Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

alésage (suite)

• Montage sur aléseuse. Certaines machines ont été spécialement conçues pour effectuer des usinages à la barre d’alésage. Bien qu’elles soient appelées aléseuses, elles peuvent également être utilisées comme fraiseuses et comme perceuses, d’où leur dénomination commerciale de fraiseuses-perceuses-aléseuses. Ce sont des machines de grande précision.

Aléseuse à montant fixe et à table mobile. Le chariot porte-broche coulisse sur un montant vertical, la table sur laquelle est fixée la pièce ne pouvant se déplacer que dans le sens longitudinal et dans le sens transversal. Le mouvement d’avance est obtenu par descente de la broche pour les aléseuses à broche verticale et, pour les aléseuses à broche horizontale, soit par la broche, soit par la table si la broche est mobile.

Aléseuse à table fixe et à montant mobile. Cette machine ressemble aux fraiseuses de même type et, très souvent, c’est une machine mixte aléseuse-fraiseuse. On l’utilise essentiellement pour usiner des ensembles très lourds et très volumineux. La pièce à usiner est bridée sur une table fixe, qui, pour les très grandes machines, est ancrée dans un bloc en béton coulé dans le sol, à côté de la machine proprement dite. Les mouvements sont obtenus par déplacement axial de la broche, par déplacement vertical du chariot porte-broche et par déplacement transversal du montant.

Aléseuse à table mobile et à montant mobile. C’est une machine universelle permettant les mouvements des deux types précédemment décrits.

Aléseuse spéciale. D’autres types d’aléseuses sont spécialement adaptés pour réaliser en série l’usinage de pièces déterminées (cylindres de blocs-moteurs, ligne d’arbre de moteurs...) ou de pièces particulièrement compliquées et complexes. Dans ce dernier cas, on utilise des machines du type aléseuse-fraiseuse universelle à montant mobile et pivotant et à broche orientable. Pour toutes ces machines, la conception la plus répandue, comme étant aussi la plus précise, consiste à donner l’avance à l’outil. La précision obtenue dépend de la rigidité de la barre d’alésage, dont il faut à tout prix éviter la flexion, qui provoque les défauts courants du tonneau ou du sablier. Il faut également éviter que cette barre puisse vibrer en raison de sa grande longueur.

G. F.

 L. Cave et C. Flayac, Fraisage et alésage, procédés modernes (Dumas, 1951). / A. Chevalier, L. Laburte, A. Marchand et F. Ranchoux, Perçage, alésage, filetage (Delagrave, 1957). / L. Compain, Perçage, alésage, pointage, taraudage mécanique (Eyrolles, 1960).

Alésia

Ancienne ville de Gaule et lieu d’une victoire de César sur les Gaulois en 52 av. J.-C.



Où trouver Alésia ?

Toute une collection de sites possibles ont été proposés depuis cent ans : Izernore, dans l’Ain, Novalaise, en Savoie, Salins et Cornu près de Champagnole, dans le Jura, etc. Mais surtout Alaise (Doubs) et Alise-Sainte-Reine (Côte-d’Or).

Sous le second Empire, divers érudits prirent parti pour Alaise (Desjardins, Quicherat) : on y avait trouvé quelques tombes celtiques. La querelle, qui fut virulente vers 1870, se ramena aux proportions d’une affaire d’intérêt local, des fouilles ultérieures n’ayant donné aucun résultat. L’identification d’Alésia et d’Alise-Sainte-Reine a été, au contraire, sans cesse confirmée par les résultats des fouilles. En 1839, on trouva une inscription portant le mot Alisiia. En 1861, Napoléon III fit entreprendre des recherches systématiques. On découvrit alors l’ensemble des travaux de César. Les fouilles récentes, complétées par l’exploration aérienne, ont confirmé ces découvertes anciennes.


Le siège

Battu dans le pays des Lingons, Vercingétorix se réfugia sous Alésia avec une armée forte de 80 000 hommes. C’était une excellente position défensive, mais médiocrement fortifiée. Il installa ses troupes non dans l’oppidum, mais sur le flanc est, qu’il fortifia en hâte. César, qui l’avait suivi, l’assiégea et édifia une contrevallation d’une quinzaine de kilomètres, qui entourait largement les positions gauloises. Un combat de cavalerie se termina en panique et en reflux jusque dans l’oppidum. La nuit suivante, Vercingétorix renvoya les cavaliers dans leurs pays d’origine, avec mission de ramener des renforts, car, une fois les soldats repliés dans l’oppidum, l’investissement complet de la place était inévitable. César établit alors une autre ligne de retranchements (circonvallation), orientée vers l’extérieur. Ses travaux sont classiques : plusieurs fossés, le plus souvent restant à sec, des palissades et, en avant, une vaste zone de pièges : cippes (bois aiguisés disposés pour empaler), lis (sorte de pièges à fauves), stimuli (aiguillons de fer dispersés dans la végétation). Les assiégés, manquant de vivres, expulsèrent les habitants d’Alésia, que les Romains se refusèrent à recueillir : ils périrent entre les lignes. Les renforts arrivés, il y eut trois tentatives pour débloquer le siège : une attaque de cavalerie, dans la plaine, échoua devant les auxiliaires germains de César ; une attaque nocturne des retranchements, en masse, échoua de même ; la troisième, à midi, par surprise, manqua réussir : on se battit dans les lignes romaines. César sut alors prendre l’ennemi à revers et fit un grand carnage. Alors, après sept mois de siège, les Gaulois, désespérés, se rendirent. César détruisit la ville. On a émis l’opinion que le vainqueur aurait commémoré sa victoire selon un rite gaulois en érigeant sur une colline avoisinante, le mont Rhéa, un trophée d’armes et de butin. Cette victoire décisive livrait la Gaule à César.


La ville gallo-romaine

Alésia, oppidum du peuple des Mandubiens, était situé sur la route de l’étain de Bretagne. C’était un centre de métallurgie. On y aurait inventé l’étamage. Les fouilles ont livré les traces des habitations gauloises, en partie creusées dans le sol, et celles de la ville gallo-romaine, construite sous l’Empire, selon des techniques romaines. Les inscriptions recueillies sont en langue celtique, les dieux sont surtout gaulois (Venetis, Bergusia) ou le produit d’une assimilation gallo-romaine, comme Apollon Moritasgus, dieu guérisseur, dont les substructions du temple ont été retrouvées. Par contre, les vestiges d’un forum, d’un théâtre, d’une basilique, d’un culte de Vénus et Minerve, de maisons avec hypocaustes témoignent de l’influence romaine.

R. H.

 G. Colomb, l’Énigme d’Alésia (Colin, 1922). / J. Carcopino, Alésia et les ruses de César (Flammarion, 1958 ; nouv. éd., 1970). / A. et G. Gauthier, Alésia, métropole disparue (édit. Xavier Mappus, Le Puy, 1963). / J. Le Gall, Alésia (Fayard, 1964). / J. Harmand, Une compagne césarienne, Alésia (Picard, 1967).