Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Danemark (suite)

Mis en place par les processus morphogénétiques glaciaires et périglaciaires qui ont affecté la Scandinavie, ces terrains appartiennent principalement aux deux dernières périodes de glaciation, Riss-Saale et Würm-Vistule (sur les trois qui ont été décelées au Danemark). Les dépôts morainiques, formés d’argile à blocaux sans stratifications, dominent avec des sables et des graviers. Les formations fluvio-glaciaires déposées par les eaux de fonte de la glace sont particulièrement abondantes dans les parties basses du sud-ouest du Jylland, donnant des dépôts d’argile fine, de sables, de graviers et de galets roulés bien stratifiés.

Depuis la fin de l’époque glaciaire, le soulèvement isostatique des terres, dû à la décharge des glaces, qui est environ d’un millimètre par an, fut accompagné de transgressions marines (mer à Yoldia en 8000 av. J.-C., mer à Littorina en 5000 av. J.-C.) qui, à plusieurs reprises, ont submergé différentes parties du territoire, déposant alors des alluvions marines (sables, galets, argiles) formées en grande partie à partir du matériel morainique remanié.


Le relief

Les calottes de glace qui, à plusieurs reprises, ont recouvert le territoire ont profondément marqué les paysages actuels.

Le nord de Bornholm montre un paysage particulier dépendant surtout de la nature granitique et gneissique du substratum qui affleure largement et culmine à 165 m au Rytterknaegten. On y trouve, plus ou moins disséquée, une vieille surface d’érosion marquée par l’érosion glaciaire, avec un moutonnement de roches polies, striées et de blocs erratiques. Elle est accidentée de vallées aux versants raides et aux fonds plats avec de petits lacs allongés et en ligne. La côte est rocheuse, souvent élevée, avec des falaises granitiques.


Les paysages glaciaires

Les formes du relief au sud-ouest du Jylland diffèrent de celles de la partie orientale et de l’archipel, les dépôts morainiques plus anciens (glaciation Saale-Riss) ayant été soumis à une plus longue période d’érosion et de transformation que ceux qui sont issus de l’inlandsis de la dernière glaciation (Vistule-Würm), dont la bordure n’a pas dépassé vers l’ouest une ligne partageant dans le sens méridien la moitié méridionale de la péninsule. Ce relief du Sud-Ouest danois n’est pas typiquement morainique, mais correspond à des formes d’érosion et d’accumulation provenant de la destruction et du remaniement des moraines primitives. De basses croupes parsèment de vastes plaines d’accumulation de matériaux fins, parcourues par de larges vallées mal drainées. Ces basses plaines fluvio-glaciaires ont été radicalement transformées par l’homme depuis un siècle. La lande a fait place aux champs avec de longues haies d’arbres, protégeant les cultures des vents d’ouest contre la déflation et l’évaporation. D’importants boisements de conifères marquent aussi le paysage.

Les formations morainiques de la dernière glaciation recouvrent le nord et l’est du Jylland, ainsi que tout l’archipel, et donnent des reliefs plus accentués. La longue croupe méridienne qui marque le front de stationnement de l’inlandsis porte le point culminant du Danemark avec le « Yding Skovhøj » (173 m). Sous sa couverture forestière, elle constitue l’ossature de la presqu’île.

Les paysages de collines correspondent souvent aux crêtes terminales de moraine frontale formant de longues rides arquées, dominant assez nettement les plaines environnantes et reflétant les positions successives du front de glace.

D’autres collines elliptiques, correspondant aux dépôts des moraines de fond, sont des « drumlins » ayant leur axe longitudinal aligné dans le sens du mouvement des glaces. La fonte rapide sur place de la glace a donné souvent un paysage de bosses et petites collines en désordre alternant avec des dépressions humides et mal drainées.

Lorsque la moraine de fond s’est déposée sur une surface d’abrasion glaciaire au relief inégal et qu’elle l’a recouverte d’un manteau peu épais, on a des plaines, mollement ondulées, comme dans l’île de Lolland ou celle de Sjaelland, autour de Copenhague.

Des collines allongées, remarquables par l’altitude uniforme de leurs sommets, forment des chaînes orientées principalement dans le sens est-ouest en Fionie et en Sjaelland. Ce sont des « eskers » ; les parties dilatées à sommet plat seraient des formes de comblement alluvial de lacs entourés par la glace, les parties filiformes seraient des moulages de tunnels sous-glaciaires joignant ces lacs. Des buttes isolées, à sommet plat, du type « kame » dominent de 5 à 30 m la plaine morainique et ont la même origine que les chaînes d’« eskers ».

Comparés à ceux du reste de la Scandinavie, les cours d’eau danois sont très modestes, et leurs vallées récentes, tracées à travers le matériel morainique, n’ont pas l’ampleur de celles des cours d’eau alimentés par la fonte des glaces lors de la dernière période de glaciation. Les vallées sous-glaciaires, creusées dans la moraine de fond sous l’inlandsis par les eaux de fonte, sont une des formes les plus remarquables du relief glaciaire au Danemark. Encaissées souvent d’une centaine de mètres, elles peuvent atteindre un à deux kilomètres de large. Les profils longitudinaux sont irréguliers, montrant des dépressions occupées par des lacs et étangs, formant en particulier près de Silkeborg, au centre du Jylland, le district d’Himmelbjergsøerne, dont les lacs attirent de nombreux touristes. Orientées vers l’ouest dans le sens de l’écoulement des glaces, ces vallées ont été submergées, à l’est du Jylland, donnant de beaux fjords aux versants boisés et au fond desquels se sont fixées de petites villes, ports et centres commerciaux actifs : Åbenrå, Haderslev, Kolding, Vejle et Horsens.


Reliefs marins et éoliens

Environ un dixième de la superficie du Danemark a été construit par la sédimentation marine depuis la dernière période glaciaire. Les plaines d’origine marine les plus anciennes, mais déjà modifiées par l’érosion fluviatile et surélevées par le soulèvement isostatique postglaciaire, occupent le nord du Jylland, en particulier dans le Vendsyssel. Les plaines de marais maritime aux terrains argilo-sableux sont particulièrement développées dans le sud-ouest du Jylland, en bordure des grandes baies protégées du large par des cordons dunaires et des îles, côtes à « haff » avec le Ringkøbingfjord, le Ho Bugt et le Vadehavet (mer des Wadden). L’homme a transformé ces plaines marécageuses et salées en polders (« kog »), qui existent aussi autour du Limljorden, vaste plan d’eau qui coupe en deux le nord du Jylland, près d’Odense en Fionie, en Sjaelland et à Lolland.