Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Costa Rica (suite)

Les relations extérieures

Le niveau de vie relativement meilleur qu’ailleurs en Amérique centrale correspond à une participation aux cultures d’exportation de la part d’une forte proportion de la population : ainsi, les échanges extérieurs, par tête d’habitant, sont doubles de la moyenne centre-américaine. En effet, presque tout le commerce extérieur repose sur les ventes de café, de bananes et autres produits agricoles. La baisse des prix mondiaux de ces produits a provoqué un déficit commercial accentué depuis 1955, traduit par un plafonnement du pouvoir d’achat.

Luttant contre cette dépendance vis-à-vis du marché mondial, le Costa Rica s’est lancé le dernier, en 1962, dans la politique du Marché commun centre-américain : il craignait une union plus étroite avec des pays dépourvus de régimes représentatifs stables et surtout se voyait peu d’intérêts communs avec ses partenaires. Si ses échanges avec ceux-ci se sont accrus rapidement, ils ne représentaient encore que 8 p. 100 de son commerce extérieur en 1965, faute de complémentarités économiques faciles à développer. Seules les nouvelles industries portuaires ouvrent la voie à une interdépendance accrue.

C. B.


L’évolution historique


La colonie

Un peuplement indien presque inexistant, des conditions climatiques favorables expliquent que les conquérants espagnols aient spontanément décidé de travailler la terre. Malgré son nom, le Costa Rica, « la Côte Riche », n’avait pas de mines, et la société qui s’y développa dans le cadre de la capitainerie générale de Guatemala se consacra à une agriculture de subsistance. Dans la seconde moitié du xviiie s., l’immigration de colons venus de Galice ne fit que renforcer es caractéristiques ethniques d’une population totalement blanche.


Le xixe siècle

• L’indépendance. Cette Arcadie repliée sur elle-même n’est pas ravagée par les guerres civiles qui accompagnent la chute de l’Empire espagnol ; la capitainerie de Guatemala ne fait que suivre le destin du Mexique, dont, nominalement, elle dépend depuis trois siècles. Sans insurrection, sans résistance, l’Amérique centrale naît à l’indépendance et se groupe en Provinces-Unies éphémères, déchirées par la guerre que se font libéraux et conservateurs. Le Costa Rica ne joue qu’un petit rôle dans le conflit, où les chefs de file sont le Guatemala conservateur et le Salvador libéral. Lorsque le Guatemala se sépare de l’Union, le Salvador, le Honduras, le Nicaragua et le Costa Rica deviennent de petites républiques (1839).

• La mutation économique. Comme dans toute l’Amérique centrale, la stagnation économique est liée au manque de débouchés pour les produits agricoles et de capitaux pour les susciter. Cette situation est modifiée par l’expansion du café sur le plateau central. Les propriétaires utilisent les bénéfices des récoltes vendues en Europe pour créer de nouvelles plantations. Ce coin perdu de l’Amérique se transforme en petit pays actif, dont la prospérité est liée au marché extérieur.

• « La démocratie exemplaire ». L’héritage historique explique que la plantation de café se soit faite dans le cadre de la petite propriété et n’ait pas engendré une aristocratie du café. La classe « suisse » de petits propriétaires enrichis, même si elle connaît les conflits politiques et religieux du xixe s., ne se laisse pas dépouiller du pouvoir politique par les dictatures militaires. La démocratie politique dont bénéficient les 500 000 habitants du Costa Rica est durable et s’accompagne d’un très haut niveau d’instruction.

• L’impérialisme anglo-saxon. La position stratégique de l’Amérique centrale expose celle-ci aux convoitises de l’Angleterre et des États-Unis ; l’aventurier yankee William Walker (1824-1860), avec une armée internationale financée par C. Vanderbilt, réussit à dominer le Nicaragua et le Honduras, qui, par excès de généraux, sont incapables de résister à la conquête. En 1857, les Costariciens défont Walker à la bataille de Santa Marta et mettent un terme aux velléités d’intervention qui annoncent la domination américaine du xxe s.


Le xxe siècle

• Une oasis de paix. Alors que le reste de l’Amérique latine continue à osciller entre le régime oligarchique et la dictature militaire, progressiste ou non, le Costa Rica garde son caractère exceptionnel pour cinquante ans, la continuité démocratique n’étant brisée qu’une fois par une tentative césariste qui aboutit à la dissolution de l’armée en 1919. Le gouvernement reste entre les mains de la classe moyenne rurale de la Vallée centrale.

• La deuxième mutation économique. Elle est moins bénéfique que la première, celle du café : au début du siècle se fonde l’United Fruit Company, entreprise bananière américaine, qui se taille rapidement un empire en Amérique centrale et sur le littoral caraïbe ; au Costa Rica, elle crée une côte de peuplement noir et mulâtre, différente socialement du plateau blanc, et fait entrer le pays dans la dépendance économique des États-Unis.

• L’ère de Figueres. Des élections contestées et l’intervention de José Figueres Ferrer (né en 1906), qui refuse la fraude, provoquent une guerre civile brève, mais violente (1948), au terme de laquelle Figueres retourne à la culture du café après avoir fait triompher le candidat régulièrement élu. En 1953, Figueres est élu lui-même à la présidence, charge qu’il assumera jusqu’en 1958.

De 1953 à 1956, le Costa Rica de Figueres et le Nicaragua du dictateur Somoza se font une guerre de coups de main sur les frontières. Figueres obtient de l’United Fruit qu’elle verse à l’État 45 p. 100 de ses bénéfices et abandonne son monopole ferroviaire ainsi que le contrôle de ses écoles et hôpitaux. Ce triomphe du réformisme n’est possible que grâce aux appuis dont Figueres dispose dans les milieux libéraux américains et à une conjoncture internationale adroitement utilisée (l’United Fruit a trop fait parler d’elle au Guatemala). Partisan de la coopération interaméricaine et de la lutte contre la droite et le communisme, Figueres continue à jouer un rôle exceptionnel dans la vie politique : il est réélu président en 1970 et s’efforce de trouver de nouveaux débouchés, en signant notamment un accord commercial avec l’U. R. S. S. L’un de ses partisans, Daniel Oduber Quirös (né en 1921), lui succède en 1974.

J. M.

➙ Amérique latine.