Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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dermatologie (suite)

L’urticaire est étudiée par Thomas Sydenham (1676), la structure des couches épidermiques par Marcello Malpighi. Bernardino Ramazzini (1713) est le précurseur de l’étude des dermatoses professionnelles. Le xviiie s. voit paraître les premières classifications des dermatoses (Johann von Plenck [Vienne, 1776], Anne Charles Lorry [Paris, 1777]), mais ce n’est qu’avec le baron Jean-Louis Alibert (1766-1837) que débute l’ère de la dermatologie moderne et la renommée mondiale de l’hôpital Saint-Louis. Mis à part son arbre des dermatoses, il décrit le mycosis fongoïde, précise le caractère de la sclérodermie, des chéloïdes et de la fausse teigne amiantacée. Conjointement, en Angleterre, Robert Willan (1757-1812) trace le canevas des grandes éruptions, qu’il classe en huit groupes, et il isole le lupus tuberculeux. M. G. A. Devergie (1798-1879) décrit le pityriasis rubra pilaire et l’herpès crétacé, alors que Camille M. Gibert (1797-1866) sépare le pityriasis rosé de la roséole syphilitique. Ernest Bazin (1807-1878), observateur précis, identifie l’acné varioliforme, l’hydroa vacciniforme et l’érythème induré. C’est l’époque des controverses avec Ferdinand von Hebra (1816-1880), le maître de l’école viennoise, dont la classification est fondée sur la structure microscopique, et qui individualise l’impétigo herpétiforme, le pityriasis rubra et l’eczéma marginé. À son élève Móric Kaposi (1837-1902), nous devons la connaissance du xeroderma pigmentosum et de l’angio-sarcomatose.

La seconde moitié du xixe s. voit s’opérer un grand renouveau des recherches étiologiques avec la découverte du rôle pathogène des agents microbiens. Johann Lukas Schönlein (1793-1864) trouve l’achorion dans le favus. Les découvertes pastoriennes permettent d’assigner à nombre de dermatoses leur agent spécifique : Bactéridie charbonneuse de Davaine et Pasteur (1850, 1863), bacille de la lèpre par G. H. Armauer Hansen (1874), bacille du gonocoque par Albert Neisser (1879), de la tuberculose par Robert Koch (1882), streptobacille du chancre mou par Augusto Ducrey (1889), le Tréponème pâle de la syphilis par Fritz Richard Schaudinn et Erich Hoffmann (1905). Elie Metchnikoff et Emile Roux, dès 1903, font la preuve de la transmission de la syphilis aux grands singes anthropoïdes. Les méthodes pastoriennes permettent à David Gruby de découvrir (1894) le microsporum de la teigne infantile d’origine humaine, dont Raymond Sabouraud fait la description (teigne de Gruby-Sabouraud). Ultérieurement sont identifiées les teignes d’origine animale : Microsporum canis (Robin), felineum, ainsi que les agents des mycoses profondes : Coccidioides immitis (Rixford et Gilchrist, 1897), Blastomyces dermatiditis (Gilchrist et Stockes, 1898), Sporotrichum (L. Ramond, Beurmann et H. Gougerot, 1903-1906), Histoplasma capsulatum (Samuel T. Darling, 1906), Paracoccioides brasiliensis (Adolfo Lutz, 1908).

Dans les dernières décennies du xixe s. et les premières du xxe s., une phalange de dermatologistes français et étrangers découvrent ou précisent de nouvelles dermatoses : lupus érythémateux d’Alphée Cazenave (1851), urticaire pigmentaire de Nettleship (1869), dermatite herpétiforme de Louis Adolphus Duhring (1884) [Louis Brocq en complète la description avec les formes à grosses bulles, dont A. Civatte devait en 1943 fournir les critères histologiques], Acanthosis nigricans de S. Pollitzer et Josef Jadassohn (1890), anétodermie de J. Jadassohn (1892), porokératose de Vittorio Mibelli (1893), purpura annulaire de Domenico Majocchi (1895), granulome annulaire de Radcliffe Crocker (1902) déjà entrevu par Colcott Fox (1895) et James Galloway (1899).

Quatre grands maîtres — Louis Brocq, Jean Darier, Alfred Fournier et Henri Gougerot — donnent alors à l’école française une grande renommée. Conjointement, A. Touraine poursuit l’étude des génodermatoses, M. F. Merklen, celle des poussées réactionnelles lépreuses, et Pierre de Graciansky propose une classification rationnelle des hématodermies. Robert Degos, successeur de Gougerot, isole la papulose atrophiante maligne (1942), la génodermatose en cocarde, l’acanthome à cellules claires, et clarifie le groupe des mastocytoses.

La contribution provinciale n’est pas moins riche avec : à Lyon, Joseph Nicolas et Maurice Favre (lymphogranulomatose subaiguë, 1913) ; à Bordeaux, W. Dubreuilh (mélanose circonscrite précancéreuse, 1912) ; à Toulouse, André Nanta et Jacques Gadrat (granulome éosinophilique, 1937) et André Bazex (dermatose acromélique paranéoplasique, 1966) ; à Marseille, Jacques Charpy (traitement vitaminique du lupus tuberculeux, 1943).

Le premier congrès international de dermatologie a lieu à Paris en 1889.

Citons encore :
— en Grande-Bretagne, J. B. Sneddon et D. S. Wilkinson (dermatose pustuleuse sous-cornéenne, 1956) ;
— en Suisse, Bruno Bloch (dopa-réaction, 1916), F. Lewandowsky et W. Lutz (épidermodysplasie verruciforme, 1920), G. Miescher (granulomatose disciforme chronique progressive) ;
— en Italie, Gianotti-Crosti (acrodermatite papuleuse infantile, 1955) ;
— en Belgique, A. Dupont (kyste sébacé atypique ou kérato-acanthome, 1930) ;
— aux Pays-Bas, S. Mendes da Costa (érythrokératodermie variable, 1925) ;
— en Roumanie, Stefan G. Nicolau (dermite lividoïde, 1925) ;
— en Norvège, N. Dauboet (Acrodermatitis enteropathica, 1942) ;
— en Autriche, Gustav Riehl (mélanose de guerre, 1917), M. Oppenheim (dermite des prés, 1926) ;
— en Turquie, Hulûsi Behçet (syndrome de Behçet [iritis, hypopion, aphtes], 1938) ;
— aux États-Unis, J. F. Schomberg (dermatite pigmentaire progressive, 1901), C. Fox et John A. Fordyce (maladie de Fox-Fordyce [papules translucides des régions sudoripares], 1902), H. Montgomery (xanthomatose cutanéo-muqueuse disséminée, 1938), R. A. Nelson (test d’immobilisation des Tréponèmes, 1949), H. Pinkus (alopécie mucineuse, 1957 ; porome eccrine [lésion bourgeonnante du pied], 1956) ;
— au Brésil, G. Lôbo (blastomycose chéloïdienne, 1931).