Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cromwell (Oliver) (suite)

Cromwell pendant la guerre civile

• 1642 : à la fin de l’année, il participe à l’indécise bataille d’Edgehill. Puis il s’en va en East Anglia recruter la cavalerie de l’Eastern Association, la future troupe des « Côtes de fer ».

• 1643 : victorieux à Grantham et à Gainsborough, il remporte avec Thomas Fairfax (1612-1671) la victoire de Winceby, qui force l’armée royaliste du duc de Newcastle à faire retraite vers le nord. Cela lui vaut d’être promu second du généralissime parlementaire, le comte de Manchester. Son appartenance aux Communes, où il joue un rôle important entre les campagnes, son puritanisme, s’ajoutant à la mollesse de son chef, font en fait de lui le héros de la cause protestante.

• 1644 : alors que Newcastle a dû chercher refuge à York, Manchester ne peut empêcher le prince Rupert de lui porter secours. Manchester bat en retraite, mais il est rejoint à Marston Moor (2 juill. 1644). C’est la conduite de Cromwell qui fait pencher le sort de la bataille en faveur des parlementaires. Mais, après ce succès, Manchester préfère temporiser, au grand désespoir de Cromwell : l’opposition entre les deux généraux éclate au grand jour, lorsque le comte d’Essex, qui commande les armées parlementaires du Sud, doit capituler à Lostwithiel, faute d’avoir été secouru (sept.)

• 1645 : le débat entre les deux hommes est porté devant le Parlement. Il ne s’agit pas seulement d’un problème stratégique ; en réalité, Manchester pense qu’il faut chercher autant que possible un accord avec le roi ; d’où son attentisme. Cromwell, au contraire, combattant de la liberté religieuse et politique, veut une éclatante victoire. Le Parlement consent à une réorganisation de l’armée : l’« armée nouveau modèle » est ainsi créée. Mais c’est à Fairfax, personnalité de second plan qu’on la confie : en réalité, au premier danger, Cromwell la rejoint. Le 14 juin 1645, il prend une part décisive à la victoire de Naseby, qui met pratiquement fin à la première guerre civile.


Cromwell, le Parlement et l’armée

• 1647 : les Écossais viennent de livrer Charles Ier au Parlement en janvier. La majorité presbytérienne est prête à conclure un accord avec lui, à la fureur de la minorité puritaine (ou indépendante). Or, l’armée est tout entière du côté des minoritaires. Et Cromwell voit dans l’accord des presbytériens avec le roi une véritable trahison.

La révolte fait rage en Irlande, et les querelles politiques sont à leur comble. La seule solution que trouve le Parlement est de présenter un plan de dissolution de l’armée. Celle-ci refuse de s’y soumettre. Cromwell est malade à ce moment crucial : lorsqu’il retrouve l’armée, celle-ci a désigné des « Agitateurs », qui sont l’expression de leur régiment. Assemblées et débats se multiplient. Au milieu de cette fermentation, Cromwell essaie, un temps, de jouer un rôle d’intermédiaire entre l’armée et le Parlement. Mais, très vite, il rejoint l’armée, en même temps que Cornet George Joyce se saisit de la personne du roi, qui devient l’otage de l’armée (juin 1647). L’armée est alors à Newmarket ; deux conseils la dirigent : le Conseil de guerre, pour les affaires militaires, et le Conseil de l’armée, où sont présents les Agitateurs et les officiers supérieurs. C’est pour les chefs militaires la seule solution ; il faut amener les Agitateurs à collaborer avec eux, sans quoi c’en est fait de leur autorité sur l’armée. Aux propositions formulées alors par l’armée, le Parlement, impuissant, doit acquiescer : la foule londonienne le force à revenir sur son vote. C’est l’impasse, que Cromwell résout en faisant entrer l’armée dans Londres (6 août 1647). Le programme religieux et constitutionnel de l’armée est alors adopté et présenté au roi. Cromwell hâte les choses, car les débats se font de plus en plus hostiles à l’armée.


La seconde guerre civile

Charles Ier a réussi à s’échapper. Réfugié à l’île de Wight, il négocie avec les Écossais sur la base du presbytérianisme. Cromwell part à la rencontre des Écossais, qui, sous le commandement de Hamilton, sont entrés en Angleterre le 8 juillet 1648. Ce dernier, avec une armée supérieure en nombre, s’aventure imprudemment dans un pays hostile. Cromwell, d’ailleurs, lui laisse la voie libre, et c’est à revers qu’il vient attaquer à un moment où les forces écossaises sont dispersées sur près de 60 km. En une série de petits combats séparés, il taille en pièces les Écossais et les royalistes anglais. Peu parviennent à s’échapper. Dès la fin du mois d’août, la guerre est pratiquement finie. La rivalité qui oppose le duc d’Argyll à Hamilton permet à Cromwell de régler rapidement la situation en Écosse (sept.). Et celui-ci revient à Londres pour le règlement définitif de la question politique.


Cromwell et l’exécution du roi

Pendant que Fairfax et Cromwell combattaient et faisaient triompher les armes de la révolution puritaine, les sentiments presbytériens de la majorité des membres du Parlement incitaient celui-ci à reprendre les négociations avec le roi, dont nul ne pouvait penser pourtant qu’il tienne ses engagements un jour. La réaction de Cromwell et de l’armée à leur retour est violente. Au matin du 6 décembre 1648, les députés trouvent le colonel Pride assis à la porte du Parlement : ceux que l’armée n’apprécient pas ne peuvent entrer ; s’ils protestent, ils sont aussitôt arrêtés. Il ne reste plus en place que le « croupion » d’un Parlement, puisque tel est le surnom qu’a gagné le reste du « Long Parliament » à la purge de Pride (Rump Parliament).

Cromwell semble avoir essayé de reprendre à son compte les négociations avec le roi : mais l’intransigeance de ce dernier met vite un terme à cet effort. Le 28 décembre 1648, un tribunal est constitué pour juger le roi. Il faut le modifier, et ce n’est que le 6 janvier 1649 que sa forme définitive est arrêtée. Du 20 au 26 janvier se déroule le procès, et, le 27, le roi est condamné. Il est certain que Cromwell s’est alors décidé à ce que le roi soit exécuté. Il fait tout pour que les jurés puissent résister aux pressions qui s’exercent sur eux, qu’elles viennent des modérés, de pays étrangers (intervention de l’ambassadeur de Hollande) ou des Écossais. Mais toute l’armée est derrière lui, et c’est avec joie qu’elle voit tomber, le 30 janvier, la tête de Charles Ier.