Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

course-croisière (suite)

Bateaux de course-croisière et épreuves célèbres

La première course-croisière eut lieu en 1866 à travers l’Atlantique, entre Sandy Hook (New Jersey) et les Needles (île de Wight). Au départ s’alignaient trois grandes goélettes américaines : Fleetwing, Henrietta et Vesta. Henrietta, qui appartenait au publiciste américain James Gordon Bennett, gagna cette épreuve après une traversée de 13 j 21 h 45 mn. Une deuxième compétition eut lieu en 1887, et une troisième en 1905, avec onze yachts au départ, gagnée par le trois-mâts goélette Atlantic, d’une longueur de flottaison de 40,85 m, dessiné par William Gardner et qui mit 12 j 4 h 1 mn à franchir la distance séparant Sandy Hook du cap Lizard, pointe sud-ouest de l’Angleterre. Tous les bateaux concurrents étaient de grande taille, puisque le plus petit, Fleur-de-Lys, avait une longueur de flottaison de 26,50 m.

En 1906, la première course des Bermudes alignait trois yachts, dont deux terminaient : il s’agissait du yawl Tamerlane, le gagnant, et de Gauntlet, l’un et l’autre dessinés et construits par Larry Huntington. En 1920 apparaissent les courses entre grandes goélettes de pêche des bancs de Terre-Neuve. Celles qui se sont particulièrement illustrées sont Delawanna, Esperanto, Elsi, Henry-Ford, Columbia et Blue Nose, la plus fameuse, goélette canadienne de 40 m de longueur et de 300 t de déplacement, portant 1 000 m2 de voile et qui devait demeurer la grande triomphatrice de toutes ses concurrentes. À partir de 1925, le Fastnet, phare construit sur un rocher au sud de l’Irlande, donna son nom à une épreuve célèbre qui consiste à prendre le départ de l’île de Wight, à virer le Fastnet et à revenir à Plymouth. Jolie-brise, ancien bateau pilote du Havre de 44 tonneaux, portant son gréement d’origine de cotre aurique, devait gagner trois fois cette course, qui est devenue la plus fameuse épreuve classique du monde, courue tous les deux ans.

Au fil des années, les courses de haute mer se sont élevées au premier plan des grandes compétitions de yachting. Les plus célèbres sont Sydney-Hobart (650 milles), Californie-Honolulu (2 500 milles), Buenos Aires - Rio de Janeiro (1 200 milles), la course transatlantique et la course transpacifique en solitaire. En Europe, les principales épreuves sont Cowes-Dinard (180 milles), Plymouth-Santander (440 milles), Channel Race (225 milles), l’Admiral’s Cup, challenge groupant quatre épreuves, dont le Channel Race et le Fastnet, la Giraglia (240 milles), et bien d’autres en Méditerranée.

Une épreuve internationale qui représente une sorte de révolution dans les habitudes du yachting de haute mer et qui commence à faire école est la coupe du Cercle de la voile de Paris, ou « One Ton Cup » ; elle se court sous sa forme actuelle depuis 1965. Il s’agit d’une épreuve sans handicap disputée par des bateaux qui ont tous le même rating, soit 27,5 pieds selon la formule IOR. Elle comporte cinq manches : trois régates de 20 à 30 milles en triangle à proximité des côtes, une course au large de 90 à 120 milles et une course en haute mer de 250 à 300 milles. Suscitant un immense intérêt auprès des architectes navals et des yachtsmen, elle a déjà été disputée en France, au Danemark, en Allemagne et en Nouvelle-Zélande. Parmi les courses à rating fixe, figurent également la Coupe internationale atlantique ou « Half Ton Cup » créée en 1965 et la « Quarter Ton Cup » créée en 1966.

Parmi les nombreux bateaux qui se sont illustrés dans ces différentes épreuves et qui ont marqué leur époque figurent : Niña, goélette de 18 m et de 40 tonneaux, construite en 1927 en Amérique sur les plans de Starling Burgess ; Maitenes II, cotre bermudéen survoilé, dessiné par Harley Mead et construit en 1929 à Carantec ; Dorade, le premier véritable « ocean racer », yawl de 15,85 m et portant 102 m2 de voile, créé par Olin Stephens en 1930 et gagnant la même année la course transatlantique et le Fastnet ; Stormy Weather, Trenchemer, également de Stephens ; Aile-Noire, un bateau français de 16,40 m de long et d’un déplacement particulièrement faible de 16,5 t, dessiné par son propriétaire, G. Baldenweck, en 1937 ; Myth of Malham, cotre de 33,5 pieds, construit sur les plans de Laurent Giles et qui a marqué après la Seconde Guerre mondiale un nouveau style, celui des tontures inversées et des élancements tronqués. Appartiennent à cette nouvelle génération, mais avec des différences de forme et de conception : Eloise (1949), sur les plans de François Sergent ; les dériveurs lestés de type américain, tels que Carina, de Phil Rhodes, et Finisterre, de O. Stephens ; des cruisers rapides classiques, tels que Pym, de Robert Clark, Quiver III, de C. A. Nicholson, Striana, d’Eugène Cornu ; et des « fin keels » à surface mouillée très réduite, tels que Miranda IV, de L. Giles, et Stemaël, de F. Sergent, auxquels il faut ajouter les dernières créations d’Olin Stephens comme Rainbow, Tina de Richard E. Carter et ses « sister ships », grands vainqueurs des épreuves de la One Ton Cup et champions du RORC. Un des yachts les plus remarquables de ces dernières années est Pen-Duick III, d’Eric Tabarly, goélette de 17,50 m de long en alliages légers, construite par les Chantiers de La Perrière à Lorient. Dès ses premières sorties en 1967, il a littéralement surclassé ses concurrents, en temps réel et compensé, et s’est adjugé presque toutes les grandes épreuves classiques européennes. En 1969, il a gagné en temps réel la course Sydney-Hobart.

Bien que fort dissemblables d’aspect, tous ces yachts ont nécessairement comme points communs une très grande capacité à porter leur toile par forte brise grâce à un large maître couple et un fort pourcentage de lest, un excellent rendement à l’allure du près et une tenue à la mer impeccable, résultant d’une étude approfondie des œuvres vives, des francs-bords, des élancements ainsi que de la surface de voilure, en fonction du déplacement et de la surface mouillée.

Quels que soient les matériaux utilisés, bois, métal ou plastique, la construction doit être sans défaut, alliée à un gréement, à un accastillage et à une voilure de première qualité. Un bateau marin est par définition confortable, ce qui n’est pas un des moindres facteurs de victoire. À ces qualités s’ajoute la nécessité de prévoir des aménagements intérieurs rationnels et complets.

L. D.

➙ Croisière / Régate / Voilier / Yachting.