Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

compresseur (suite)

Emploi des gaz comprimés

Une faible compression, de 0,5 à 2 bars, est suffisante pour assurer le mouvement rapide d’un gaz dans une conduite de faible longueur — insufflation d’air et d’oxygène à la base du haut fourneau et dans les convertisseurs — ou pour effectuer le transport de matières pulvérulentes et de grains. Un turbocompresseur actionné par les gaz d’échappement d’un moteur permet, en accroissant de 50 p. 100 la pression d’admission de l’air, de réaliser une suralimentation de ce moteur. Une pression de 5 à 8 bars est utilisée pour le fonctionnement d’outils pneumatiques, de marteaux piqueurs ; on fait fonctionner sous la même pression des moteurs à air comprimé : malgré leur mauvais rendement, ils ont l’avantage, dans les mines et les tunnels, d’assurer une ventilation tout en supprimant le risque d’étincelles. Signalons qu’il existe dans certaines villes une distribution par canalisations d’air comprimé à 5 bars environ. Des motocompresseurs à moyenne pression sont aussi employés dans l’industrie frigorifique. Des pressions plus élevées, 100 bars et davantage, sont nécessaires pour le chargement des tubes d’oxygène et d’hydrogène ainsi que pour la compression des gaz combustibles, en vue de leur transport à grande distance ou de leur stockage dans des réservoirs souterrains. L’industrie chimique enfin fait un gros usage des gaz comprimés, parfois sous de fortes pressions.

R. D.

➙ Air comprimé.

comptabilité

Ensemble des méthodes permettant de saisir et de traiter l’information chiffrée qui circule dans une entreprise*.


Pendant longtemps, la comptabilité n’a compris que les méthodes d’enregistrement de cette information. Cet enregistrement de l’information avait une utilité pour le chef d’entreprise, mais répondait souvent à des besoins légaux (le Code de commerce de 1807 permettait à la comptabilité de faire la preuve en matière commerciale ; depuis 1917, la comptabilité servait à déterminer le bénéfice fiscal). Ce n’est qu’à une période relativement récente que la comptabilité est devenue un véritable outil de gestion.


Historique

L’Antiquité a connu la comptabilité simple consistant à enregistrer d’une façon chronologique toutes entrées et sorties de matière ou de numéraire. Cette méthode a été employée jusqu’au Moyen Âge aussi bien pour la comptabilité publique que pour la comptabilité privée. Cependant, le développement du crédit a obligé les commerçants italiens à développer ce que l’on a appelé la comptabilité en partie double.

C’est vers la fin du xiiie s. que les commerçants commencent à utiliser cette technique (livres de compte de la Casa di Bonsignori de Sienne). Au cours du xive s., Francesco di Marco Datini (1335-v. 1410) et les Massari de Gênes tiennent des registres de comptes dans lesquels apparaît le compte de « profits et pertes ».

Après la découverte de l’imprimerie, la méthode commence à se répandre, en particulier sous l’influence des travaux de Luca Pacioli (1445-v. 1510) : Summa de aritmetica, geometria, proportioni e proportionalità (1494) et De divina proporzione (1509). La comptabilité moderne était née. Au cours des siècles suivants, elle bénéficiera d’importantes modifications de formes.

Dans la comptabilité en partie double du Moyen Âge, les comptes n’étaient pratiquement qu’une liste de dépenses et de recettes. Il faut attendre le premier livre de comptabilité en français, de Jean Ympyn (Nouvelles Instruction et Remonstration de la très excellente science du livre de comptes, pour compte et mener compte à la manière d’Italie, 1543), pour voir apparaître des notions introduisant la prévision dans la comptabilité sous la forme de provisions et de réserves.


La comptabilité générale

Héritière d’un long passé, la « comptabilité générale » doit répondre désormais à un certain formalisme qui s’explique notamment par le fait qu’elle sert de moyen de preuve à l’égard des tiers (les autorités fiscales par exemple).

La comptabilité générale a des objectifs multiples :
1o elle est un historique de l’entreprise dans la mesure où toute opération en valeur est enregistrée ;
2o elle permet de déterminer le revenu de l’entreprise ;
3o par elle on peut connaître la valeur de l’entreprise (v. bilan) ;
4o elle est la matière première de toute étude financière.

Pour atteindre ces objectifs, la comptabilité générale dispose de certains moyens : les comptes.

Le compte le plus simple consiste à transcrire dans l’ordre chronologique toutes les opérations effectuées sans aucune distinction. Ce système présente, d’une part, l’inconvénient de ne pas dégager facilement les opérations qui accroissent ou diminuent la richesse de l’entreprise et ne permet pas, d’autre part, de tenir compte des opérations décalées dans le temps. Pour pallier ces inconvénients, on utilise la comptabilité en partie double, qui consiste à faire apparaître dans deux comptes différents l’origine et l’aboutissement d’une opération ; c’est ainsi par exemple que, lors d’un achat, le comptable crédite le compte « caisse » de la valeur des biens achetés et débite le compte « achat » du montant du coût de l’opération.

Les comptes d’une entreprise peuvent être classés en deux : certains, dits « comptes de gestion », retracent l’influence d’une opération sur le résultat de l’entreprise ; d’autres, les « comptes de situation », retracent les opérations dans leur influence sur le patrimoine de l’entreprise.

• Les comptes de gestion. Ils sont de deux sortes : ceux qui retracent les charges de l’entreprise et ceux qui en retracent les produits. Les soldes des comptes de gestion permettent d’établir le « compte d’exploitation générale » et le « compte de pertes et profits ». Au débit du premier, on trouve toutes les charges d’exploitation, tandis que les produits viennent s’inscrire à son crédit. Le solde de ce compte est appelé solde d’exploitation. Le second (le compte de pertes et profits) retrace à son débit toutes les pertes (y compris le solde d’exploitation générale quand ce premier compte est en perte), tandis que le crédit voit apparaître tous les profits (y compris le solde d’exploitation générale quand les produits d’exploitation sont supérieurs aux charges).

• Les comptes de situation. Ils retracent les modifications du patrimoine de l’entreprise dues aux opérations qu’effectue cette entreprise. Ils sont de deux sortes : les comptes d’actif et les comptes de passif.

Les comptes d’actif recensent tous les éléments du patrimoine de l’entreprise (c’est-à-dire les actifs de celle-ci), tandis que les comptes de passif retracent les dettes de l’entreprise, c’est-à-dire, en d’autres termes, les ressources de celle-ci.

Si l’on reprend l’ensemble des soldes des comptes d’actif et des comptes de passif sur un même document, on obtient le bilan*, dont l’actif est formé des soldes des comptes d’actif et dont le passif est formé des soldes des comptes de passif.

Le résultat du bilan est identique à celui du compte de « pertes et profits », et cela du fait que ce dernier retrace les variations des charges et des produits, de même que le bilan retrace les effets de ces variations sur le patrimoine de l’entreprise.