corsaire (suite)
Derniers rayons des gloires d’autrefois, les exploits de Surcouf marquèrent la fin d’une époque. Intrépide marin de Saint-Malo, Robert Surcouf (1773-1827) sut jouer de l’immensité des mers pour faire une rude guerre aux Anglais entre Madagascar et l’Inde. Sur l’Emilie (1795), la Confiance (1801) et le Revenant (1807), il fit régner la terreur dans le commerce anglais de la Compagnie des Indes. Dès 1810, il se retirait à Saint-Malo, fortune faite, la chute de l’île de France le privant de sa base d’opérations. Créé baron par Napoléon, il fut le dernier grand corsaire français.
La guerre de course fut théoriquement abolie au congrès de Paris par la convention du 16 avril 1856, qui, en outre, décida que le pavillon couvrait la marchandise à l’exception de la contrebande de guerre et que les marchandises neutres ne pouvaient être saisies sous pavillon ennemi. Elle reprit pourtant encore une fois au début de la Première Guerre mondiale, où elle fut conduite surtout par l’amirauté allemande jusqu’au moment où, dans la guerre au commerce ennemi, le corsaire fut définitivement remplacé par le sous-marin. Son épisode le plus spectaculaire fut l’aventure du croiseur léger allemand Emden, transformé en corsaire par son commandant Karl von Müller (1873-1923). En trois mois, avant d’être coulé, le 9 novembre 1914, par le croiseur australien Sydney, l’Emden réussit, au cours d’une croisière de 20 000 milles dans l’océan Indien, à couler plus de vingt navires alliés, totalisant 100 000 tonneaux et dont les cargaisons représentaient plus de 300 millions de francs.
La guerre de course s’achevait, mais était aussitôt relayée par une « invention » beaucoup plus redoutable encore : la guerre sous-marine.
A. L. et P. D.
J. Auzanet, le Corsaire Duguay-Trouin (Éd. de France, 1936). / H. Le Marquand, Jean Bart, corsaire et bourgeois de Dunkerque (Gallimard, 1936). / R. Vercel, Visages de corsaires (Albin Michel, 1943). / H. Malo, Jean Bart (Édit. de Paris, 1947) ; la Vie de Monsieur Duguay-Trouin (Éd. littéraires de France, 1949). / M. Bourdet-Pléville, Surcouf (Éd. géogr. mar. et colon., 1951). / J. Feuga, / l’« Emden », croiseur corsaire (Bonn, 1965). / G. Blond, Histoire de la flibuste (Stock, 1969). / F. Tuloup, Corsaires oubliés (Éd. du Seuil, 1970).