Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

concurrence (suite)

En France, des décrets — relatifs au maintien et au rétablissement de la libre concurrence — ont été pris en 1953 et en 1958 en vue de prohiber les pratiques restreignant la concurrence. Des circulaires administratives complémentaires ont interdit la fixation par les industriels d’un prix de détail minimal ainsi que la vente à perte, réglementé la pratique du « prix d’appel » (baisse des prix sur certains produits, alors que les prix des autres produits ne varient pas chez un même vendeur) de même que les annonces de réduction de prix. Ces mêmes textes ont prévu des mesures tendant à assurer pour tous d’identiques possibilités d’approvisionnement.

Il faut remarquer que, si en France on a essayé de protéger le consommateur, on a, en même temps, encouragé la constitution d’unités de production de grande taille (en particulier par une réglementation fiscale favorable aux fusions), afin de permettre aux entreprises nationales de résister à la concurrence internationale.

A. B.

 J. M. Henderson et R. E. Quandt, Microeconomic Theory (New York, 1958). / C. Dupont, l’Entreprise et la concurrence internationale (Dunod, 1969). / J. Cartell et P. Y. Cossé, la Concurrence capitaliste (Éd. du Seuil, 1973).

Condé

Famille française issue d’une branche cadette de celle des Bourbons.



Louis Ier de Condé

(Vendôme 1530 - Jarnac 1569). Le premier prince de Condé est le frère d’Antoine de Bourbon, roi de Navarre, et partant l’oncle du futur Henri IV. Il inaugure la double tradition familiale de grand capitaine et de rebelle. Cadet peu fortuné, il épouse en 1551 Éléonore de Roye, nièce du favori d’Henri II, le connétable de Montmorency, qui dirige alors la politique française. Louis Ier se distingue sur les champs de bataille : il participe à la conquête des Trois-Évêchés (siège de Metz, 1552), à la campagne de Picardie de 1553 et surtout à la bataille de Saint-Quentin (1557), où son sang-froid évite la débandade. Cependant, à la paix du Cateau-Cambrésis (avr. 1559), il se voit refuser toute faveur.

Aussi, à la mort du roi, sa rancœur le pousse-t-elle dans l’opposition et, de calviniste jusque-là assez tiède, il devient le champion des religionnaires contre les Guises. Son frère aîné, Antoine, est le chef nominal du parti, mais son peu d’envergure fait de Louis le véritable protagoniste. Celui-ci décide d’employer la force contre les Guises et c’est lui qui met sur pied la conjuration d’Amboise. L’opposition de Calvin retarde le soulèvement, et, lorsque celui-ci éclate, il est trop tard ; les conjurés se font prendre par les forces royales autour d’Amboise (mars 1560). Condé, qui s’est enfui, est arrêté et bientôt condamné à mort (26 nov.). Son exécution est retardée par le chancelier Michel de L’Hospital, qui sait le jeune roi de France à l’agonie. La mort de François II, le 5 décembre, lui sauve la vie.

Louis revient à la Cour, bien accueilli par Catherine de Médicis, qui veut se servir de lui pour équilibrer la puissance des Guises et qui le réhabilite. Mais le massacre de Wassy (1er mars 1562) fait éclater la crise. Condé, pour « protéger » la Cour, qui se trouve à Fontainebleau, recrute des troupes ; en toute hâte, les Guises ramènent la régente et le petit Charles IX à Paris ; alors, se voyant joué, Condé se révolte ouvertement et, le 3 avril, s’empare d’Orléans. Ainsi commencent en France les guerres de Religion*.

Durant ces guerres, le prince, comme bien d’autres, va passer indifféremment du parti royal au parti protestant suivant ses intérêts. Nommé gouverneur de Picardie après la paix d’Orléans (1563), il demande pour prix de sa fidélité la charge de lieutenant général du royaume, possédée jadis par son frère, et, se l’étant vu refuser, il tente une nouvelle fois d’enlever le roi ; après cet échec, il fait entrer en France en 1568 une armée de reîtres. Après l’éphémère paix de Longjumeau (23 mars 1568), il reprend la lutte et, en 1569, il est fait prisonnier sur le champ de bataille de Jarnac et est tué presque aussitôt.


Henri Ier de Condé

(La Ferté-sous-Jouarre 1552 - Saint-Jean-d’Angély 1588). Le deuxième prince de Condé est reconnu, dès la mort de son père et conjointement avec le jeune roi de Navarre, chef du parti calviniste. Élevé par l’amiral de Coligny, il est très attaché à sa foi ; sommé d’abjurer durant la Saint-Barthélemy, il refuse d’abord ; obligé de céder, il ne songe qu’à fuir. En 1574, il se réfugie à Strasbourg.

Mais, bien que déclaré protecteur des Églises calvinistes, il est loin d’avoir les capacités de son père ; de plus, le roi de Navarre, servi par son habileté diplomatique et son caractère réfléchi, l’éclipse nettement. Henri trouve pourtant des alliés, notamment dans la personne du propre frère du roi, le duc d’Alençon, un velléitaire, et du prince palatin ; en 1575, il entre en France à la tête de 18 000 reîtres et pille la Bourgogne. Il est sacrifié après la réconciliation du duc avec son frère (paix de Monsieur, 7 mai 1576). Sa conduite politique ne sera plus qu’errements et échecs.

Malgré ses succès à Saint-Jean-d’Angély et à Brouage, Henri est forcé de signer la paix de Bergerac (17 sept. 1577). Ensuite, il cherche des alliés à l’étranger, mais vainement. Après son échec devant Angers en 1585, il est obligé de s’enfuir à Guernesey, et cette équipée achève de le déconsidérer. Il meurt quelques mois après avoir participé à la bataille de Coutras.


Henri II de Condé

(Saint-Jean-d’Angély 1588 - Paris 1646). Fils posthume du précédent, il est élevé dans une foi catholique intransigeante et la dévotion par sa mère, qui a abjuré le calvinisme. Pourvu, dès 1590, du gouvernement de Guyenne, il est d’abord traité en héritier du trône, mais la naissance d’un dauphin en 1601 le ramène au second plan. Une rocambolesque aventure fixe sur lui, en 1609, l’attention des cours européennes. En effet, il vient à peine d’épouser Charlotte Marguerite de Montmorency qu’Henri IV, qui s’est follement épris de celle-ci, veut en faire sa maîtresse. Le prince « enlève » sa femme et la conduit à Bruxelles. Il ne revient en France qu’après l’assassinat du roi.