Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Coulomb (Charles Augustin de) (suite)

Sa première publication, qui date de 1777 et répond à une demande de l’Académie des sciences, est intitulée Recherches sur la meilleure manière de fabriquer les aiguilles aimantées ; elle lui vaut un prix de l’Académie et contient en germe ses travaux ultérieurs ; il y signale l’existence du champ démagnétisant. Deux ans plus tard, il va s’occuper à Rochefort d’expériences sur le frottement et la raideur des cordages, qui lui permettent d’établir sa Théorie des machines simples (1779). Revenu à Paris, il est élu membre de l’Académie des sciences en 1781 ; en 1784, il devient intendant général des Eaux et Fontaines et, en 1786, conservateur des Plans en relief.

C’est entre 1784 et 1789 qu’il rédige ses mémoires les plus importants. En effet, en 1784, paraissent ses Recherches sur la torsion, où se trouvent décrits la balance et le pendule, qui permettront une étude quantitative des forces les plus ténues. Dans les années qui suivent, il ne publie pas moins de sept mémoires, dans lesquels il établit les bases expérimentales et théoriques du magnétisme et de l’électrostatique. Il découvre en 1785 la loi de l’inverse carré, développe la théorie de l’électrisation superficielle des conducteurs, qu’il vérifie à l’aide de son plan d’épreuve. Il étudie la déperdition des charges. Il énonce en 1786 l’effet d’écran électrique produit par les conducteurs creux. En 1789, il introduit, en étudiant l’action du champ terrestre sur l’aiguille aimantée, la notion de moment magnétique ; il attribue des moments aux molécules et crée la théorie de la polarisation.

La Révolution française le surprend en Angleterre, où il a été envoyé pour étudier l’administration des hôpitaux. Il perd sa fortune, démissionne de tous ses emplois et se réfugie près de Blois avec son ami Borda. Mais, lors de la création de l’Institut en 1795, il est admis dans la classe des sciences et, en 1802, il est nommé inspecteur général de l’Instruction publique.

La science a voulu témoigner sa reconnaissance envers ce savant, grand expérimentateur et grand théoricien, en donnant son nom à l’unité de charge électrique.

R. T.

 C. S. Gillmor, Charles Augustin Coulomb (Princeton, 1968).

Couperin (les)

Dynastie de compositeurs et organistes français des xviie et xviiie s.


Ces musiciens, qui ont vécu pour la plupart à Paris, sont issus de la Brie, leurs ancêtres ayant été praticiens et organistes dans la cité de Chaumes-en-Brie. Ils ont conservé des attaches avec cette terre natale tout au cours du xviiie s., et c’est parce que certains d’entre eux ont été distingués par un grand seigneur musicien briard, Jacques Champion dit de Chambonnières, qu’ils ont eu la faveur de venir exercer leur art à quelques pas de l’Hôtel de Ville de Paris, dans l’église Saint-Gervais, où ils se sont succédé.

L’organiste de l’abbaye de Chaumes-en-Brie, Charles Ier († av. 1662), eut parmi ses enfants trois fils : Louis, François et Charles II, qui vinrent — aux dires de Titon du Tillet — offrir un jour à Chambonnières une aubade pour sa fête : cela se passait vers 1650. Louis (Chaumes-en-Brie av. 1626 - Paris 1661), nommé en 1653 organiste de Saint-Gervais, compose pour l’orgue à Paris dès 1651, fréquente les châteaux de Meudon au service d’Abel Servien ; joueur de viole, il reçoit une charge d’ordinaire de la musique du roi et participe, dès 1656, à certains ballets de cour. Il suit la musique royale, qui est envoyée dans le Midi pour le mariage du roi, et l’on trouve sa trace à Toulouse en 1659. C’est entre 1651 et 1661 qu’il écrit ses soixante-sept pièces d’orgue, ses cent trente pages de clavecin, ses deux fantaisies pour deux violes et ses trois symphonies. Pour avoir sans doute rencontré à Paris, en 1652, l’élève de Frescobaldi, Froberger, pour avoir profité plus que d’autres du mouvement italianisant en France, cet élève de Chambonnières colore ses pièces lentes de dramatiques dissonances, et ses quatorze préludes libres relèvent déjà d’une technique baroque annonçant le préromantisme. Son art se situe, pour l’orgue, entre Titelouze, Racquet et Roberday, pour le clavecin, entre Chambonnières et Lebègue.

Son frère François (Chaumes-en-Brie v. 1630 - Paris après 1708), claveciniste et organiste, semble s’être occupé d’éducation musicale et s’être intéressé à la facture des instruments. Il est l’ancêtre de toute la dynastie des Couperin qui succéderont à son neveu, François le Grand. Il laissa une fille chanteuse, Marguerite Louise (Paris v. 1676 - Versailles 1728), qui entra dans la musique royale en 1702, et un fils, Nicolas (Paris 1680 - id. 1748), musicien du comte de Toulouse, qui devait succéder à son cousin François le Grand à Saint-Gervais en 1723. Nous retrouverons plus loin la descendance de ce musicien.

Frère de Louis et de François Ier, Charles II (Chaumes-en-Brie 1638 - Paris 1679) fut nommé organiste de Saint-Gervais en 1661, après la mort de Louis. Il était entré au service de la duchesse d’Orléans (la Palatine), se faisait appeler sieur de Crouilly et avait épousé Marie Guérin, fille d’un ancien barbier de la Grande Ecurie.

Leur fils, François II dit le Grand (Paris 1668 - id. 1733), passa toute son existence à Paris. Orphelin de père à onze ans, il a peut-être travaillé avec Thomelin, organiste de Saint-Jacques-de-la-Boucherie, et Michel Richard Delalande, qui, dès 1679, tenait l’orgue de Saint-Gervais pour conserver cet office à la famille Couperin : il devait léguer cette charge à François le jour de ses dix-huit ans. À vingt ans (1689), François épousa Marie Anne Ansault, qui lui donna quatre enfants.

Nommé organiste de Saint-Gervais en 1685, François II fait une carrière fulgurante à la Cour. En 1690, il avait obtenu, par l’intermédiaire de Delalande, un privilège pour publier ses deux messes d’orgue (privilège dont il ne devait d’ailleurs pas profiter). Après concours, en 1693, Louis XIV le désigne pour être organiste de sa chapelle, et il est appelé à enseigner le clavecin au duc de Bourgogne et à six des princes et princesses qui entourent le roi. Il se fait entendre à Saint-Germain-en-Laye comme à Versailles, Fontainebleau et Saint-Maur. Il est alors appelé sieur de Crouilly. Sa clientèle est nombreuse à la Cour, et le roi, rentrant de Fontainebleau, va même jusqu’à lui confier la composition de petits motets. Dans les dernières années du règne de Louis XIV, Couperin le Grand compose les concerts destinés à être interprétés à Versailles devant la famille royale. Il recueille, en 1717, la survivance de D’Anglebert comme ordinaire de la musique pour le clavecin. Il a beaucoup d’élèves, tant dans le monde de l’aristocratie que parmi les organistes, et résume pour eux son enseignement dans des Règles pour l’accompagnement et dans l’Art de toucher le clavecin. Il confie à son cousin germain Nicolas la tribune de Saint-Gervais en 1723 et cède, en 1730, la survivance de sa charge d’organiste de la musique du roi à Guillaume Marchand.