Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Derain (André)

Peintre français (Chatou 1880 - Garches 1954).


Son père, pâtissier-glacier enrichi, l’oriente vers les études secondaires et ensuite vers Polytechnique. Mais, dès 1895, le jeune garçon est passionné par la peinture. En 1899 il fréquente à Paris l’académie Carrière, où il rencontre Matisse*. En même temps il se lie avec Vlaminck*, qui habite également Chatou ; c’est là qu’en 1901-1902 ils louent une épicerie abandonnée qui leur sert d’atelier commun. Leur amitié sera longtemps fidèle malgré la différence des tempéraments : Vlaminck, costaud pratiquant à l’occasion la course cycliste, autodidacte et « barbare », veut brûler les musées, tandis que Derain, athlétique mais réfléchi, copie le Portement de croix de Ghirlandaio au Louvre ! L’un et l’autre communient dans l’enthousiasme pour Van Gogh*, pour la couleur pure, éclatante et arbitraire ; c’est à l’exposition Van Gogh, chez Berheim-Jeune, en 1901, que Derain présente Vlaminck à Matisse : ainsi se noue le futur groupe des « fauves ».

Pendant son service militaire (1902-1904), Derain peint des compositions rutilantes comme le Bal à Suresnes (musée de Saint Louis, États-Unis). Mais c’est surtout en 1904-1905 que ses peintures des bords de la Seine (péniches au Pecq, etc.) et de Londres (Hyde Park, Westminster) révèlent un artiste précocement maître de son style, encore influencé par le pointillisme néo-impressionniste*, mais imposant une vision du monde brutale et joyeuse, bien que plus composée, moins élémentaire que celle de Vlaminck. Il en sera de même durant l’été 1905 à Collioure, où Derain entraîne Matisse et d’où il rapporte une admirable série de vues du port, barques de pêche, etc.

Derain participe au grand scandale de la « cage aux fauves », gloire du Salon d’automne 1905. Il fréquente en même temps les divers milieux d’avant-garde, celui du « Bateau-Lavoir » où il rencontre Braque et Picasso, celui des poètes, Apollinaire et Max Jacob. Il est aussi l’un des premiers à collectionner les masques nègres du Congo, en attendant d’y joindre terres cuites chinoises et portraits coptes. Il est salué par tous, à l’égal de Matisse, comme le pionnier du nouvel art.

Mais, très vite, il apparaît soucieux d’allier à l’éclat de la couleur la forme et la construction : sa Danse de 1907, ses premières sculptures marquent le parallélisme avec les recherches de Matisse. Pour Derain, le « carême » suit le « carnaval » fauve : dans les tableaux peints en Provence, en 1908 à Martigues, en 1910 à Cagnes (Vieux Pont, National Gallery of Art, Washington), la gamme chromatique s’assourdit, les ocres, les verts, les gris prennent la première place. Le « flirt » avec le cubisme* est aussi plus poussé, la géométrie plus rigoureuse. Derain infléchit ses recherches dans le sens d’un « gothicisme » aux lignes anguleuses, aux figures hiératiques et planes, qui révèle l’étude des peintres de Sienne et d’Avignon (Calvaire du musée de Berne, les Deux Sœurs à Copenhague et, parmi les « natures mortes composées », la Fenêtre à Bâle).

Après la Première Guerre mondiale, Derain accentuera son orientation vers un certain classicisme, moderne certes et libre, mais nourri des maîtres du passé, de Piero Della Francesca à Poussin. Il compose des paysages méditerranéens solennels et tristes, des nus puissants et durs qui se découpent sur des fonds de murs gris ou de rideaux, des portraits décoratifs et monumentaux, de graves natures mortes.

D’autre part, son goût pour le théâtre et pour les lettres va déterminer deux vocations nouvelles, celles du décorateur et de l’illustrateur. Pour les Ballets* russes, pour les Ballets 1933 et pour les « Soirées de Paris » organisées par le comte de Beaumont, il crée des décors et des costumes qui font revivre, en le modernisant, le style des fêtes et mascarades de l’âge classique (la Boutique fantasque, d’après Rossini, 1919 ; Jack-in-the-Box de E. Satie, 1926 ; etc.). De ses amis Apollinaire et Max Jacob, il avait déjà illustré avant la guerre l’Enchanteur pourrissant et Saint Matorel. Par la suite, il abordera des entreprises plus vastes (les Héroïdes d’Ovide, Pantagruel de Rabelais) en s’inspirant, souvent avec ingéniosité et bonheur, des bois coloriés de l’imagerie populaire.

Mais Derain se trouve de plus en plus isolé : il cesse de participer aux Salons, d’exposer ses œuvres nouvelles. À partir de 1935, il quitte Paris pour se retirer dans sa propriété de Chambourcy. Après 1945, il apparaît comme le survivant oublié d’un autre monde, alors que ses amis Matisse, Dufy, Rouault, Marquet conservent tout leur prestige.

Pourquoi ce divorce et cet effacement ? Est-ce le dédain d’un aristocrate solitaire qui poursuit ses recherches à contresens des modes ? Est-ce l’inquiétude d’un homme qui s’est cru un grand créateur et qui, pressentant ce qu’il y a de dessèchement dans sa virtuosité, reste trop lucide pour se donner le change ? Faut-il penser avec Pierre Francastel que, pour lui comme pour Vlaminck, « la violence a donné l’illusion de la force » ? Une révision totale de l’œuvre serait à opérer. On peut penser que, même avec un déchet considérable, les peintures fauves ne seraient pas les seules à plaider pour Derain : sans doute faudrait-il y joindre au moins certains grands paysages dépouillés de la Provence intérieure.

P. G.

➙ Fauvisme.

 G. Hilaire, Derain (Cailler, Genève, 1959). / G. Diehl, Derain (Flammarion, 1964).

dermatologie

Partie de la médecine consacrée aux affections de la peau et comprenant l’étude morphologique des dermatoses*, de leurs causes et de leur thérapeutique.


Nombre de descriptions hippocratiques sont encore valables ; herpès, gale, lichen, lèpre, érysipèle, alopécie hippocratique. Pline l’Ancien décrit le zona et Celse différencie le kérion du furoncle facial. Au Moyen Âge, l’école arabe étudie la variole, la gale, et Avicenne* décrit la filaire de Médine.

Lors de la Renaissance, l’attention des médecins est surtout attirée sur les maladies vénériennes avec l’apparition de la syphilis. L’onguent napolitain qu’on emploie alors contre elle est dû à Girolamo da Vigo (1514). Massa (1532) décrit les gommes syphilitiques. C’est l’époque des discussions entre les partisans du mercure et ceux du gaïac.