Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Congo (le) (suite)

Les différentes sections du Congo ont des régimes particuliers : de type tropical austral pour le Lualaba, de type équatorial pour le cours moyen. La situation géographique du bassin, à cheval sur les deux hémisphères, donne au régime du cours inférieur une réelle complexité, car il résulte du jeu variable de plusieurs facteurs : durée de l’écoulement des crues d’amont, époque des précipitations selon les latitudes, sévérité et longueur de la saison sèche, etc. Mais la taille du bassin versant est telle qu’une bonne alimentation en eau est toujours assurée. Si le débit moyen au Stanley Pool est de 39 000 m3/s, les variations annuelles restent modérées : de 29 000 à 60 000 m3/s. La crue s’amorce en septembre-octobre grâce à l’apport de l’Oubangui (15 000 m3/s au confluent en octobre), que relaient ensuite le Kwa, tronc commun du Kasaï, du Kwilu et du Kwango, ainsi que tous les affluents de l’hémisphère Sud. Un premier étiage se dessine en mars, effet de la saison sèche au nord de l’équateur. Il est suivi par une remontée des eaux en avril-mai, due à la fois aux pluies équatoriales d’équinoxe sur le cours moyen et à la seconde saison humide que connaît la partie méridionale du bassin ; les basses eaux principales se placent en juillet-août, au moment de la grande saison sèche australe, alors que le flot de crue de l’Oubangui n’est pas encore arrivé. Si le mécanisme semble régulier, des circonstances météorologiques particulières peuvent entraîner des paroxysmes, comme la crue de 1961 (80 000 m3/s), génératrice d’inondations catastrophiques tout le long du cours.

On ne saurait passer sous silence le rôle majeur tenu par le Congo (et ses affluents) en Afrique centrale. En amont de Kinshasa, il offre un réseau navigable d’un développement total de 13 500 km, en partie accessible aux barges de 800 t, voire de 1 200 t. Le trafic dépasse 2 Mt, malgré les nombreux obstacles qui le gênent, tels les bancs de sable migrants, qui imposent un balisage constant, et la prolifération de la végétation aquatique (papyrus, jacinthes d’eau, etc.). Pour les populations riveraines, eaux courantes et lacs constituent une réserve de poissons utilisée quotidiennement ; de plus, des milliers de pêcheurs temporaires font une campagne annuelle, dont les produits sont commercialisés dans les villes. Le réseau fluvial représente enfin un formidable potentiel hydro-électrique, à peine équipé encore, et qui pourrait être un des facteurs de base d’une industrialisation à grande échelle.

P. V.

 E. J. Devroey, le Bassin hydrographique congolais, spécialement celui du bief maritime (Van Campenhout, Bruxelles, 1941) ; Observations hydrographiques du bassin congolais (1932-1947) [Van Campenhout, Bruxelles, 1948].

Congo (république populaire du)

Ou Congo-Brazzaville, État d’Afrique équatoriale. Capit. Brazzaville.



Le milieu

D’une superficie de 342 000 km2, l’État s’étire du sud-ouest au nord-est sur 1 200 km, à partir d’une façade maritime étroite. Au nord, une partie de la cuvette alluviale du Congo, plate et souvent marécageuse, draine un large éventail de rivières ; sur le pourtour se succèdent des plateaux et des collines qui culminent vers 860 m dans le pays Téké, tandis que le socle ancien apparaît dans le bassin de l’Ivindo. À l’ouest de Brazzaville, le massif granito-gneissique du Chaillu est cerné par des auréoles de couches sédimentaires dessinant une ample dépression (synclinal Niari-Nyanga). Ces couches forment des plis serrés contre la chaîne du Mayombe, dont les crêtes appalachiennes successives dominent la zone des bas plateaux et des plaines littorales. La côte, tantôt basse et tantôt rocheuse, est en voie de régularisation.

Le Congo reçoit plus de 1 200 mm de pluie par an, sauf dans la vallée du Niari ; mais les précipitations dépassent rarement 1 700 mm. Leur rythme est marqué par l’existence d’une saison sèche, longue de quatre mois dans le Sud (juin-sept.), qui dure encore un mois sous l’équateur et pendant laquelle la température s’abaisse nettement. La « petite saison sèche » de décembre-janvier n’est qu’un ralentissement des pluies. La chaleur moyenne est comprise entre 24 et 26 °C, et les maximums ne sont jamais très élevés. Les régimes hydrologiques sont très variables. Celui du Kouilou (appelé Niari, en amont de Makabana), dont le module est de 960 m3/s, reflète les variations pluviométriques en présentant un étiage marqué et deux périodes de hautes eaux. Celui de l’Oubangui est nettement tropical : une seule crue, très accentuée. Le régime du Congo est rendu très complexe par l’étendue de son bassin : ses variations à Brazzaville sont souvent le reflet de phénomènes qui se sont produits très loin de là.

La forêt, humide, dense, à la végétation étagée, couvre 19 000 000 d’ha répartis entre trois grands blocs : la chaîne du Mayombe, le massif du Chaillu et le nord du pays. Mais, dans la cuvette congolaise, le sol marécageux la rend difficilement exploitable. Les savanes occupent le reste du territoire, déroulant leur tapis de hautes herbes piqueté de millions d’arbres, d’arbustes ou de buissons ; elles sont parcourues chaque année par de vastes incendies. Zones inondées et lacs sont encombrés par des prairies flottantes ou des papyraies. La mangrove est installée dans quelques estuaires.


La population

À l’exception d’environ 30 000 Pygmées, tous les Congolais appartiennent au groupe bantou. Ils sont divisés en plusieurs dizaines de sous-groupes ethniques parlant des dialectes différents et se comprenant à l’aide de langues véhiculaires : monokutuba, lingala. Des parentés certaines permettent de reconnaître : les Kongos (Vilis, Yombés, Kougnis, Kambas, Bembés, Laris [ou Lalis], etc.), installés entre l’Atlantique et le Stanley Pool : les Tékés, au nord de la capitale, restés chasseurs ; les Mbochis, sur les rivières de la cuvette ; les Makas, dans la forêt du Nord-Ouest, où ils cultivent le cacaoyer. La population était estimée à 1 million d’habitants en 1973 (3 hab. au km2), mais les deux tiers se rassemblent dans le Sud-Ouest, en particulier dans les régions du Pool et du Niari, où la densité peut atteindre 20 habitants au kilomètre carré. Les ruraux vivent dans des villages de petite taille, échelonnés le long des voies de communication et qui ont tendance à se fractionner encore ; mais l’exode des paysans a nourri la croissance très rapide d’agglomérations urbaines démesurées, notamment de Brazzaville (200 000 hab.) et de Pointe-Noire (130 000 hab.). Le taux d’urbanisation atteint 40 p. 100.