Congo (le) (suite)
Les différentes sections du Congo ont des régimes particuliers : de type tropical austral pour le Lualaba, de type équatorial pour le cours moyen. La situation géographique du bassin, à cheval sur les deux hémisphères, donne au régime du cours inférieur une réelle complexité, car il résulte du jeu variable de plusieurs facteurs : durée de l’écoulement des crues d’amont, époque des précipitations selon les latitudes, sévérité et longueur de la saison sèche, etc. Mais la taille du bassin versant est telle qu’une bonne alimentation en eau est toujours assurée. Si le débit moyen au Stanley Pool est de 39 000 m3/s, les variations annuelles restent modérées : de 29 000 à 60 000 m3/s. La crue s’amorce en septembre-octobre grâce à l’apport de l’Oubangui (15 000 m3/s au confluent en octobre), que relaient ensuite le Kwa, tronc commun du Kasaï, du Kwilu et du Kwango, ainsi que tous les affluents de l’hémisphère Sud. Un premier étiage se dessine en mars, effet de la saison sèche au nord de l’équateur. Il est suivi par une remontée des eaux en avril-mai, due à la fois aux pluies équatoriales d’équinoxe sur le cours moyen et à la seconde saison humide que connaît la partie méridionale du bassin ; les basses eaux principales se placent en juillet-août, au moment de la grande saison sèche australe, alors que le flot de crue de l’Oubangui n’est pas encore arrivé. Si le mécanisme semble régulier, des circonstances météorologiques particulières peuvent entraîner des paroxysmes, comme la crue de 1961 (80 000 m3/s), génératrice d’inondations catastrophiques tout le long du cours.
On ne saurait passer sous silence le rôle majeur tenu par le Congo (et ses affluents) en Afrique centrale. En amont de Kinshasa, il offre un réseau navigable d’un développement total de 13 500 km, en partie accessible aux barges de 800 t, voire de 1 200 t. Le trafic dépasse 2 Mt, malgré les nombreux obstacles qui le gênent, tels les bancs de sable migrants, qui imposent un balisage constant, et la prolifération de la végétation aquatique (papyrus, jacinthes d’eau, etc.). Pour les populations riveraines, eaux courantes et lacs constituent une réserve de poissons utilisée quotidiennement ; de plus, des milliers de pêcheurs temporaires font une campagne annuelle, dont les produits sont commercialisés dans les villes. Le réseau fluvial représente enfin un formidable potentiel hydro-électrique, à peine équipé encore, et qui pourrait être un des facteurs de base d’une industrialisation à grande échelle.
P. V.
E. J. Devroey, le Bassin hydrographique congolais, spécialement celui du bief maritime (Van Campenhout, Bruxelles, 1941) ; Observations hydrographiques du bassin congolais (1932-1947) [Van Campenhout, Bruxelles, 1948].