Dipneustes (suite)
Les Cératodidés sont connus depuis le Carbonifère (Proceratodus) jusqu’à nos jours. Le genre Ceratodus apparaît au Trias et peuple le monde entier à l’ère secondaire. Le genre actuel Neoceratodus comporte une seule espèce, N. forsteri, qui ressemble beaucoup aux Dipneustes fossiles, avec de grandes écailles, des nageoires paires en forme de palettes écailleuses et un seul poumon. Ce Poisson possède quatre paires de branchies, si bien qu’il ne vient pas respirer en surface dans une eau normalement oxygénée. Mesurant 1,80 m et pesant 40 kg, il vit dans les rivières du nord-est de l’Australie ; il a été introduit dans le Queensland. C’est un poisson indolent, herbivore, qui pond des œufs éclosant très vite. Les larves se transforment peu à peu en adultes sans subir de métamorphoses.
Les Lépidosirénidés sont connus depuis le début de l’ère tertiaire. Ils possèdent deux poumons. Le corps, allongé, anguilliforme, peut atteindre 1 à 2 m, et les nageoires paires forment des filaments longs et grêles. Les écailles, petites et incluses dans le derme, laissent la peau apparemment nue. Le genre Lepidosiren comporte une seule espèce L. paradoxa, des eaux marécageuses du Brésil. Ce Poisson possède trois paires de branchies, mais doit respirer l’air en surface, même en eau bien oxygénée. Le genre Protopterus comporte quatre espèces africaines : P. annectens et P. amphibius, d’Afrique occidentale ; P. dolloi, du Congo ; P. œthiopicus, du Congo, du Nil et des grands lacs. Les Protoptères n’ont que deux paires de branchies et sont tout à fait incapables de survivre si on les empêche de respirer en surface.
Les Protoptères d’Afrique occidentale et le Lépidosirène brésilien, qui vivent dans des mares temporaires, passent la saison sèche dans des terriers qu’ils creusent dans la boue : c’est l’estivation, particularité qui a surtout été étudiée chez l’espèce Protopterus annectens. Ce Poisson s’enferme dans un cocon de mucus durci qui ne gêne pas la respiration. Il est en état de vie ralentie et perd jusqu’au quart de son poids pendant une saison sèche ; on a pu prolonger cet état pendant quatre ans. Dans son terrier, il a le corps recourbé en U, la queue recouvrant plus ou moins la tête. Le retour des eaux permet au Protoptère de sortir de son cocon et de recouvrer son activité.
La reproduction a lieu au début de la saison des pluies. Les œufs sont pondus dans un terrier en U que le mâle surveille et ventile de battements de queue. Ils éclosent rapidement et donnent naissance à des larves « têtards » pourvues de branchies externes et d’un organe adhésif ventral. Ces branchies externes disparaissent dès la mise en place de la respiration pulmonaire. Les Lépidosirènes ont un mode de reproduction analogue : les œufs sont pondus dans un terrier en cul-de-sac que garde le mâle ; celui-ci acquiert à ce moment des filaments caudaux richement vascularisés, grâce auxquels il peut oxygéner l’eau qui baigne les œufs.
R. B.
C. Arambourg et J. Guibé, « les Dipneustes », dans Traité de Zoologie, sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIII, fasc. 3 (Masson, 1958).