Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Damas (suite)

 H. Lammens, La Syrie, précis historique (Beyrouth, 1921 ; 2 vol.). / M. Gaudefroy-Demombynes, la Syrie à l’époque des Mamelouks (Geuthner, 1923). / K. A. C. Creswell, Early Muslim Architecture, t. I : Umayyads ad 622-750 (Oxford, 1932). / N. Elisséef, la Description de Damas d’Ibn ‘Asākir (Damas, 1959). / A. S. Bagh, l’Industrie à Damas entre 1928 et 1958 (Damas, 1961).


Damas, ville d’art

Damas a joué un rôle essentiel dans l’histoire de l’art musulman, non parce qu’elle ne cessa jamais d’être métropole, mais parce que, capitale des Omeyyades, elle en fut un des promoteurs. Son passé est très ancien, et ce n’est pas par hasard si le principal monument de la ville, la Grande Mosquée, est érigé là où se sont succédé, depuis des millénaires, les lieux de culte.


La Grande Mosquée des Omeyyades

La Grande Mosquée est mise en chantier par al-Walīd, en 705, pour être le signe éclatant de la suprématie politique et du prestige moral de l’islām. Construite en dix ans, elle atteint pleinement le but recherché par l’ampleur et la majesté de ses proportions, la richesse de son décor, la splendeur de ses matériaux, l’importance de son rôle culturel.

Les souffrances qu’elle eut souvent à supporter (incendie de 1893) lui ont laissé beaucoup de sa beauté d’antan. Malgré sa fidélité aux traditions antérieures, le concours d’ouvriers d’origines diverses, ses matériaux de remploi, elle est bien la première grande réalisation architecturale qui réponde aux besoins du culte et aux prescriptions de l’islām. Précédée par des porches à vestibule et par une grande cour, bordée de portiques où s’élève un joli édicule octogonal posé sur huit colonnes corinthiennes (maison du Trésor), flanquée de minarets sur plan carré, copies des clochers syriens, c’est un long édifice couvert en plafond, à trois nefs parallèles coupées en leur milieu par une haute travée conduisant au mihrāb. En 1082, à la croisée de la nef centrale et de la travée, les Seldjoukides ont aménagé une coupole en remplacement des deux antérieures, disparues. Les arcs qui délimitent les portiques sont sur piliers, ceux de l’oratoire sur colonnes inégales, le plus souvent à chapiteaux corinthiens. Tout le sol était, à l’origine, pavé de marbre, ainsi que la partie inférieure des murs. Toutes les surfaces supérieures avaient reçu une parure de mosaïques naturalistes — à paysages et architectures, mais d’où était exclue soigneusement la vie humaine et animale —, considérées comme les plus belles du monde par leur technique, leur grâce et leur fantaisie. De tout ce décor somptueux, il ne reste plus que des fragments, d’ailleurs importants, en particulier dans la partie est.


Le Moyen Âge

Alors que la Syrie* construit traditionnellement en belle pierre, Damas, au Moyen Âge, emploie aussi le bois, voire la brique. Cette variété des matériaux peut exiger un décor dissimulateur, souvent plaqué. À l’époque de Zangī (xiie s.), la polychromie se développe, puis le xiiie s. fait retour à la pierre de taille. Les universités (madrasa) construites alors sont de formes très variées. Parmi les œuvres de cette longue période, il faut citer au moins le tombeau de Saladin, les caravansérails (khān) et les madrasa du xiiie s., Ẓahīriyya, ‘Ādiliyya et Ṣalāḥiyya.


Époque ottomane

Sous la domination turque, Damas voit la construction d’un prestigieux ensemble, le Takkiyya Sulaymāniyya (1555), réplique syrienne de l’architecture d’Istanbul*, et de nombreuses demeures, parmi lesquelles le Palais ‘Aẓm (1749), modèle accompli de la résidence citadine, avec son harem pour les femmes, son salāmlik pour les réceptions, ses bâtiments domestiques, ses cours et ses bains. Les traditions des grands ateliers ne se perdent pas ; elles s’illustrent en particulier par les céramiques dites « de Damas », parfois difficiles à distinguer de celles d’Iznik. Les noms de tissus damassés et d’armes damasquinées sont, en Occident, un écho de ces importantes industries. Le musée de Damas, qui possède aussi une belle collection d’antiques, conserve nombre de pièces éminentes des arts de l’islām.

J.-P. R.

Danemark

En dan. Danmark, État de l’Europe du Nord.
Avec environ cinq millions d’habitants sur un territoire exigu, le Danemark est le plus méridional des États scandinaves. Son climat tempéré, malgré le froid hivernal, son substratum calcaire et la haute qualification de ses paysans lui valent de posséder une des agricultures les plus intensives d’Europe. Les exportations de produits agricoles sont la base du commerce extérieur. Copenhague, groupant plus du quart de la population, est à la fois un carrefour international, un grand centre industriel et le plus important port marchand de Scandinavie. Entouré presque complètement par les eaux, le royaume comprend, outre la péninsule du Jylland (ou Jutland) et les îles de l’archipel dont les principales sont Sjaelland, Fyn (Fionie), Lolland et Falster, l’île de Bornholm ainsi que l’archipel des Féroé et le Groenland.


Le milieu naturel


La géologie

Surmontant un substratum formé principalement de sables et argiles tertiaires et de calcaires crétacés, les dépôts morainiques sableux et argileux du Quaternaire recouvrent l’archipel danois et la presqu’île du Jylland. Le socle primitif n’apparaît qu’à Bornholm, située sur la bordure méridionale du bouclier fennoscandien.

Bornholm est un horst basculé vers le sud, s’apparentant à ceux de Scanie, tandis que le Jylland et l’archipel correspondent à une zone d’affaissement depuis le Secondaire. Le socle cristallin est recouvert en Fionie par 900 m de terrains sédimentaires, qui atteignent 1 275 m d’épaisseur au nord du Jylland près de Frederikshavn et plus de 5 000 m au centre de la péninsule. Seuls affleurent, rendus visibles par l’incision des vallées et l’attaque de la mer, les terrains du Crétacé et du Tertiaire appartenant au bassin sédimentaire de la mer du Nord.

En allant du nord-est vers le sud-ouest, on rencontre d’abord les calcaires crétacés, qui peuvent être très épais (jusqu’à 700 m d’épaisseur dans l’est du Jylland) et sont utilisés pour la fabrication de la chaux ou du ciment. Les formations sédimentaires du Tertiaire occupent le reste du pays (environ 60 p. 100 du territoire). Il s’agit presque exclusivement de sédiments terrigènes, les calcaires purs y étant très rares. Ce sont surtout des marnes et des argiles, avec des sables et des grès.

Les formations superficielles quaternaires recouvrent la quasi-totalité du pays avec une épaisseur moyenne de 50 m, qui peut atteindre jusqu’à 200 m.