Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

commensalisme

Association facultative mettant en relation deux espèces et de laquelle une des espèces — au moins — tire avantage, sans nuire à l’autre, notamment pour son alimentation.


Les relations liant entre elles les espèces animales ressortissent soit à la prédation ou au parasitisme —, dans lesquels une des espèces se nourrit et vit aux dépens de l’autre, soit à la symbiose, dans laquelle chacune des deux espèces est modifiée par l’association et incapable de vivre seule ; entre ces deux extrêmes se situe le champ du commensalisme, ou synœcie, avec tous les intermédiaires possibles et de fréquentes difficultés d’interprétation.


Phorésie et mutualisme

Étymologiquement sont commensaux deux êtres vivants se nourrissant à la même table ; mais le commensalisme ne concerne pas que le partage de la nourriture. La forme la plus fruste semble être la phorésie, une espèce animale mobile constituant le support d’une espèce animale sessile. C’est ainsi que des Hydraires, des Vers sédentaires ou des Balanes peuvent se fixer sur le tégument de Crustacés ou de Poissons. L’avantage est important pour l’espèce sessile, toujours microphage, car le transport par l’hôte en des lieux divers assure le renouvellement du milieu nourricier. La phorésie débouche parfois sur le mutualisme, quand l’espèce transportée est venimeuse et peut assurer la protection de son hôte. Le cas le plus classique est celui des Bernard l’Ermite, Crustacés qui abritent dans la coquille vide d’un Gastropode leur abdomen, tendre et déformé, et qui vivent souvent en association avec un Cnidaire. C’est ainsi qu’Eupagurus bernhardus vit associé à Sagartia parasitica, et Eupagurus prideauxi à Adamsia palliata.


Recherche d’un abri

Dans un second stade, le commensalisme correspond à la recherche, par une des espèces, d’un abri contre ses prédateurs, cet abri étant constitué par une espèce hôte qui tolère l’intrus. Ainsi, des Poissons vivent dans les canaux inhalants des Eponges ou dans la cavité palléale de gros Mollusques, ou encore entre les piquants des Oursins. Les associations de ce type les plus étonnantes sont celles qui lient les jeunes Merlans aux Physalies ou aux grandes Méduses pélagiques ; les Poissons se réfugient entre les filaments urticants ou sous la cavité ombrellaire de leur hôte et semblent n’être pas incommodés par les batteries de nématocystes fortement venimeux. Souvent même, c’est l’énorme Méduse qui devient la victime, quand ses protégés n’hésitent pas, le moment venu, à se nourrir de ses organes génitaux. En revanche, une association du même genre, celle qui lie aux Anémones de mer les Poissons-Clowns, ou Amphiprions, s’apparente au mutualisme, dans la mesure où le protégé, qui se réfugie au milieu des tentacules au moindre danger, attire souvent ses prédateurs au voisinage de l’Actinie, dont ils deviennent les proies, que les deux espèces se partagent.

L’abri recherché par les petits Poissons Fierasfer est l’intestin terminal des Holothuries. Cette association, ou inquilinisme, est fort proche du parasitisme, car le Poisson dévore souvent les organes arborescents de son hôte et passe dans la cavité générale.

Un cas de synœcie pris en son sens étymologique — « vivre dans la même maison » — est fourni par l’association d’un petit Gobie à une Crevette fouisseuse aveugle, Alpheus. La Crevette creuse et entretient le terrier, qu’elle partage avec le Poisson ; ce dernier s’y tient à l’affût et capture des proies dont il fait profiter son propriétaire.

Nous sommes ici fort près de la symbiose, car, si aucune des deux espèces n’est modifiée par l’association, il semble bien que cette dernière soit obligatoire.


Toilette

Une dernière forme de commensalisme particulièrement intéressante est la toilette, dans laquelle une espèce se nourrit en débarrassant une autre espèce de ses parasites externes. Les plus connus de ces nettoyeurs sont des Oiseaux, comme les Pique-Bœufs, qui débarrassent les Ruminants des larves d’Insectes vivant dans leur peau, ou le Pluvian du Nil, qui se nourrit des débris de nourriture restant dans la denture des Crocodiles. Les plus remarquables de ces nettoyeurs sont des Crevettes ou des Poissons des régions tropicales, qui « tiennent boutique » et sont visités par les Poissons parasités. Un cérémonial très strict permet aux nettoyeurs de pénétrer sans dommage dans les cavités buccale ou branchiale de leurs hôtes. Très vraisemblablement, les Poissons-Pilotes (Naucrates) et les Rémoras (Echeneis) sont les nettoyeurs des grands Squales, qu’ils accompagnent partout.

R. B.

 M. Caullery, le Parasitisme et la symbiose (Doin, 1950). / M. L. Bauchot et R. Bouchot, la Vie des Poissons (Stock, 1967).

commerçant

Celui qui accomplit des actes de commerce et en fait sa profession.



Définition juridique

Tout critère purement formel, comme l’inscription sur le rôle des patentes, ne peut être considéré comme caractéristique de la condition du commerçant. On pourra ne pas être inscrit à ce rôle et, en fait, être considéré comme commerçant, et, réciproquement, un individu pourra être patenté et ne pas être réellement commerçant. L’inscription sur la liste des électeurs au tribunal de commerce n’est pas davantage attributive de la qualité juridique de commerçant, cependant que l’inscription au registre du commerce ne crée qu’une présomption que l’inscrit est commerçant, présomption susceptible d’être l’objet de la preuve contraire.

Le commerçant, dit le Code de commerce, est « celui qui accomplit des actes de commerce et en fait sa profession habituelle ». Il ressort de cette définition, tout d’abord, que, pour être commerçant, il faut accomplir des actes qui, par nature, sont des actes de commerce, mais, par ailleurs, que ces actes soient accomplis d’une manière répétitive et dans le dessein de réaliser un profit.

La détermination des actes de commerce est capitale : elle entraîne en effet les rigueurs de la faillite* et la compétence des tribunaux de commerce, excluant l’intervention des juridictions civiles. Il s’agit donc là d’une distinction d’ordre public. La Cour de cassation juge souverainement de la « commercialité » des actes : l’énumération faite par le Code de 1807 ne contient guère d’idée générale, et un effort d’analyse juridique doit être tenté pour comprendre la nature profonde des actes de commerce.