Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Delalande (Michel Richard) (suite)

Les motets de Delalande

Ils se trouvent aujourd’hui conservés :
1. dans les manuscrits de Philidor à la bibliothèque de Versailles (27 motets) ;
2. dans un manuscrit de la bibliothèque d’Avignon (9 motets) ;
3. dans des recueils collectifs de différents auteurs, à la Bibliothèque nationale et à la bibliothèque de Versailles.

Une édition des quarante plus célèbres motets a été établie par François Collin de Blamont, à la demande de Louis XV, en 1729.

La collection manuscrite Gaspard Alexis Cauvin, conservée à la bibliothèque de Versailles, regroupe, avec leurs parties instrumentales, les quarante grands motets publiés par Collin de Blamont : ces vingt volumes datent du milieu du xviiie s.

Principaux motets de Delalande

Beati quorum (1683 ; 2e version, 1689) ; In convertendo, Te Deum (1684) ; Miserere mei (1687 ; 2e version, 1689) ; De profundis, Dixit Dominus (1689) ; Beatus vir, Usquequo Domine (1692) ; Nisi Dominus (1694 ; 2e version, 1704) ; Regina coeli (1698) ; Venite exultemus (1700) ; Confitemini (1705) ; Sacris solemniis (1709) ; Exaltabo Te, Deus meus (1712).

N. D.

➙ Versailles [la musique versaillaise].

 A. Tessier, « la Carrière versaillaise de Michel Richard Delalande » dans Revue de musicologie (1928). / N. Dufourcq (sous la dir. de), Notes et références pour servir à une histoire de Michel Richard Delalande (Picard, 1957).

Delaunay (les)

Peintres français, Robert (Paris 1885 - Montpellier 1941) et Sonia, son épouse (près d’Odessa 1885).


Élevé par un de ses oncles, ses parents ayant divorcé, Robert Delaunay passe ses premières années à la campagne. Il fait de médiocres études, ne s’intéressant qu’à l’histoire naturelle et au dessin. Il mérite d’être renvoyé de plusieurs lycées et, à celui de Vanves, où il demeure le plus longtemps, il exécute, à l’abri de son pupitre, ses premières aquarelles.

En 1902, il est apprenti à Paris dans un atelier de décors de théâtre. Au cours de vacances, en Bretagne, il peint des scènes de genre et des compositions florales. Appelé en 1906 à faire à Laon son service militaire, il est attaché à la bibliothèque régimentaire et en profite pour lire, de préférence, les penseurs allemands, notamment Kant, qu’il admire pour avoir écrit que « l’œuvre d’art est d’autant plus pure qu’elle se concentre davantage dans le seul jeu des couleurs ». Il applique ce principe à des études d’après les tours de la cathédrale, sujet qui sera repris en 1912. Réformé en 1908, il regagne Paris, s’intéresse au fauvisme*, au Douanier Rousseau* et fait commander à celui-ci, par Mme Delaunay mère, la Charmeuse de serpents ; il rencontre Jean Metzinger, Henri Le Fauconnier, Fernand Léger*, qui l’initient au cubisme* ; il partage leur admiration pour Cézanne*, mais est particulièrement séduit par les audaces, sur le plan de la couleur, de Seurat* et de Signac (v. néo-impressionnisme), ce qui l’incite à s’inspirer de la théorie d’E. Chevreul sur le contraste simultané des couleurs : ses peintures et ses lithographies d’après l’église Saint-Séverin (1908-09) en portent témoignage. Delaunay, dès lors, a trouvé sa voie.

Dès 1907, il s’est lié avec Sonia Terk, alors compagne du critique d’art allemand Wilhelm Uhde (1874-1947), qui est arrivée à Paris en 1905 pour pratiquer un art influencé par Van Gogh, Gauguin et le fauvisme. Robert Delaunay, qui l’épouse en 1910, va trouver en elle, convertie à ses idées, un précieux soutien intellectuel. Partageant le même goût pour les couleurs pures de l’art folklorique des Slaves, ils pratiqueront jusqu’en 1912 un art dérivé du cubisme mais animé par une ardeur de coloris qui leur est particulière et qui fait qualifier Delaunay d’orphique par Guillaume Apollinaire, dans ses Peintres cubistes (1913) : « Le cubisme orphique [...] c’est l’art de peindre des ensembles nouveaux avec des éléments empruntés non à la réalité visuelle, mais entièrement créés par l’artiste et doués par lui d’une puissante réalité. Les œuvres des artistes orphiques doivent présenter simultanément un agrément esthétique pur, une construction qui tombe sous le sens, et une signification sublime, c’est-à-dire le sujet. » De cette période que l’artiste appelle destructive datent, notamment, la Tour Eiffel aux arbres (1909, Museum of Modern Art, New York), la Tour Eiffel du musée de Francfort (1910), la Ville no 2, dite « à la main » (1910, musée national d’Art moderne), la Ville de Paris (1910-1912, musée national d’Art moderne), suivies des différentes Fenêtres qui jettent les bases d’une construction par la couleur.

Vient ensuite la période où Robert Delaunay, abandonnant la perspective et le dessin descriptif, tend à demander à cette seule couleur l’expression de son sentiment et de sa pensée : « Première manifestation de l’art inobjectif en France, écrit Guillaume Apollinaire, c’est-à-dire d’un art ne partant plus d’un sujet extérieur mais du sujet intérieur. » Exemples : Formes circulaires (1912-13, Stedelijk Museum d’Amsterdam), l’Équipe de Cardiff aux personnages résumés à l’extrême (1912-13, musée d’Art moderne de la Ville de Paris). Il sculpte aussi, en bas relief, les Prismes électriques simultanés, repris en peinture par Sonia Delaunay qui, abordant par ailleurs le domaine de la mode, compose des « toilettes simultanées » ; elle exécute aussi des papiers collés, des reliures, des pastels, illustre en 1913, de Blaise Cendrars*, la Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France et, en 1914, confectionne des « robes-poèmes ».

Ils passent en Espagne et au Portugal les années de la guerre (Natures mortes portugaises de Robert, Marché au Minho de Sonia Delaunay, au musée national d’Art moderne). De retour à Paris, Robert Delaunay peint, en 1922-23, les portraits de nouveaux amis, Tristan Tzara, André Breton, Philippe Soupault, Louis Aragon, Joseph Delteil, Jean Cocteau, Bella Chagall, puis ceux de Mme Jacques Heim (1927). Il reprend des thèmes antérieurs, celui du Manège de cochons (1922, musée national d’Art moderne), où le halo des globes lumineux est rendu par le moyen de disques colorés, ceux des Coureurs et de la Tour Eiffel. Serge de Diaghilev a commandé au couple, en 1918, les décors et les costumes de Cléopâtre ; Robert illustre de lithographies Allô Paris de Joseph Delteil et la Relève du matin de Montherlant ; Sonia reçoit la commande, par un industriel de Lyon, de « tissus simultanés » et, en 1924, entreprend elle-même la fabrication de tissus et de manteaux en tapisserie de laine. Ils exécutent ensemble, avec le concours d’une équipe de leurs élèves, la Ville de Paris, la femme et la tour, vaste décoration destinée à l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925.