Couperin (les) (suite)
Homme qui aime la campagne et possède une maison à Saint-Germain-en-Laye, il se promène de Choisy à Taverny et sait apprécier les richesses, les points de vue, les parfums de la nature (les Vergers fleuris, les Gazouillements, le Point du jour, les Petits Moulins à vent, les Papillons, le Moucheron, les Petites Crémières de Bagnolet), et, si son œil perçoit l’Anguille qui file dans la rivière, son oreille entend bourdonner les Abeilles, chanter les Fauvettes plaintives, la Linotte effarouchée ou le Rossignol en amour.
Musicien de cour, en service à Versailles, il nous livre des portraits royaux sous le titre l’Auguste, la Majestueuse, l’Unique. Il évoque des personnages de la Cour (la Bourbonnaise, la Charolaise, la Conti, la Muse de Monaco, la Princesse de Sens). Il chante l’arrivée de Louis XV (les Lys naissants), il honore la Régente ou la Minerve, enfin la Princesse Marie.
Familier de la commedia dell’arte, il vit au temps de Watteau et dessine comme lui les Bacchantes, le Carillon de Cythère, l’Arlequine ou les Dominos. Il se plaît à définir les sentiments en passant des Charmes aux Langueurs tendres, de la Muse plantine aux Regrets. Poète, il se crée toute une métaphysique lorsqu’il analyse les Ombres errantes, l’Âme en peine ou les Barricades mystérieuses. Écrite à trois voix, chaque pièce est agrémentée d’ornements qui font rebondir l’une quelconque de ces trois parties ou qui pimentent l’harmonie. Contrairement à ce que l’on dit, Couperin ne se complaît pas dans la miniature ou le tableautin. Il lui suffit de quelques mesures (l’Unique) pour atteindre la majesté, et il côtoie la grandeur louis-quatorzienne dans la passacaille en si mineur ou la chaconne intitulée l’Amphibie. Pour Couperin, le classicisme obéit à des constantes d’équilibre et de concision qui laissent toujours place à la fantaisie.
Parmi les filles de Couperin le Grand, citons Marie Madeleine, née à Paris en 1690, morte à l’abbaye de Maubuisson, où elle était organiste, en 1742, et Marguerite Antoinette (Paris 1705-1778), qui eut la charge de claveciniste de la Cour en 1730, comme survivancière de son père. Virtuose célèbre, celle-ci reçut, comme son père, l’emploi de maître de clavecin des Enfants de France.
Armand Louis (Paris 1727 - id. 1789), fils de Nicolas, succéda à son père à Saint-Gervais et tint différentes orgues de Paris. Il avait épousé Élisabeth Blanchet, fille du facteur de clavecins. Son œuvre groupe des pièces de clavecin, des sonates de chambre, des motets et des cantatilles. Ses deux fils Pierre Louis (Paris 1755 - id. 1789) et Gervais François (Paris 1759 - id. 1826) lui succédèrent à Saint-Gervais, sans laisser dans l’histoire de la musique des œuvres de valeur. Ce dernier a vécu la période révolutionnaire propice à la romance, aux transcriptions, aux variations, aux symphonies beaucoup plus qu’aux pièces d’orgue.
Céleste (Paris 1793 - id. 1860), la fille de Gervais François, est la dernière à avoir porté le nom de Couperin. Elle a tenu pendant quelques années l’orgue de Saint-Gervais.
N. D.
C. Bouvet, Une dynastie de musiciens français : les Couperin (Delagrave, 1919) ; Nouveaux Documents sur les Couperin (P. Bossuet, 1933). / A. Tessier, Couperin (Laurens, 1926). / P. Brunold, le Grand Orgue de Saint-Gervais de Paris (Oiseau-Lyre, 1934). / N. Dufourcq, le Clavecin (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1948 ; 2e éd., 1967) ; le Livre de l’orgue français, t. IV : la Musique d’orgue (Picard, 1972). / W. Mellers, François Couperin and the French Classical Tradition (Londres, 1950). / P. Citron, Couperin (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1956). / S. Hofman, Œuvre de clavecin de François Couperin le Grand (Picard, 1961). / Mélanges François Couperin (Picard, 1968).