Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Coustou (les) (suite)

Les Coustou furent aussi portraitistes : Nicolas a laissé des représentations du financier Samuel Bernard et du garde des Sceaux Voyer d’Argenson, Guillaume celles du chancelier d’Aguesseau et celle de son frère Nicolas. Due à Guillaume, la statue de Marie Leszczyńska en Junon (Louvre) est remarquable par sa simplicité, signe d’un goût nouveau, et sa vivacité d’allure. Le mausolée du cardinal de Forbin-Janson (cathédrale de Beauvais) et celui du cardinal Dubois (église Saint-Roch à Paris) sont l’un de Nicolas et l’autre de Guillaume.

Les premières œuvres des Coustou sont dominées par le style de Coysevox : deux reliefs de bronze, le Rhône et la Saône (hôtel de ville de Lyon), rappellent les allégories fluviales du parterre d’eau de Versailles. Les statues de Marly — berceau du style rocaille — sont d’un autre temps par l’agitation des draperies et l’instabilité des poses. Quant aux Chevaux de Marly, la tension et la force sauvage qu’ils expriment sont romantiques avant la lettre.

Guillaume II Coustou fut l’un des sculpteurs de Mme de Pompadour ; il travailla à son château de Bellevue. Académicien en 1742, il eut des commandes de Frédéric II pour Potsdam. Son œuvre la plus célèbre, le monument funéraire au dauphin, fils de Louis XV (cathédrale de Sens), quoique encombrée d’allégories, annonce le goût néo-classique.

E. P.

coût de la vie

Dépense nécessaire à la subsistance, à l’entretien et, plus généralement, à l’agrément d’une personne, d’une famille, d’un groupe ou d’une population entière. On se réfère rarement à la valeur absolue de cette dépense, mais plutôt à ses variations relatives : l’évolution du coût de la vie.



Introduction

La notion moderne de coût de la vie est née de trois phénomènes propres aux xixe et xxe s. : la diversification des consommations, le développement du salariat, les grandes inflations*.

L’usage croissant de la monnaie*, au détriment du troc et de l’autoconsommation, n’était pas suffisant à lui seul pour faire prendre conscience d’un coût global de la subsistance tant que dans celle-ci intervenait à titre principal une denrée fondamentale ; de l’histoire biblique de Joseph à la « guerre des farines » menée par Turgot, c’est le prix d’une céréale ou du pain qui traduisait les pénuries, les spéculations et les accaparements propres aux crises et aux disettes. De même, il a fallu que la division croissante du travail aboutisse à allonger considérablement la distance entre le salarié et le fruit de sa peine pour que les difficultés de l’existence s’apprécient en termes de « pouvoir d’achat », comparant le salaire reçu au prix de tous les produits nécessaires à la vie.

Mais, si ces deux conditions, en fait déjà réunies au xixe s., étaient nécessaires, elles n’ont pas suffi à faire passer dans la conscience populaire un concept connu seulement d’un milieu limité d’économistes. Il a fallu que se déchaînent les grandes inflations consécutives au premier conflit mondial pour que naisse dans la masse la préoccupation du coût de la vie. Il s’agit dès lors, pour les salariés, d’obtenir des augmentations qui les garantissent contre la dégradation de leur pouvoir d’achat.


La mesure du coût de la vie

La mesure du coût de la vie a suscité et suscite encore bon nombre de controverses entre théoriciens (les économistes), praticiens (les statisticiens) et le public qui, représenté souvent par les syndicats de travailleurs, a naturellement ses vues particulières sur cette matière d’intérêt quotidien.

Les théoriciens ont, pendant longtemps, privilégié un bien particulier, l’or, pris comme étalon de valeur, c’est-à-dire dont la valeur était par définition invariable. Toutes les variations des autres prix sont mesurées relativement à ce prix. Deux étalons particuliers sont aujourd’hui le plus souvent employés. Le premier est l’or, en souvenir du temps où il définissait légalement l’unité monétaire et où il y avait libre convertibilité entre monnaie et or. Le second est l’heure de travail du manœuvre non qualifié.

Les praticiens préfèrent renoncer à privilégier un bien ou un service et s’efforcent de définir une variation moyenne des prix. Le statisticien doit, dès lors, relever les prix de la multitude des choses échangées, en observer la variation dans le temps et calculer une moyenne. Cette conception conduit aux indices de prix à la consommation, couramment calculés aujourd’hui par les instituts de statistique des différents pays. En France, tous les indices officiels des prix ont été des indices dont les pondérations — c’est-à-dire la définition de la structure du « panier » de biens servant de référence — étaient remises à jour et améliorées tous les six à huit ans (1950, indice des 213 articles ; 1957, indice des 250 articles [agglomération parisienne] ; 1963, indice des 259 articles [Paris et province], en 1970, 295 « postes »). L’I. N. S. E. E. a élaboré un indice très précis, 250 enquêteurs spécialisés effectuant chaque mois, dans les villes de France, 160 000 relevés de prix pour 25 000 points de vente.

Les syndicats reprochent à ces calculs de ne pas rendre compte de l’accroissement réel du coût de la vie et préfèrent la conception dite « du budget type ». Dans « coût de la vie », il y a en effet « coût » et « vie » : l’indice des prix rend convenablement compte de la variation du coût, mais il faudrait aussi tenir compte des dépenses supplémentaires introduites par la transformation de la vie, autrement dit des conditions d’existence. Ainsi, le développement de l’automobile, de l’urbanisation, les incitations de la publicité déterminent des suppléments de dépense qui sont perçus par le public comme accroissement du coût de la vie, dès lors qu’ils sont subis et non voulus, alors que les statisticiens, au contraire, les considèrent comme des accroissements des quantités (volumes) consommées. Le budget type consiste donc à définir, d’ailleurs d’une manière fatalement un peu arbitraire, la consommation « normale » d’un certain groupe de population et à en suivre la valeur dans le temps.