m, un diamètre de 8 m et pèse à vide plus de 300 t. Des colonnes de ce genre ne peuvent plus être transportées en une seule pièce et doivent être assemblées sur place. Lors de l’épreuve hydraulique, permettant de vérifier la résistance à la pression de l’appareil terminé, le poids sur les fondations atteint 3 000 t.


Fractionnement complémentaire

La plupart des toppings actuels comprennent des équipements de désulfuration intégrée, de manière que les produits quittent l’unité à l’état raffiné. Dans ce cas, il peut être avantageux de désulfurer en bloc le mélange de plusieurs produits et de les fractionner ensuite. C’est ainsi que les gaz liquéfiés, la gazoline et le naphta, sont d’abord désulfurés, puis redistillés dans une série de tours :
1o un débutaniseur, qui, traditionnellement appelé stabilisateur, sépare les gaz liquéfiés (tête) de la coupe « gazoline + naphta » (queue) ;
2o un déséthaniseur, qui, après un traitement de désulfuration à l’aminé, débarrasse les gaz liquéfiés de l’éthane (gaz combustible) ;
3o un dépropaniseur, qui sépare le propane du butane, chacun d’eux recevant un traitement final à la soude caustique ;
4o un refractionneur de gazoline et de naphta ;
5o une installation de superfractionnement, qui sépare, dans une colonne à grand nombre de plateaux, les essences spéciales, solvants et composants à haut indice d’octane comme l’isopentane et l’isooctane.


Stripping

Les soutirages de kérosène et de gasoil livrent des coupes contenant encore des traces de produits volatils qui les rendent trop inflammables, donc dangereux. Ces éléments indésirables sont éliminés dans de petites colonnes qui, appelées strippers ou tours de stripping (entraînement), assurent leur service grâce à une injection de vapeur, un rebouilleur ou une mise sous vide.


Autres distillations

Le topping est, certes, la plus grosse unité d’une raffinerie de pétrole, mais il existe également de nombreux autres groupes de distillation plus petits, utilisés chaque fois que l’on veut refractionner des produits. C’est ainsi que le résidu atmosphérique, obtenu en fond de tour du topping, doit être fractionné à son tour pour la fabrication des huiles lubrifiantes, des bitumes, des paraffines et de certains distillats (combustibles pour turbines à gaz). Cette opération est très rentable, du fait que ce résidu contient encore des quantités très considérables, 25 p. 100 du brut environ, de fractions que l’on peut valoriser par craquage catalytique ou par hydrocraquage. Au lieu de vendre le résidu tel quel sous forme de fuel-oil (mazout lourd), on peut procéder à son fractionnement par distillation sous vide. Pour arriver à évaporer correctement les distillats, il faut un vide assez poussé (50 mm de mercure de pression absolue), que l’on obtient à l’aide d’éjecteurs à vapeur. Inversement, la redistillation des produits les plus volatils nécessite des pressions de plus en plus élevées pour obtenir leur liquéfaction. Pour liquéfier à la température ambiante l’éthane, qui est volatil à la pression atmosphérique à partir de – 84 °C, il faut une pression de 50 bars dans le déséthaniseur.

A.-H. S.

➙ Cracking / Désulfuration / Four / Hydrogénation / Raffinage.

 P. Wuithier, le Pétrole, raffinage et génie chimique, t. I (Technip, 1965).

distribution

Action de mettre à la portée des consommateurs et des utilisateurs les biens ou les services dont ils peuvent avoir besoin, et cela quel que soit l’éloignement des centres de production.


Cette action commence au moment où le produit est en état d’être commercialisé ou vendu dans les locaux du producteur et s’arrête lorsqu’il est entre les mains du consommateur ou de l’utilisateur final. Entre le producteur et le consommateur, un ou plusieurs intermédiaires peuvent intervenir, et la distribution est réalisée à travers un circuit long ou un circuit court. Plusieurs circuits peuvent exister simultanément pour un même produit. Un aspirateur, pour parvenir jusqu’à la consommatrice, peut emprunter au moins six circuits (1, 2 et 3 sont des circuits courts ; 4, 5 et 6 sont des circuits longs). S’il s’agit d’un produit à incorporer dans une fabrication, comme un matériau, les circuits sont encore plus complexes.

Depuis 1960 environ, les systèmes de distribution (ce que le public appelle entreprises commerciales), ayant pour but de mettre à la disposition des consommateurs les produits ou les services dont ils ont besoin, ont été affectés de profonds changements.


Une récente révolution

Si la distribution a été amenée à faire des efforts de modernisation, d’équipement et d’adaptation, c’est sous l’influence d’une révolution d’ensemble de l’économie et de la société. En effet, entre une production de masse et une consommation de masse, l’appareil commercial ne pouvait conserver indéfiniment une forme artisanale. Plus précisément, différents facteurs ont joué dans le sens de la modernisation : production de masse des biens de consommation d’origine industrielle ; développement corrélatif des techniques de normalisation, de conditionnement et de publicité ; accroissement de la production agricole ; transformation des denrées périssables, qui sont de moins en moins consommées en l’état ; élévation du niveau de vie, qui se manifeste par une modification de la demande et des préférences des consommateurs ; croissance démographique accentuant le poids des classes jeunes, sensibles à une commercialisation de style nouveau ; concentration urbaine et diminution de la population rurale, imposant de nouvelles formules de vente ; enfin, renforcement de la concurrence internationale par l’abaissement des barrières douanières dans le Marché commun.

Cette modernisation a été réalisable parce qu’elle a pu s’appuyer sur un renouvellement des méthodes de commercialisation. Elle a débuté en premier lieu par l’introduction du libre-service et par l’extension de l’assortiment : ce dernier est désormais davantage facteur des besoins de la clientèle à servir que de la spécialisation des producteurs ou des grossistes.