Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Copenhague (suite)

Sous l’Union de Kalmar (1397-1523) et le début des Temps modernes, le Danemark, uni à la Norvège, tenta de soumettre la Suède pour pouvoir réaliser une confédération destinée à lutter contre les villes allemandes de la Ligue hanséatique. En 1417, le roi Erik de Poméranie fit de Copenhague la résidence royale, le siège du gouvernement et une importante place forte militaire. Copenhague, devenue la capitale (1443) et la plus grand ville du Danemark, s’affirma comme métropole commerciale des pays nordiques. La ville comptait une dizaine de milliers d’habitants. En 1479, l’université fut fondée. Le roi Christian II (1513-1523) transféra l’« étape » de la Baltique (le péage de l’Øresund) d’Elseneur à Copenhague.

Les xviie et xviiie s., sous la monarchie absolue, furent pour la ville une période de grandeur. Au trafic de la Baltique s’ajouta le commerce maritime sur toutes les mers du globe. Les capitaux s’accumulèrent, et Copenhague, malgré bien des vicissitudes, s’agrandit et s’embellit de beaux monuments. Entre 1588 et 1648, des compagnies de commerce étendirent leur rayon d’action au monde entier, établissant des relations suivies avec l’Islande, le Groenland, les Antilles et les Indes. En 1618, la ville s’agrandit du nouveau quartier, Christianshavn, sur l’île d’Amager, avec une nouvelle enceinte fortifiée terminée en 1660. De l’époque de Christian IV (1588-1648) date la construction d’un certain nombre d’édifices de style Renaissance hollandaise, comme la plus ancienne Bourse d’Europe, achevée en 1640, remarquable pour ses pignons décorés et la flèche en spirale de sa tour, formée de queues de dragon entrelacées, comme le charmant château de Rosenborg (1606-1617) ou la Tour ronde (observatoire astronomique) construite en 1642. La ville connut des catastrophes avec l’épidémie de peste des années 1711 et 1712, et avec les terribles incendies qui la ravagèrent en 1728 et 1795, détruisant la partie médiévale, dont le plan fut conservé jusqu’à nos jours.

Au style baroque représenté par le château de Charlottenborg (1672-1683), aujourd’hui siège de l’Académie royale des beaux-arts, succéda vers le milieu du xviiie s. le rococo, qui marqua de son empreinte les nouveaux quartiers situés au nord, où les rues se coupaient à angle droit. L’aristocratie y construisit ses palais, et le roi Frédéric V l’église qui porte son nom : Frederikskirke. Rotonde monumentale de marbre blanc commencée en 1749 par Nicolai Eigtved (1701-1754), cette église fut continuée par l’architecte français Nicolas Henri Jardin (1720-1799) et ne fut terminée qu’à la fin du xixe s. À la croisée de l’Amaliegade et d’une rue menant de l’église au port, quatre palais forment la place octogonale d’Amalienborg, bel ensemble classique qu’anime un décor rococo, élevé selon les plans de N. Eigtved pour quatre personnages de la noblesse. Terminé en 1760, il constitue depuis 1794 la résidence des souverains danois.

Ces constructions furent financées en grande partie par les bénéfices du commerce et de la navigation. Au centre de la place d’Amalienborg, la Compagnie de l’Est asiatique (fondée en 1732) offrit la belle statue équestre du roi Frédéric V, exécutée par le Français Jacques François Joseph Saly (1717-1776). En 1788, 5 000 navires touchèrent le port, et la ville comptait alors plus de 100 000 habitants.

La première partie du xixe s. fut une période difficile pour l’activité économique de Copenhague. En 1801, pour contraindre le gouvernement danois à abandonner la Ligue des neutres, l’Angleterre envoya une escadre commandée par Nelson, qui attaqua Copenhague, mais, jusqu’en 1807, le Danemark réussit à se maintenir hors de la guerre, et le port connut encore une importante activité économique. En 1807, la neutralité devenant impossible, le Danemark, après le traité de Tilsit, opta pour le camp français. L’Angleterre attaqua de nouveau le port de Copenhague et fit subir à la ville un bombardement dévastateur (1er-5 sept. 1807). Celle-ci ne se releva que lentement de ses ruines. En 1814, le commerce d’outre-mer était ruiné, et une grande partie de la flotte marchande qui touchait Copenhague détruite. Cependant, la vie intellectuelle de la capitale connut un éclat exceptionnel avec le sculpteur Thorvaldsen*, le penseur et théologien Søren Kierkegaard* et le poète Hans Christian Andersen*. L’architecture de la première moitié du siècle est dominée par le strict néo-classicisme de Christian Frederik Hansen (1756-1845), qui éleva le palais de justice (1805-1815) et reconstruisit la cathédrale (1811-1829). En 1856, la ville cessa d’être fortifiée, ce qui allait permettre sa croissance spatiale et l’extension du port hors des murs. En 1857, le péage du Sund fut supprimé, et le port, sans cesse en croissance jusqu’à nos jours, devait devenir le grand lieu de transit et d’entrepôt de marchandises de la Scandinavie et des États riverains de la Baltique. L’ouverture du canal de Kiel menaça ce rôle international, mais Copenhague y riposta par la création d’un vaste port franc qui entra en service en 1894.


La ville actuelle et ses fonctions

Le plan porte les traces de l’histoire de la cité, qui s’est développée d’abord sur l’île de Sjaelland en demi-cercle autour du port, par bandes concentriques. Ce noyau ancien, limité sur l’île d’Amager par les anciennes fortifications conservées avec leurs fossés remplis d’eau qui encerclaient le quartier de Christianshavn, est limité aussi à l’ouest par les grands boulevards qui relient la gare centrale et la place de l’Hôtel-de-Ville à la citadelle (Kastellet), à la promenade de Langelinie, qu’orne la « petite sirène » d’Andersen. Avec ses monuments, ses vieilles rues marchandes, ses édifices publics, son université, ses banques, ses hôtels et le célèbre parc d’attractions de Tivoli, la ville ancienne est très animée. Au-delà s’étendent de vastes quartiers résidentiels, des zones de pavillons ou d’usines. En rupture avec l’éclectisme de la seconde moitié du xixe s., le xxe s. a vu s’élever quelques édifices exemplaires : ainsi, dans les faubourgs du nord-ouest, l’église de Grundtvig (1921-1940), due à Peter Vilhelm Jensen Klint (1853-1930) et représentative d’un style expressionniste renouant avec les traditions locales du Moyen Âge ; ou l’Hôtel royal d’Arne Jacobsen (1902-1971), typique du « style international » raffiné de cet architecte.

Copenhague est le principal port du Danemark, assurant environ 25 p. 100 des importations par voie de mer et 15 p. 100 des exportations. Les importations, qui représentent 80 p. 100 du trafic portuaire, sont surtout destinées au ravitaillement de la ville et de ses industries, mais une part est réexpédiée sur les villes du sud de la Suède. En 1974, le trafic portuaire fut de 11 Mt.