Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Dinosaures (suite)

Classification

Les Dinosaures ne constituent pas un groupe zoologique bien défini. Il s’agit en général de grands Reptiles, qui, comme les Reptiles Thécodontes du Trias, dont ils sont les descendants, possédaient une fenêtre antéorbitaire paire.

On divise les Dinosaures en Saurischiens, ou Sauripelviens, et en Ornithischiens, ou Avipelviens. Les Sauripelviens ont un bassin comparable à celui des Reptiles avec un ilion massif, un ischion et un pubis séparés, l’ensemble ayant une forme triradiée ; les deux pubis droit et gauche se touchaient. Les Avipelviens ont au contraire un bassin qui rappelle celui des Oiseaux : ce bassin présente un ilion, un ischion, un pubis, mais, de plus, un prépubis en avant de ce dernier os ; il a donc chez les Avipelviens une forme tétraradiée ; les deux pubis droit et gauche, de plus, sont séparés l’un de l’autre. Il y a donc convergence quant à l’anatomie du bassin chez les Avipelviens et chez les Oiseaux : cependant, chez ces derniers, il n’y a pas de prépubis, mais, en même position, un processus dit « pectiné », dont les homologies sont discutées. Les Saurischiens comprennent à leur tour deux groupes principaux : les Théropodes, carnivores, et les Sauropodes, considérés en général comme végétariens, mais dont certains mangeaient peut-être des coquillages.


Des animaux géants

À partir du Jurassique, les Dinosaures sont le plus souvent caractérisés par leur gigantisme. Ce gigantisme implique un certain nombre de conditions auxquelles l’animal se trouve soumis : le corps devait être soutenu par un squelette massif ; à défaut de ce soutien, l’animal serait mort par compression, de même qu’une baleine sortie de l’eau étouffe par compression de la cage thoracique ; les membres, en piliers, devaient, de l’extérieur, apparaître sans genou ni coude, comme chez les Éléphants ; les pattes devaient être soutenues par des coussinets, et, parmi les doigts, ceux qui n’avaient pas de griffes étaient probablement inclus dans les chairs ; le crâne était allégé par de nombreuses fenêtres ; les vertèbres étaient évidées par des cavités ; ces os étaient donc légers — tandis que les os des membres, os de soutien, étaient massifs, mais ils restaient bien cohérents grâce à des tendons forts qui les réunissaient.

Quelle est la cause de ce gigantisme ? La fosse hypophysaire dans le crâne des Dinosaures était particulièrement développée : on a supposé que le gigantisme des Dinosaures était la conséquence d’une hypersécrétion hypophysaire, laquelle se serait manifestée par un fort développement de cette glande ; cette hypothèse est plausible encore qu’invérifiable ; mais, de toute façon, il n’y avait certainement pas proportionnalité entre le volume de la fosse hypophysaire et le volume de l’animal.

Il est vraisemblable que, par suite de leur masse même, les Dinosaures étaient homéothermes : on a constaté, en effet, que des Alligators exposés au soleil subissent des variations de température interne d’autant plus faibles qu’ils sont plus gros ; l’influence de la température externe sur celle du corps est évidemment moindre sur un animal d’un plus fort volume, puisque la surface s’accroît moins vite que le poids quand la taille augmente. Les Dinosaures devaient déjà être des animaux à température presque constante, tout au moins dans les parties de leur corps les plus éloignées de la peau, mais cette propriété ne devait pas résulter, dans leur cas, d’une régulation nerveuse, comme chez les Mammifères ou les Oiseaux.


Système nerveux et mode de vie

La tête des Dinosaures est souvent très petite, et l’encéphale, par suite, devait souvent être minuscule par rapport au corps. Mais, comme l’espace médullaire dans la région sacrée était au contraire volumineux (par exemple chez les Stégosaures), on a supposé que la moelle dans cette partie de la colonne vertébrale devait être très développée et que, par suite, les mouvements des Dinosaures devaient être essentiellement des réflexes. Selon cette hypothèse — dite à tort « du cerveau sacré » —, l’encéphale ne jouait donc qu’un rôle secondaire dans le comportement des Dinosaures, lequel devait être surtout contrôlé par la moelle de la région sacrée et être, par suite, essentiellement réflexe ; toutefois, il n’est pas du tout prouvé que la moelle occupait bien tout le vide du sacrum, car, chez les Oiseaux actuels, elle n’occupe, le plus souvent, qu’une petite partie de l’espace sacré.

Les Dinosaures ne sont pas connus seulement par leur squelette : on a retrouvé également des gastrolithes et des œufs de Dinosaures. Les gastrolithes sont des pierres qui étaient contenues dans l’estomac des Dinosaures végétariens et qui devaient servir à broyer les aliments. Les œufs de Dinosaures sont parfois bien conservés (gisement d’Aix-en-Provence par exemple) ; ils ne dépassent guère une longueur d’une vingtaine de centimètres, et leur grosseur n’est donc pas proportionnelle à celle des adultes. On connaît aussi des traces de pas de Dinosaures, et celles-ci sont même assez fréquentes : on peut citer les gisements du Connecticut (parc de Rocky Hill), du Texas, du Maroc (Demnat), du Basutoland (auj. Lesotho) et, en France, celui des Sables-d’Olonne. Certes l’interprétation de ces traces est en général difficile : elle peut néanmoins, dans certains cas, donner quelques renseignements sur le mode de vie des Dinosaures. Ainsi, on a pu relever au Texas (Crétacé inférieur de Davenport Ranch) les traces d’une trentaine d’individus, mais celles-ci ne sont pas disposées indifféremment : les plus grandes sont disposées autour des autres ; cette disposition suggère l’idée que, dans ce troupeau de Dinosaures, les plus gros individus devaient, comme chez certains Mammifères, entourer les plus jeunes pour les protéger ; cependant, tous les Dinosaures ne vivaient certainement pas en troupeaux.

On s’est longtemps représenté les Dinosaures — du moins les Sauropodes — comme des animaux lents et lourds, vivant dans des marécages ou même dans l’eau, masses de chair assez inertes mobilisées par de simples réflexes, ayant l’allure d’énormes Lézards ou d’Alligators à croissance prolongée. Il semble que ces conceptions ne soient pas fondées. La formation de Morrison du Jurassique supérieur des États-Unis, particulièrement riche en os de Dinosaures, contient aussi des plantes ; celles-ci correspondent à une savane à Conifères avec sous-étage à Fougères et Cycadales, et nullement à des marécages. On a pu même supposer que certains Dinosaures pouvaient déterrer les racines avec leurs griffes.