Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

croisière (suite)

Caractéristiques des yachts de croisière

La première et principale caractéristique d’un bateau de croisière semble être la possibilité d’habiter à bord ; cela suppose la présence d’une ou de plusieurs couchettes, d’un élément de cuisine et d’un rudiment d’installations sanitaires. Mais, si la coque doit être assez grande pour abriter ces divers éléments, l’aptitude manifestée de plus en plus par les yachtsmen de se contenter d’un confort rudimentaire et le talent déployé par les architectes navals ont, depuis quelques années, donné naissance à un type de cruisers de dimensions extrêmement réduites. À partir de 5 m à 5,50 m de longueur de flottaison, on peut estimer que l’on sort de la catégorie des bateaux de camping pour entrer dans celle des cruisers. À la notion de taille vient s’ajouter celle de déplacement, c’est-à-dire du poids total de l’embarcation à l’eau, l’équipage et ce qui lui est normalement nécessaire pour vivre à bord étant embarqué. La présence de quatre personnes, une hauteur sous barrots d’environ 1,75 m, un confort général suffisant supposent une longueur à la flottaison de l’ordre de 7 m à 7,50 m et un déplacement d’au moins 3 t.

Mais les conditions de vie à bord ne dépendent pas uniquement des aménagements disponibles. Un élément très important réside dans les qualités marines de la coque. Il s’agit pour l’architecte de tracer les plans d’un véritable voilier, rapide sans que la surface de voilure soit exagérée, passant bien dans la lame sans mouiller, remontant convenablement dans le vent, le tout accompagné d’une bonne robustesse de la coque et du gréement.


La coque

Tous les dessins de coques sont utilisés :

La tonture peut être normale ou inversée. Les coques sont le plus souvent « en forme », ou bien présentent un ou deux bouchains, notamment en cas de construction en bois contre-plaqué. En règle générale, les coques « en forme » sont munies d’une quille lestée ou « fin Keel » avec retour de galbord. Les coques à bouchains comportent une « bulb Keel » ou une dérive lestée. Les avants sont droits, arrondis ou à guibre, ce qui est une survivance du passé. Les arrières peuvent être à voûte, à tableau avec gouvernail apparent ou avec tige de gouvernail intérieure, du type « canoë » ou norvégien. Plus le bateau est petit, plus les superstructures sont importantes, car il s’agit de donner le plus grand volume intérieur possible et aussi d’assurer une hauteur sous barrots suffisante.

La longueur de flottaison constitue un des facteurs principaux de stabilité de route, de vitesse et de cap ; la vitesse moyenne en nœuds par brise établie est donnée par la formule 2 à étant la longueur de flottaison. À longueur totale égale, il est préférable de prévoir des élancements modérés, la longueur de flottaison étant allongée d’autant et les aménagements intérieurs plus vastes.

Un grand tirant d’eau améliore la marche au près, mais interdit l’entrée dans certains ports peu profonds. Une quille très longue donne une stabilité de route meilleure, mais rend le bateau moins évolutif. Tout est question de dosage entre avantages et inconvénients réciproques, la meilleure formule résidant toujours dans le juste milieu. Un facteur primordial de choix réside dans la destination du bateau et la nature de la mer où il sera le plus souvent appelé à naviguer.

La forme du maître couple est un autre élément fort important ; de l’étrave à l’étambot, elle commande l’ensemble des lignes de la coque, influe sur la stabilité et sur la période de roulis. Le maître couple d’un petit bateau est beaucoup plus puissant que celui d’une grande unité, et son tournant de bouchain plus ferme. C’est pour cette raison notamment qu’il n’est pas possible d’exécuter des bateaux de tailles différentes sur un même plan. Chaque catégorie a ses impératifs, dont il est exclu de s’écarter.

Le déplacement, enfin, est en même temps, quand il est élevé, un facteur de place pour les aménagements et un facteur de résistance à l’avancement. De deux yachts de construction analogue et de lest extérieur comparable, lest dont le poids se chiffre en général entre 30 et 40 p. 100 du déplacement, le plus lourd est le plus souvent lent et le plus léger peu habitable.


Le gréement

Le gréement des yachts de croisière est certainement la partie du bateau qui a subi le plus de changements depuis une cinquantaine d’années. Les yachts de plaisance du début de ce siècle, qui étaient chargés de voiles immenses et nombreuses (focs, trinquettes, grand-voiles, flèches, etc.), ont, à présent, laissé la place à des bateaux relativement peu voilés. Une des principales raisons de cette simplification réside dans l’adoption quasi générale de la forme de voile Marconi qui a remplacé la voile à vergue, surmontée éventuellement d’une flèche. Ce simple triangle rectangle, dont le plus grand côté de l’angle droit est fixé au mât, et le plus petit à la bôme, possède un rendement aérodynamique très supérieur aux formules qu’il a remplacées, de même qu’une facilité de manœuvre incomparable et une plus grande légèreté. En même temps qu’elle se simplifie et s’allège, la voile principale diminue de taille, au bénéfice du triangle avant, le grand mât reculant vers le centre de la coque. Actuellement, les cruisers se caractérisent par une grand-voile haute, mais courte sur la bôme et par un grand assortiment de focs, de tailles et de formes variées. Le maniement du bateau y gagne, car, dans un coup de vent, il est toujours plus facile d’établir un foc plus petit que de réduire la surface de la grand-voile. Le gréement de sloop ou de cotre ne comporte qu’un mât : le sloop n’a qu’un foc ; le cotre a un foc et une trinquette. S’il s’agit d’un yawl, un second mât plus petit est placé en arrière de la mèche de gouvernail. Dans un ketch, le second mât est placé en avant de cette dernière. Les cotres et les sloops sont plus rapides, mais la division plus marquée de la voilure dans les yawls et les ketchs facilite la manœuvre par mauvais temps.

D’autre part, les voiles en coton ont définitivement laissé la place aux voilures en Dacron, tandis que le Nylon permet de fabriquer drisses, écoutes, élingues d’une grande légèreté et d’une grande solidité.