Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Abruzzes et Molise (suite)

Les hommes n’ont pas trouvé ici des conditions très favorables. La rudesse du climat, liée à l’altitude, les surfaces calcaires, les difficultés de circulation se sont conjuguées pour faire de cette région un monde d’isolement et de pauvreté, avec le maintien prolongé de particularismes locaux et une situation de dépendance à l’égard de Rome pour les Abruzzes, de Naples pour le Molise. Les habitants se sont concentrés dans les dépressions et sur la côte. Mais la population diminue : elle ne représente plus que 2,7 p. 100 des effectifs nationaux contre 4,1 p. 100 en 1911. L’accroissement naturel est faible, alors que les départs sont nombreux vers Rome, Milan, Turin ou l’étranger (pays du Marché commun, Suisse, Amérique du Nord, Australie).

L’économie régionale n’est pas apte à retenir une population dont le revenu par habitant est inférieur du tiers à la moyenne nationale. Les activités agricoles l’emportent. L’élevage ovin transhumant, qui a provoqué, dans le passé, de désastreux déboisements, est partiellement remplacé par l’élevage bovin. Les cultures se localisent dans les zones basses. Le blé est cultivé partout, mais plus spécialement dans les dépressions, où il alterne avec la pomme de terre ou la betterave à sucre (secteur bonifié de l’ancien lac Fucino). Sur les collines, l’olivier (9 p. 100 de la superficie nationale) et la vigne (surtout pour des raisins de table, comme près d’Ortona) apparaissent. Les basses vallées et la côte sont réservées à des cultures fruitières et maraîchères (tomates de Francavilla). Quelques spécialités existent, comme la culture du safran à L’Aquila, celle de la réglisse à Atri.

L’industrie n’occupe que 1,4 p. 100 des effectifs italiens. L’artisanat traditionnel (dentelle, par exemple) décline. L’énergie manque, et l’hydroélectricité produite comme les hydrocarbures récemment découverts (méthane à San Salvo, près de Vasto) sont exportés. Les principales industries sont des industries alimentaires, liées à l’agriculture : fromageries, sucreries (Avezzano), minoteries, fabrications de liqueurs (la centerbe), confiseries (dragées de Sulmona). On trouve aussi des ateliers textiles et des briqueteries. Le traitement de la bauxite à Bussi (Pescara) et la verrerie de San Salvo sont plus importants. Une floraison d’industries diverses surgit autour de Pescara et de Chieti. En même temps, le tourisme se développe, aidé par les travaux d’équipement routier, rompant l’isolement régional. La montagne devient secteur touristique grâce au Parc national des Abruzzes et à quelques stations (Campo Imperatore), mais elle est moins favorisée que la côte. La pêche (Vasto, Ortona, Pescara) recule au profit du tourisme balnéaire avec des centres comme Giulianova, Roseto degli Abruzzi, Francavilla.

Ces modestes activités ne suscitent pas une forte poussée urbaine. L’Aquila, pourtant siège d’instituts universitaires, n’a que 63 000 habitants, Teramo en compte 49 000, Chieti 54 000, Campobasso 43 000. Seule Pescara connaît un développement rapide, mais désordonné : la ville approche 130 000 habitants et devient un espoir pour la croissance de ces provinces du Mezzogiorno.

E. D.

➙ Apennin / Mezzogiorno.

 M. Fondi, Abruzzo e Molise (Turin, 1962). / J. Demangeot, Géomorphologie des Abruzzes adriatiques (C. N. R. S., 1965).

absorption

Fonction assurant la pénétration des nutriments (aliments, gaz respiratoires) dans les organismes animaux ou végétaux, et jusque dans chacune de leurs cellules si ces organismes sont pluricellulaires.



L’absorption, fonction complexe

La définition ci-dessus montre combien la notion d’absorption est ambiguë. Un enfant qui mange un biscuit l’absorbe trois fois :
1o quand il le mange, c’est-à-dire quand il en accumule la substance dans sa cavité digestive (estomac) ;
2o quand il l’assimile (terme fort impropre), c’est-à-dire lorsque la substance digérée franchit la surface absorbante (intestins) et pénètre dans le liquide circulant ou milieu intérieur (sang) ;
3o enfin quand ses cellules (os, muscles, cerveau, etc.) puisent dans le sang les aliments ainsi récoltés.

Quant à une plante supérieure, elle absorbe également l’eau et les sels minéraux du sol en trois étapes :
1o lorsque les poils absorbants des racines se remplissent de cette solution ;
2o lorsque, après avoir traversé l’endoderme (comparable à la paroi intestinale), la solution atteint la sève brute (comparable au sang) ;
3o lorsque les cellules (feuille, fleur ou tout autre organe) puisent dans la sève les aliments ainsi récoltés.

On pourrait faire des remarques semblables au sujet des gaz respiratoires. (V. respiration et photosynthèse.)

Nous distinguerons donc l’absorption immédiate, l’absorption précirculatoire et l’absorption cellulaire, en nous bornant aux aliments proprement dits, à l’exclusion des gaz respiratoires.


Les conditions de l’absorption immédiate

Chez les animaux, l’existence d’une cavité digestive permet souvent l’ingestion de proies solides relativement peu transformées (cas extrême : les Serpents) ; toutefois, l’insuffisance de la bouche ou de l’appareil digestif peut amener des espèces très diverses (Astéries, larves de Dytique ou de Fourmi-lion, Araignées) à pratiquer une sorte de prédigestion externe amenant la proie à l’état liquide. (V. alimentaire [régime].) En dehors de ces cas, c’est une digestion* interne qui aboutit au même résultat.

Chez les plantes supérieures, l’eau pénètre presque exclusivement (sauf cas particuliers) par les poils absorbants qui tapissent la partie subterminale des racines les plus fines. L’absorption totale de l’eau peut être mesurée soit grâce à un potomètre de grande taille, soit en recueillant l’eau suintant d’un tronc d’arbre fraîchement coupé. On a trouvé pour diverses espèces les résultats suivants : plus de 100 litres par jour pour un Platane d’une dizaine de mètres, 1 litre par jour pour un plant de Vigne et 22 litres pour un pied d’Avoine au cours de toute la saison.