Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

coronaires (artères)

Branches de l’aorte qui entourent le cœur comme une couronne (d’où leur nom) et qui irriguent le muscle cardiaque.


Les artères coronaires naissent au-dessus des valvules sigmoïdes de l’aorte. La gauche atteint rapidement le sillon interventriculaire antérieur et le suit jusqu’à la pointe du cœur, qu’elle contourne. La droite, plus volumineuse, longe le sillon auriculo-ventriculaire droit et gagne le sillon interventriculaire postérieur et inférieur.

Les deux artères coronaires donnent des branches collatérales pour les oreillettes et les ventricules, et le plus souvent communiquent entre elles.


Pathologie coronarienne

L’athérosclérose des artères coronaires (dite à tort « coronarite »), très fréquente, est pratiquement toujours la cause de l’angine de poitrine et de l’infarctus* du myocarde.

Dans l’angine de poitrine, il y a le plus souvent diminution du calibre des coronaires ; un spasme artériel peut s’y ajouter, aggravant le déficit circulatoire local, ou ischémie. Le muscle cardiaque souffre alors d’anoxie*.

Si une thrombose s’ajoute au rétrécissement, la partie correspondante du muscle se trouve mortifiée : c’est l’infarctus.

L’angine de poitrine et, exceptionnellement, l’infarctus du myocarde peuvent aussi être dus à une atteinte syphilitique, à une malformation congénitale, à un rétrécissement de l’orifice aortique ou à une grande anémie.

Il convient enfin, à côté des lésions anatomiques, de mentionner l’importance, dans l’apparition de certaines douleurs coronariennes, de perturbations psychiques agissant par un mécanisme nerveux ou humoral, ainsi que l’intrication avec des affections extra-cardiaques (tube digestif, foie) jouant le rôle d’épine irritative (angor intriqué).


Angine de poitrine ou angor pectoris

Elle survient surtout chez les hommes de plus de 40 ans. Elle se manifeste par une douleur apparaissant soit au cours d’un effort (marche, montée d’escalier, etc.) et cessant avec lui, soit après les repas, qui accroissent le débit cardiaque, ou encore lorsque la température trop froide entraîne une vaso-constriction.

La douleur, de siège thoracique antérieur, médiane, est diffuse, donnant une sensation de constriction. Elle irradie souvent vers le bras gauche ou les deux bras, vers le cou ou la mâchoire inférieure. Elle évolue par crises durant quelques minutes. Parfois, à la douleur d’effort, s’ajoutent des crises paroxystiques survenant le soir au coucher (angor de décubitus).

Les caractères de la douleur et ses conditions d’apparition permettent d’affirmer le diagnostic. L’électrocardiogramme* peut montrer des anomalies caractéristiques (inversion de l’onde T, décalage de ST), mais il reste souvent normal (50 p. 100 des cas). Une épreuve d’effort permet alors quelquefois de faire apparaître sur le tracé les anomalies caractéristiques.

• Évolution. Les crises peuvent se répéter pendant de longues années à des intervalles variables, entravant plus ou moins la vie du malade, mais la mort subite ou la survenue d’un infarctus* du myocarde est toujours possible.

• Traitement. Le traitement de l’accès consiste dans la prise de une ou deux dragées de trinitrine (trinitroglycérine diluée à 1/100) qu’on croque ou qu’on suce et qui calme presque instantanément la douleur. Le traitement de fond, ayant pour but l’atténuation, l’éloignement ou même la suppression des accès, réside en la prescription de médicaments vaso-dilatateurs (trinitrine retard, dipyridamol, visnadine, carbocromène, théophylline, papavérine, etc.), qui favorisent le développement d’une circulation de suppléance. Dans certains cas, un traitement anticoagulant* est appliqué pour éviter la constitution d’un infarctus du myocarde.

Une bonne hygiène de vie et la suppression du tabac sont indispensables, de même que la réduction d’une obésité souvent associée et le traitement d’un éventuel diabète. Lorsque les crises se répètent, malgré le traitement médical, avec une fréquence et une intensité telles qu’elles empêchent pratiquement toute vie sociale, l’éventualité d’une intervention chirurgicale peut se discuter. L’opération de Vineberg (implantation de l’artère mammaire interne dans le muscle cardiaque) peut donner des résultats favorables. Elle paraît actuellement supplantée par une intervention directe sur l’artère coronaire lésée consistant à relier l’aorte à la partie du vaisseau coronaire restée saine à l’aide d’une portion de veine prélevée sur le patient lui-même. Cette intervention, qui ne comporte que très peu de risques opératoires, nécessite au préalable, pour voir si elle est possible, la pratique d’une coronographie.


Infarctus du myocarde

Cet accident grave de l’athérosclérose coronarienne (v. infarctus) se manifeste par une douleur thoracique d’une intensité extrême qui apparaît souvent la nuit, dure plusieurs heures et n’est pas calmée par la trinitrine. Une élévation variable de la température apparaît dans les jours qui suivent. Convenablement traité, l’infarctus du myocarde évolue dans les deux tiers des cas vers la guérison, ne laissant que peu ou pas de séquelles.

Coronographie

Radiographie des artères coronaires après opacification à l’aide d’un produit opaque aux rayons X, la coronographie permet de visualiser les lésions athéromateuses des artères du cœur, montrant notamment leur topographie, leur étendue ainsi que le degré du rétrécissement.

La coronographie est indispensable avant toute intervention sur les artères coronaires ; elle est également très utile dans certains cas où le diagnostic d’affection coronarienne est incertain.

La méthode de Seldinger, très utilisée et bien tolérée, consiste à introduire dans l’artère fémorale, au pli de l’aine, un cathéter qui est guidé jusqu’à l’origine de l’aorte. Ce cathéter est béquille (courbé) pour pouvoir suivre la courbure de la crosse de l’aorte et façonné à son extrémité pour pouvoir reposer sur les valvules sigmoïdes. Il permet d’introduire le liquide opaque aux rayons X dans les artères coronaires elles-mêmes.