Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

concile (suite)

• Principaux décrets : condamnation des cathares, de l’hérésie de Bérenger sur l’eucharistie (affirmation de la transsubstantiation), de celle de Joachim de Flore (hérésie trinitaire) ; organisation de l’Inquisition ; obligation de la confession et de la communion pascales ; nombreux décrets de réformes concernant la hiérarchie et particulièrement le ministère pastoral (des synodes annuels doivent veiller à leur application) ; meilleure réglementation du mariage ; mesures vexatoires contre les juifs.

Mais des mesures politiques sont prises également : transfert du comté de Toulouse à Simon de Montfort, condamnation des révoltés anglais contre Jean sans Terre, etc. Ces mesures engagent la papauté sur un terrain dangereux, celui des luttes purement politiques. Elles la conduiront au Grand Schisme. Le choix de Lyon pour la tenue des conciles suivants est révélateur, à cet égard, de cette évolution.


Ier concile de Lyon (juin-juill. 1245)

Convoqué par le pape Innocent IV ; 140 participants environ, surtout des Français et des Espagnols. Aucun Allemand.

• But : lutte contre l’empereur Frédéric II. Assiégé dans Rome, le pape s’est enfui à Lyon.

• Résultats : 22 canons. Destitution de l’empereur Frédéric II. Décision de reconquérir Jérusalem, tombée l’année précédente aux mains des infidèles, et de soutenir l’empire latin de Constantinople.


IIe concile de Lyon (mai-juill. 1274)

Convoqué par le pape Grégoire X ; 200 participants, mais de caractère universel, ce qui le différencie du Ier concile de Lyon.

• Buts : unité avec les orthodoxes ; problème de la croisade ; élection pontificale.

L’élection de Grégoire X a été précédée de la plus longue vacance du siège apostolique de l’histoire. De 1268 à 1271, les cardinaux n’ont pu s’accorder sur un candidat.

• Résultats : 31 canons. Décision de reprendre la croisade. Union des Grecs avec l’Église romaine. Ces deux décisions seront lettre morte.

Par contre, le règlement du conclave, destiné à élire le pape, et la confirmation des privilèges des ordres mendiants sont destinés à une plus longue carrière.


Concile de Vienne (oct. 1311 - mai 1312)

Convoqué par le pape Clément V mais sous l’influence du roi de France Philippe IV le Bel ; 170 participants, surtout des Français et des Italiens.

• Buts : procès des Templiers ; réforme de l’Église.

• Résultats : suppression de l’ordre des Templiers ; condamnation de la tendance des « spirituels » chez les Franciscains (ils prônent l’observance stricte de la pauvreté).

Les décrets de réforme n’atteignent pas leur but, car ils ne renforcent pas l’autorité épiscopale et ne limitent pas non plus la centralisation pontificale ou les ingérences du pouvoir temporel.

L’influence prépondérante des laïcs à ce concile, l’évocation des idées réformatrices et le désir de changements profonds dans l’administration de l’Église annoncent les difficultés futures et les réformes tridentines. Par là, ce concile se trouve à la charnière de deux époques.


Les conciles unitaires du xve siècle

Suprématie du pape ou suprématie du concile ? Durant tout le Moyen Âge, la suprématie du pape sur le concile est apparue dans les faits, puisque tous les conciles ont été réunis sur convocation pontificale, leurs décrets ne prenant force de loi qu’après approbation du souverain pontife. Mais, au cours du xive s., des théoriciens comme Marsile de Padoue et Guillaume d’Occam proclament la supériorité du concile général sur le pape lui-même.

Ces positions doctrinales acquièrent brusquement de l’importance avec le Grand Schisme d’Occident. Des théologiens reprennent alors les idées de Marsile de Padoue et de Guillaume d’Occam et demandent qu’un concile œcuménique tranche la question. C’est à cette solution qu’on se rallie en 1409.

Un concile se réunit à Pise (mars-août 1409), mais ne fait pas l’unanimité ; il dépose les deux papes rivaux, Benoît XIII d’Avignon et Grégoire XII de Rome, et élit Alexandre V (1409-1410). En fait, on a trois papes au lieu de deux. Le successeur d’Alexandre V, Jean XXIII (1410-1415), décide, sous la pression de l’empereur Sigismond, en 1413, de convoquer un concile de toute la chrétienté.


Concile de Constance (nov. 1414 - avr. 1418)

Convoqué par l’empereur Sigismond et le pape du concile de Pise, Jean XXIII ; 300 participants.

• But : extinction du Grand Schisme.

• Résultats : le pape Jean XXIII espère bien que le concile de Constance confirmera les décisions de Pise et le maintiendra sur le trône de Pierre. Lorsqu’il voit son espoir déçu, il s’enfuit pour provoquer la dissolution du concile. Mais Sigismond empêche la dispersion des participants, et le chancelier de l’université de Paris, l’illustre Jean de Gerson, fait voter, le 6 avril 1415, le décret Sacrosanctae, qui consacre la prééminence du concile sur le pape.

En vertu de ce principe, Jean XXIII est déposé en mai 1415, et Grégoire XII en juillet de la même année. Benoît XIII, abandonné du roi de France, s’obstine plus longtemps et est finalement déposé en juillet 1417. L’élection de Martin V le 11 novembre 1417 met fin au Grand Schisme d’Occident. Mais, un mois avant l’élection, l’assemblée a voté le décret Frequens, qui organise la périodicité automatique des conciles en dehors de la convocation pontificale.

En 1415, le concile a aussi condamné Jan Hus (1369-1415), considéré comme hérétique, à être brûlé vif.


Concile de Bâle (juill. 1431 - avr. 1442)

Convoqué par Martin V en vertu du décret Frequens. Le successeur de Martin V, Eugène IV, essaie de le dissoudre, mais les pères conciliaires, soutenus par l’empereur Sigismond, l’emportent. En 1433, on accorde aux hussites la communion sous les deux espèces par les Compactata de Prague.

Le concile s’établit peu à peu comme l’instance suprême et permanente de l’Église. En 1437, la rupture s’accomplit entre le pape et le concile de Bâle, qui élira l’antipape Félix V (5 nov. 1439). Eugène IV transfère le concile à Ferrare en janvier 1438, puis en 1439 à Florence, où a lieu l’union avec les Grecs. L’empereur de Byzance Jean VIII Paléologue et le patriarche de Constantinople sont présents ; mais cette union désirée par l’empereur pour des raisons stratégiques (la pression mortelle des Turcs) ne sera jamais acceptée par les Grecs.

Le concile de Bâle n’est pas officiellement clôturé ; quant à Félix V, abandonné de tous, il abdique en 1449.