Abruzzes et Molise (suite)
Les hommes n’ont pas trouvé ici des conditions très favorables. La rudesse du climat, liée à l’altitude, les surfaces calcaires, les difficultés de circulation se sont conjuguées pour faire de cette région un monde d’isolement et de pauvreté, avec le maintien prolongé de particularismes locaux et une situation de dépendance à l’égard de Rome pour les Abruzzes, de Naples pour le Molise. Les habitants se sont concentrés dans les dépressions et sur la côte. Mais la population diminue : elle ne représente plus que 2,7 p. 100 des effectifs nationaux contre 4,1 p. 100 en 1911. L’accroissement naturel est faible, alors que les départs sont nombreux vers Rome, Milan, Turin ou l’étranger (pays du Marché commun, Suisse, Amérique du Nord, Australie).
L’économie régionale n’est pas apte à retenir une population dont le revenu par habitant est inférieur du tiers à la moyenne nationale. Les activités agricoles l’emportent. L’élevage ovin transhumant, qui a provoqué, dans le passé, de désastreux déboisements, est partiellement remplacé par l’élevage bovin. Les cultures se localisent dans les zones basses. Le blé est cultivé partout, mais plus spécialement dans les dépressions, où il alterne avec la pomme de terre ou la betterave à sucre (secteur bonifié de l’ancien lac Fucino). Sur les collines, l’olivier (9 p. 100 de la superficie nationale) et la vigne (surtout pour des raisins de table, comme près d’Ortona) apparaissent. Les basses vallées et la côte sont réservées à des cultures fruitières et maraîchères (tomates de Francavilla). Quelques spécialités existent, comme la culture du safran à L’Aquila, celle de la réglisse à Atri.
L’industrie n’occupe que 1,4 p. 100 des effectifs italiens. L’artisanat traditionnel (dentelle, par exemple) décline. L’énergie manque, et l’hydroélectricité produite comme les hydrocarbures récemment découverts (méthane à San Salvo, près de Vasto) sont exportés. Les principales industries sont des industries alimentaires, liées à l’agriculture : fromageries, sucreries (Avezzano), minoteries, fabrications de liqueurs (la centerbe), confiseries (dragées de Sulmona). On trouve aussi des ateliers textiles et des briqueteries. Le traitement de la bauxite à Bussi (Pescara) et la verrerie de San Salvo sont plus importants. Une floraison d’industries diverses surgit autour de Pescara et de Chieti. En même temps, le tourisme se développe, aidé par les travaux d’équipement routier, rompant l’isolement régional. La montagne devient secteur touristique grâce au Parc national des Abruzzes et à quelques stations (Campo Imperatore), mais elle est moins favorisée que la côte. La pêche (Vasto, Ortona, Pescara) recule au profit du tourisme balnéaire avec des centres comme Giulianova, Roseto degli Abruzzi, Francavilla.
Ces modestes activités ne suscitent pas une forte poussée urbaine. L’Aquila, pourtant siège d’instituts universitaires, n’a que 63 000 habitants, Teramo en compte 49 000, Chieti 54 000, Campobasso 43 000. Seule Pescara connaît un développement rapide, mais désordonné : la ville approche 130 000 habitants et devient un espoir pour la croissance de ces provinces du Mezzogiorno.
E. D.
➙ Apennin / Mezzogiorno.
M. Fondi, Abruzzo e Molise (Turin, 1962). / J. Demangeot, Géomorphologie des Abruzzes adriatiques (C. N. R. S., 1965).