Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

commerçant (suite)

Les événements récents de notre histoire ont cependant conduit de nombreux sociologues à voir dans la petite et la moyenne bourgeoisie, et en particulier dans leurs représentants commerçants et artisans qu’ils estimaient les plus typiques, des classes sociales de tendance conservatrice. De fait, la perspective doit être élargie pour apercevoir que l’industrialisation rapide de l’Europe, où les marchands avaient été jusqu’au xixe s. des innovateurs économiques et politiques (ils eurent, en particulier, un rôle important dans la Révolution française), repousse brusquement dans la marginalité certains groupes professionnels. Les petits commerçants comme tous les « laissés-pour-compte » du développement économique sont dans une position idéologique instable en raison de l’absence d’une formalisation de leur critique, et passent ainsi facilement d’un bord à l’autre.

Il peut sembler difficile de reconnaître une communauté véritable d’intérêts à cette catégorie d’une hétérogénéité croissante, avec une frange inférieure, en voie de prolétarisation, une couche intermédiaire, qui, pour survivre, se reconvertit au commerce de luxe et « de loisir », et une frange supérieure, qui, seule, accède à la gestion scientifique et passe ainsi dans le rang des « managers ».

A. G.

commerce international

Échange de biens (et, dans une acception plus large, de services aussi) entre nations.


Le commerce international a progressé rapidement. Le revenu mondial croît, depuis 1945, de 3 à 4 p. 100 par an, alors que les transactions entre pays se gonflent au rythme moyen de 6 p. 100 par an. Cet essor rapide s’accompagne de transformations profondes dans la distribution des flux, dans leur nature, dans leur volume physique. La part des pays développés devient sans cesse plus importante, cependant que les produits primaires ont perdu la prépondérance qu’ils détenaient traditionnellement.

La prospérité actuelle de l’économie mondiale résulte en bonne part de l’élargissement des transactions internationales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’échange était tombé à un très bas niveau au moment de la grande crise et de la rupture économique du monde, dans les années 1930. Récession de la production et restriction du commerce étaient allées de pair. La doctrine libérale des économistes qui ont créé, dès la fin de la guerre, les institutions nécessaires à la reprise de relations faciles s’est révélée féconde. Cependant, il apparaît avec le recul du temps que les solutions proposées alors ne convenaient bien qu’aux pays industrialisés : une restructuration du système d’échanges s’impose si l’on veut éviter que la tension entre les nations riches et le tiers monde ne devienne insoutenable.


La nature des biens échangés

Le commerce international porte à l’heure actuelle sur 370 milliards de dollars. Les statistiques d’importations indiquent des chiffres plus élevés, puisqu’elles portent sur des prix rendus à destination (C. I. F.), alors que les exportations sont évaluées au prix à l’embarquement, sans les charges d’assurance et de transport (F. O. B.).

Les produits primaires comptent pour 44 p. 100 du total. Les aliments, les boissons, le tabac représentent à eux seuls 18 p. 100. Pour se faire une idée exacte de l’importance des produits agricoles en valeur, dans le commerce international, il convient d’ajouter à ces denrées les matières premières industrielles d’origine agricole (coton, laine, jute par exemple), qui comptent pour 7 p. 100 environ des transactions mondiales. Par conséquent, 25 p. 100 du commerce international sont alimentés par le secteur agricole.

Sur le plan industriel, les échanges portent d’abord sur les matières premières et l’énergie, qui représentent 26 p. 100 de l’ensemble des échanges (15 p. 100 pour les matières premières, dont 7 p. 100, nous l’avons vu, d’origine agricole, et 8 p. 100 pour les minerais, les combustibles comptant pour 11 p. 100). En volume, la part de ces produits est évidemment beaucoup plus forte : les supertankers et les minéraliers emportent de nos jours bien plus de la moitié du fret mondial.

Les produits manufacturés interviennent aujourd’hui pour 56 p. 100 du total mondial des transactions. Les produits chimiques figurent pour 6 p. 100, les machines et les équipements de transport, pour 24 p. 100.

Depuis le début de ce siècle, on a assisté à une croissance progressive de la part des transactions sur biens manufacturés. Le tonnage des matières premières a beaucoup augmenté, mais leur part en valeur s’est trouvée réduite par une baisse souvent importante des cours.

Les services s’échangent moins facilement que les biens : il est fréquemment nécessaire que client et prestataire soient mis en présence, ce qui réduit considérablement les transactions internationales. Mais la règle n’est pas absolue : certains services sont « délocalisés », ceux de l’assurance, de la banque, par exemple. D’autres sont rendus à l’occasion des transports de marchandises.

L’essor du tourisme international, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a bouleversé les données en matière d’échanges internationaux de services : il ne s’agit plus d’un poste secondaire de la balance extérieure ; c’est même le premier dans certains pays. La plupart des publications statistiques s’en tiennent cependant à la distinction classique entre balance visible et balance invisible, si bien qu’il est difficile d’apprécier la part des transactions qui résultent d’activités tertiaires. Les redevances perçues pour des services de niveau supérieur (ceux que l’on dit parfois quaternaires), sous la forme de droits d’auteur, de licences, sont également mal distinguées dans la présentation de bien des comptes, où on les confond avec les mouvements de capitaux.


L’échange, le niveau de développement et les systèmes économiques

Il est commode, pour se faire une idée claire du rôle des différents pays en fonction de leur structure économique, de les classer en trois groupes : pays développés d’économie libérale, pays sous-développés, pays d’économie socialiste enfin.