Curie (Pierre et Marie) (suite)
Marie Curie poursuit l’œuvre commune
Marie Curie remplace Pierre dans sa chaire à la Sorbonne ; c’est la première fois qu’une femme occupe un tel poste. Elle poursuit l’œuvre commune et se voit attribuer, cette fois seule, le prix Nobel de chimie en 1911. Pendant la Première Guerre mondiale, elle organise les services radiologiques aux armées. Et, en 1921, c’est la création de la Fondation Curie, département des applications thérapeutiques et médicales de l’Institut du radium, lui-même fondé dès 1909.
Mais l’émanation du radium, dans l’ambiance de laquelle elle vivait depuis tant d’années, a finalement raison de la santé de Marie Curie, qui, frappée d’anémie pernicieuse, s’éteint dans un sanatorium de Sancellemoz.
C’est en mémoire de ces deux illustres savants que le nom de curie a été adopté pour désigner l’unité de radio-activité et que l’élément chimique numéro 96 a été baptisé curium.
Les conditions de la recherche scientifique
Marie Curie déclarait à la séance de commémoration du vingt-cinquième anniversaire de la découverte du radium : « Il est vrai que la découverte du radium a été faite dans des conditions précaires, et le hangar qui l’a abritée apparaît revêtu du charme de la légende. Mais cet élément romanesque n’a pas été un avantage ; il a usé nos forces et retardé les réalisations. Avec des moyens meilleurs on eût pu réduire à deux ans les cinq premières années de notre travail et en atténuer la tension. » Et ailleurs : « Tout le matériel se composait de vieilles tables de sapin usées, sur lesquelles je disposais mes précieux fractionnements de concentration de radium. N’ayant aucun meuble pour y enfermer les produits radiants obtenus, nous les placions sur des tables ou sur des planches, et je me souviens du ravissement que nous éprouvions lorsqu’il nous arrivait d’entrer la nuit dans notre domaine et que nous apercevions de tous côtés les silhouettes faiblement lumineuses des produits de notre travail. »
La science et la guerre
« On peut concevoir que dans des mains criminelles le radium puisse devenir très dangereux, et ici on peut se demander si l’humanité a avantage à connaître les secrets de la nature, si elle est mûre pour en profiter, ou si cette connaissance ne lui sera pas nuisible. L’exemple des découvertes de Nobel est caractéristique. Les explosifs puissants ont permis aux hommes de faire des travaux admirables. Ils sont aussi un moyen terrible de destruction entre les mains des grands criminels qui entraînent les peuples vers la guerre. Je suis de ceux qui pensent avec Nobel que l’humanité tirera plus de bien que de mal des découvertes nouvelles. »
C’est par ces paroles que Pierre Curie termina la conférence qu’il avait faite à Stockholm à l’occasion du prix Nobel.
R. T.
Le collaborateur de Pierre et Marie Curie
André Louis Debierne,
chimiste français (Paris 1874 - id. 1949). Ancien élève de l’École de physique et de chimie de Paris, il en deviendra directeur, puis succédera à Marie Curie à la direction de l’Institut du radium. En collaboration avec Marie Curie, il réussit à isoler le radium métallique grâce à l’électrolyse de son chlorure avec emploi d’une cathode de mercure (1910). Auparavant, en 1899, il avait découvert un élément radio-actif, l’actinium. Il étudia par la suite les émanations gazeuses des divers radio-éléments.
Marie Curie, Pierre Curie (Payot, 1924). / E. Curie, Madame Curie (Gallimard, 1938). / E. Cotton, les Curie (Seghers, 1963). / G. Collignon, Marie Curie (Gérard, Verviers, 1964).