Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

croissance (suite)

Croissances anormales

Dans certains cas, on observe la transformation d’écaillés en pétales, sépales ou feuilles, la prolifération de nombreux petits rameaux constituant chez Juniperus les « balais de sorcière », etc. C’est souvent la présence de parasites qui induit de telles formations : la « noix de galle » du Chêne, par exemple, est produite par Dryophantha folii, qui dépose sa ponte dans la face inférieure de la feuille ; la présence d’un œuf provoque dans les tissus déjà différenciés une dédifférenciation et l’apparition de nombreuses mitoses, qui édifient une masse sphérique à la fois protectrice et nutritive pour la larve qui vivra à l’intérieur. D’intéressantes formations du même genre peuvent se trouver sur les nervures de la feuille du Hêtre ou dans les fruits du Pavot. De véritables cancers végétaux à prolifération indéfinie apparaissent sous l’influence de Bactéries : Crown-Gall par exemple. Le parasite provoque dans ce cas une multiplication cellulaire intense.


Déterminisme de la croissance

La croissance des végétaux est provoquée par des substances chimiques fabriquées sous l’influence de divers facteurs par la plante elle-même et agissant sur les cellules : véritables hormones végétales, ces substances de croissance (auxine*, gibbérellines, cytokinines, etc.) jouent un grand rôle dans l’orientation (tropismes) et le développement des végétaux.

J.-M. T. et F. T.

croissance économique

Par analogie avec son sens biologique (toute augmentation irréversible en dimension d’un être vivant ou d’une de ses parties), l’expression croissance économique a été introduite dans le domaine de la science économique pour évoquer une évolution comparable à celle des êtres vivants. La croissance est une augmentation du produit net de l’économie.


Au cours de la croissance, les variables quantitatives en nombre, en poids, en volume ou en valeur manifestent une tendance croissante continue ; la notion devient ainsi mesurable par l’augmentation du volume de la production, des revenus et de la consommation. En ce sens, la croissance apparaît comme un phénomène d’ordre quantitatif ; elle n’a, alors, qu’une signification purement arithmétique, mesurant l’accroissement des quantités déterminées par rapport à leur valeur initiale. Ainsi, au point de vue économique, il y aurait croissance quand se produirait un changement positif dimensionnel (par exemple, augmentation du revenu national), mais certains ont limité la définition en ne considérant que l’accroissement du revenu par tête.

En tout cas, telle quelle, cette notion, empruntée à la biologie, présente des avantages.

Le concept de croissance évoque, en effet, quatre idées : l’idée d’un changement complexe, où l’essentiel est non seulement l’augmentation des quantités absolues, mais aussi la transformation des rapports entre quantités, c’est-à-dire la transformation des structures ; l’idée d’un développement de forces internes contradictoires ou contraires ; l’idée de différenciation, de développement dans la complexité ; enfin l’idée de phases successives, de préférence à l’idée de récurrence. L’idée de croissance semble impliquer la nécessité d’un passage d’une phase à l’autre ; mais il n’est aucune nécessité mécanique qui impose ce passage. Ainsi, on peut observer que beaucoup d’économies primitives en sont restées à la première phase. En outre, beaucoup d’économies vivent sans vieillir. En fait, on peut dégager un mouvement en quelque sorte classique : une croissance lente, suivie d’une croissance rapide, ensuite un ralentissement de la croissance et une quasi-stagnation ; seul un changement de forme ou de système peut alors relancer le mécanisme de la croissance.


Les notions voisines : expansion, progrès, développement

Bien que l’étude de la croissance économique soit devenue l’un des secteurs privilégiés de l’analyse économique, cette notion est loin d’être exempte d’ambiguïté. En fait, l’analyse économique contemporaine s’est efforcée de distinguer la croissance de notions voisines.

• Les premiers efforts ont porté sur les termes d’évolution et d’expansion. Tandis que l’évolution correspondrait aux transformations à long terme d’un pays ou, plus généralement, d’un ensemble économique et social donné, et que la croissance serait un phénomène plus précis, à savoir une des modalités possibles de l’évolution (les deux autres modalités étant la stagnation et la régression), l’expansion ne représenterait qu’un aspect ou qu’un stade de la croissance. En d’autres termes, elle relèverait de la courte période, et la croissance du long terme. Processus conjoncturel, l’expansion s’opposerait alors à la dépression et ne serait qu’un moment dans le cheminement de la croissance. Ces quelques distinctions montrent que l’évolution ne se traduit pas toujours par une croissance et que celle-ci peut très bien avoir lieu en dents de scie avec des pointes de forte expansion. Mais, en fait, ces différences de vocabulaire sont superficielles : pratiquement, les termes de croissance et d’expansion peuvent être utilisés comme synonymes.

• Quant à la distinction entre croissance et progrès, l’analyse économique a souligné l’absolue nécessité de ne pas les confondre. Selon sa stricte définition, la croissance est un accroissement du produit net de l’économie. Le progrès, au contraire, est un dépassement de la croissance et se mesure à l’élévation du niveau de vie, ce qui implique normalement un accroissement du produit par tête. Plusieurs conséquences s’attachent à cette distinction. En premier lieu, il peut y avoir croissance sans progrès, en raison, par exemple, d’un taux démographique supérieur à l’augmentation du produit ou encore en raison d’une réduction ou d’une limitation temporaire de la consommation afin d’accroître le taux d’accumulation du capital. Inversement, il pourrait y avoir, au moins momentanément, progrès sans croissance, à la suite, par exemple d’une redistribution de la richesse nationale au profit d’une catégorie sociale déterminée.