Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Dauphin (suite)

La vitesse de croisière des Dauphins est de 20 nœuds, certains observateurs en ont vu accompagnant des torpilleurs filant 35 nœuds. Ils se placent, pour accompagner ces bateaux rapides, de part et d’autre de l’étrave pour profiter d’une onde de pression qui facilite grandement leur locomotion. Ils nagent avec leurs membres antérieurs et leur queue, mais la nage rapide est obtenue par des battements de la queue très rapides et presque imperceptibles, même pour un observateur avisé. La chasse des Dauphins est strictement interdite, tout au moins sur nos côtes.

P. B.

➙ Cétacés.

 F. Bourlière, Vie et mœurs des Mammifères (Payot, 1951). / L. M. Matteros, British Mammals (Londres, 1952). / P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie, t. XVII : Mammifères (Masson, 1955 ; 2 vol.) / P. Budker, Baleines et baleiniers (Horizons de France, 1957). / J. C. Lilly, Man and Dolphin (New York, 1961 ; trad. fr. l’Homme et le Dauphin, Stock, 1962).

Dauphiné

Ancienne province française, au sud-est de Lyon.



La géographie

La province englobait les territoires des trois départements de l’Isère, de la Drôme et des Hautes-Alpes, c’est-à-dire la partie centrale des Alpes françaises et leur avant-pays rhodanien.

Les Alpes du Dauphiné se développent sur trois grands ensembles structuraux : la zone intra-alpine (Queyras, Briançonnais, Embrunais), les massifs centraux (Écrins-Pelvoux, Belledonne), les Préalpes (Grande-Chartreuse, Vercors, Diois, Baronnies, Dévoluy, Bochaîne, massif de Vaucluse). La barre des Écrins culmine à 4 103 m. Les profondes vallées glaciaires du Graisivaudan et de l’Oisans donnent accès par le Lautaret (2 058 m) au col du Mont-Genèvre (1 850 m), qui débouche sur l’Italie. Utilisé à l’époque romaine, cet itinéraire fut suivi par les armées françaises pendant les guerres d’Italie, mais il est trop accidenté pour le chemin de fer, et, en hiver, le col du Lautaret est fermé à la circulation automobile.

Le bas Dauphiné est formé de grès, sables, argiles et cailloutis, produits de la démolition des Alpes, entassés dans le fossé rhodanien. Dans ces matériaux détritiques, l’érosion glaciaire et fluviale a dégagé de larges couloirs (plaine lyonnaise, Bièvre-Valloire, plaine de l’Isère) dominés par des collines et des plateaux, les Terres froides (plateaux de Bonnevaux et de Chambaran [ou Chambarand]). Entre la vallée du Rhône et les cluses des Préalpes, le bas Dauphiné est une zone de circulation facile qui s’organise en fonction des carrefours de Lyon, Vienne et Valence.

Dans les plaines du bas Dauphiné, la vallée du Rhône et quelques vallées des Alpes constituent de riches terroirs agricoles dont la superficie reste limitée. Les montagnes et les Terres froides forment un milieu naturel contraignant qui explique le développement précoce de l’industrie. Le travail des peaux et celui des textiles ont utilisé longtemps la main-d’œuvre des campagnes. Les minerais métalliques (fer d’Allevard, cuivre et plomb de l’Oisans) ont été transformés sur place dès le Moyen Âge grâce au charbon de bois des forêts et à l’aménagement des chutes d’eau. À la fin du xixe s., l’exploitation du charbon (anthracite de La Mure) et de la houille blanche permet le développement de la grande industrie : papeterie, électrochimie et électrométallurgie. Actuellement, les ressources naturelles s’épuisent, et certaines usines mal situées dans le fond des vallées survivent difficilement ; mais des activités de pointe soutiennent le développement urbain de Grenoble. De même, les industries traditionnelles du bas Dauphiné (chaussures à Romans, textile à Voiron, Bourgoin, Valence) font place à des secteurs plus diversifiés. Grand axe de communication, la vallée du Rhône tend à drainer les hommes et les activités. Depuis une cinquantaine d’années, le tourisme, surtout plus récemment la pratique massive des sports d’hiver, freine la dépopulation des montagnes.

M. L.


L’histoire

Issu du comté de Vienne, le Dauphiné est régi tour à tour par Guigues Ier le Vieux, comte d’Albon, et par ses descendants de 1029 à 1162, puis par les familles de Bourgogne de 1162 à 1281 et de La Tour du Pin de 1281 à 1349. Il est agrandi par les annexions successives du Briançonnais en 1039, du Graisivaudan vers 1050, de l’Embrunais et du Gapençais en 1202, enfin du Faucigny en 1241. Divisé en plusieurs « mandements » régis par des châtelains, il est découpé au xiiie s. en sept bailliages ayant chacun à leur tête un bailli assisté d’un juge mage. Au xive s., le Dauphiné est doté d’un gouvernement central dont les rouages essentiels sont le Conseil delphinal (1336), le gouverneur et son adjoint le lieutenant-gouverneur, connus respectivement à partir de 1310 et de 1356, enfin la Chambre des comptes, définitivement organisée en 1340 par le dernier dauphin Humbert II (1333-1349) qui, par le statut delphinal de 1349, codifie les privilèges de ses sujets, au profit desquels il a constitué dès 1339 l’université de Grenoble.

Groupée en communautés rurales ou urbaines dotées dès le xiie s. de chartes de franchises, cette population bénéficie d’une certaine prospérité économique (essartages forestiers multipliés par les chartreux et par les cisterciens ; activité des foires de Grenoble, Vienne et Romans ; mise en valeur à partir du xive s. de carrières et de mines d’argent, de cuivre, de fer ; diffusion de la draperie dans le Champsaur et l’Embrunais).

Mais le manque d’argent et de descendance directe contraignent Humbert II à vendre sa principauté au roi de France, Philippe VI, par le traité de Romans du 30 mars 1349, moyennant une somme de 200 000 florins augmentée d’une rente annuelle de 4 000 florins.

Constitué en apanage au profit de l’héritier du trône, le Dauphiné est doté en 1357 d’états provinciaux par le futur Charles V, qui, lors du traité de Paris du 5 janvier 1355, donne à la Savoie le Faucigny en échange des territoires situés à l’ouest du Guiers et, entre 1419 et 1426, du Valentinois et du Diois.