Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Confédération germanique (suite)

La fin (1866)

Ajourné par la convention de Gastein (août 1865), qui partageait l’administration des duchés entre les deux conquérants, l’affrontement austro-prussien reparaît en 1866 sur le même prétexte ; l’objectif fondamental demeure le même : la direction effective de l’Allemagne. Le 9 avril, le délégué prussien Carl von Savigny (1779-1861) propose à la Diète la convocation d’un parlement élu au suffrage direct et universel en vue de réformer le Bund. De nombreux Allemands s’inquiètent.

La Confédération éclate le 14 juin, lorsque la Diète vote, sur la proposition autrichienne et par neuf voix, une exécution fédérale contre la Prusse, qui vient d’occuper militairement le Holstein, administré par l’Autriche, et repousse l’examen par la Diète de la question des duchés, demandé à Vienne. La Prusse se trouve en fâcheuse situation, sans être absolument à l’index, ayant recueilli les votes de quatre curies secondaires et du Luxembourg, tandis que le grand-duché de Bade s’abstient. La Prusse déclare quitter le Bund dès le 15 juin 1866.

Du conflit armé qui déchire la Confédération, l’histoire n’éclaire généralement que l’épisode central — la guerre austro-prussienne, gagnée, à la surprise de l’Europe, par la Prusse, dès le 3 juillet, sur le champ de bataille de Königgrätz-Sadowa. Les alliés allemands de l’Autriche ont plié rapidement devant les armées prussiennes : capitulation du Hanovre (29 juin), défection du grand-duché de Saxe-Weimar (juill.), entrée de 25 000 soldats prussiens, le 16 juillet, dans un Francfort silencieux. La dispersion de la Diète, l’imposition d’une lourde contribution de guerre, le suicide du bourgmestre Fellner symbolisaient la déchéance de la ville libre de Francfort et de la Confédération germanique.

Le traité de Prague (23 août 1866), fait apparaître au nord du Main une constellation nouvelle — une Confédération de l’Allemagne du Nord —, édition révisée et améliorée de la Confédération germanique, présidée très effectivement par une Prusse agrandie et unifiée territorialement, sans doute fortifiée par le ralliement d’une partie de l’opposition (les « nationaux-libéraux » formeront le pivot de la majorité bismarckienne), mais combattue par bien des « particularistes », en particulier au Hanovre, siège de l’opposition guelfe.

Au sud du Main, le traité prévoit que les États (Bavière, Wurtemberg, Bade) pourront créer une association ayant « une existence indépendante sur le plan international ». L’Autriche est écartée de l’une comme de l’autre Allemagne. Sadowa a détruit pour toujours la formule séduisante d’un édifice politique de l’Europe centrale à direction allemande, formule qui a souvent accompagné ou guidé la pensée de plus d’un Allemand au temps de la Confédération germanique. Il en résulte un grand trouble. Si le Nationalverein, estimant ses buts atteints, disparaît bientôt (nov. 1867), les partis qui se déclarent trop ouvertement prussiens essuient des défaites électorales. La page de la vieille Allemagne ne sera tournée qu’en 1870.

F. L.

 P. Lebas, États de la Confédération germanique, pour faire suite à l’histoire générale de l’Allemagne (Didot, 1842). / F. Schnabel, Deutsche Geschichte in neunzehnten Jahrhundert (Fribourg, 1929-1937 ; 4 vol. ; nouv. éd., 1964). / H. von Srbik, Deutsche Einheit (Munich, 1935-1942 ; 4 vol.). / F. L’Huillier et P. Benaerts, Nationalité et nationalisme, 1860-1878 (P. U. F., 1968). / J. Droz, Histoire de l’Allemagne, t. I : la Formation de l’unité allemande, 1789-1871 (Hatier, 1970). / J. Sigmann, 1848. Les Révolutions romantiques et démocratiques de l’Europe (Calmann-Lévy, 1970).

Confédération du Rhin

En allem. Rheinbund, union politique qui groupa certains États allemands de 1806 à 1813.


La révolution, plus exactement la guerre menée contre la Révolution française à l’initiative de la Prusse, de l’Autriche et de la Grande-Bretagne depuis 1792-93, avait révélé la faiblesse incurable du Saint Empire romain dit « germanique », dans lequel les défections s’étaient manifestées dès 1795. Vainqueur après la double campagne d’Italie et d’Allemagne (1800), le consul Bonaparte obtient par le traité de Lunéville (févr. 1801) la reconnaissance explicite, par l’empereur et au nom de l’Empire, de la rive gauche du Rhin comme frontière de la République, et il ouvre à Paris, d’accord avec le tsar, une « foire aux indemnités » qui doit dédommager sur la rive droite du Rhin les princes naguère possessionnés sur la rive gauche. La Diète ratifie par le « recez » du 25 février 1803.

Ce moment marque à la fois le déclin mortel de l’autorité autrichienne dans les pays allemands (les remaniements territoriaux s’accompagnant d’un changement de majorité, au profit des protestants, dans les collèges de l’Empire) et l’avènement d’une influence française prépondérante, attestée déjà par les services de l’Électeur de Mayence, Karl Theodor von Dalberg. Que reste-t-il de l’Empire ? Albert Sorel l’a dit : « Guère plus que le droit pour l’empereur, de tutoyer les princes. » Au surplus, pas de sentiment national : « Il n’y a pas d’opinion active en Allemagne [...], écrit Mme de Staël, chacun pense et fume solitairement [...] » (1803). À cette anarchie, Bonaparte, devenu empereur, va substituer une organisation, au moins dans le secteur voisin de l’Empire français. Héritier de la Révolution française, il entend mettre de l’ordre. Homme du xviiie s., il réserve dans le système nouveau de relations une place privilégiée à la Prusse, du moins jusqu’en 1806.

Sur le chemin qui le conduira à la victoire d’Austerlitz (1805), faisant étape à Munich, il parle d’une « fédération germanique », exclusive d’un empereur romain ou d’une diète ; son ministre Talleyrand envisage la reconnaissance de trois royaumes — Bavière, Wurtemberg, Bade — séparés du reste du monde germanique et alliés à la France. Au lendemain d’Austerlitz, le bruit court que Napoléon va se faire couronner à Munich empereur d’Occident. En réalité, il tâtonne : il commence par une alliance dynastique avec la Bavière (mariage d’Eugène de Beauharnais avec Augusta de Wittelsbach) ; mais c’est à partir de juin que s’impose à lui l’idée d’une « fédération des souverains du Rhin », ceux-ci quittant l’Empire romain.