dédifférenciation et histolyse (suite)
Les hémocytes, mobiles grâce à leurs pseudopodes, ont la possibilité de pénétrer dans les cellules larvaires à travers la membrane cytoplasmique de celles-ci. Il s’agit ici de tissu musculaire dont les éléments sont polynucléés. Les hémocytes en éliminent les noyaux, qu’ils ingèrent par phagocytose, de même que des portions de myofibrilles, dont la structure reste souvent reconnaissable. Ces matériaux, activement transportés, vont servir à l’édification des muscles imaginaux. Des cellules restées à l’état embryonnaire joueront cependant un rôle primordial dans cette organogenèse.
Simultanément, des muscles larvaires se dédifférencient, puis reprennent, en place, une structure musculaire propre à l’adulte. Ils peuvent alors être adaptés à des fonctions différentes. De même seront remaniés le cœur, les tubes de Malpighi, l’épiderme, le tube digestif de l’Insecte. Au déterminisme de ces processus président des glandes endocrines élaboratrices d’hormones, dont on pense qu’elles modifient l’activité chromosomique. Une fois de plus, un problème biologique se trouve transposé sur le plan biochimique, au niveau ultime de l’activité génétique.
Mécanisme de la dédifférenciation
La dédifférenciation, où qu’on l’observe, ne peut s’expliquer que par une levée d’inhibition (dérépression) au niveau de certains gènes masqués dont l’expression avait été rendue impossible par la différenciation. Les effets de cette levée d’inhibition sont aisément observables quand on réalise des cultures de cellules. Des cellules nerveuses, incapables de se diviser dans l’organisme, réacquièrent la possibilité de le faire. Mais, fait plus étonnant, à l’inverse, des cellules qui dans le tissu d’origine synthétisent des protéines hautement spécifiques perdent alors cette propriété. Des cellules nerveuses caractérisables par leur activité cholinestérasique perdent ce caractère dès la deuxième semaine de culture. Bien que les mécanismes qui conduisent à ces pertes d’activité soient loin d’être élucidés, on envisage actuellement deux modes d’action possibles :
— la perte d’activité serait seulement apparente ; elle serait due non à l’absence de synthèse d’une enzyme mais à un défaut d’accessibilité au substrat, par suite de modifications des propriétés des membranes ;
— la perte d’activité correspondrait à une répression génétique théoriquement réversible.
Quels que soient les mécanismes réels, comme pour les processus de différenciation qui en sont indissociables, c’est au niveau moléculaire qu’il faut se placer pour espérer les comprendre un jour.
R. M.
➙ Développement et différenciation / Embryonnaire (état) / Mitose / Phagocytose.