conflit (suite)
Classes et conflits
Selon K. Marx, les classes sont des groupes sociaux dont la place dans les rapports de production diffère. C’est par rapport à l’organisation de la production que se définissent les classes. Dans une société encore dominée par la rareté, le conflit apparaît entre les groupes sociaux, soucieux de s’approprier les biens nécessaires à la satisfaction de leurs besoins. C’est un conflit qui existe indépendamment de la conscience que les groupes en ont.
Pour Marx, c’est dans un tel rapport que se trouvent le prolétariat et la bourgeoisie. Dans cette perspective, les conflits durent alors tant qu’il y a des rapports de propriété entre les hommes, et seule l’abolition de la propriété privée des moyens de production peut mettre un terme final à ce conflit structurel.
Problème d’une théorie sociologique du conflit
Au-delà de la diversité des conflits, la sociologie retient plusieurs critères pertinents qui permettent de les définir et d’en cerner la valeur. En premier lieu, il s’agit de savoir quelles sont la nature et l’orientation des groupes qui entrent en conflit. En second lieu, la sociologie est soucieuse de répertorier les diverses modalités possibles des conflits, depuis le simple débat qui s’instaure entre deux personnes au sein d’un groupe primaire jusqu’à la guerre qui met aux prises des nations collectivement organisées, se réservant chacune le droit de vaincre par le fer et par le feu. Enfin, les fonctions des conflits constituent également un critère pertinent pour les distinguer les uns des autres.
À n’en pas douter, la notion de conflit est présente dans toute la tradition de la philosophie politique et de la sociologie. Hobbes dit de l’homme qu’il est un loup pour l’homme. Spinoza, à l’inverse, postule que l’homme est un dieu pour l’homme. De Darwin, on a retenu l’idée d’une lutte universelle et éternelle pour la vie. Le marxisme est davantage à cet égard une tentative pour établir les raisons ultimes des conflits qu’une sociologie authentique des conflits. Au reste, les conflits auxquels se réfère la tradition marxiste ont plus souvent pour cadre la société globale que les groupes intermédiaires ou les petits groupes. En Allemagne, Ralf Dahrendorf s’attache plus particulièrement, lors de la dernière période, aux conflits que connaissent les sociétés modernes industrialisées, cependant qu’aux États-Unis une sociologie des conflits se développe à la suite de Lewis A. Coser, qui montre l’importance des conflits dans la prise de conscience de la société moderne.
On ne peut pas, toutefois, ne pas souligner la marque laissée par les idéologies sur l’approche, par ces différents auteurs, de la même notion de conflit.
G. M.